Droits des femmes. Les Tunisiennes exigent l’égalité successorale

L’émancipation des femmes est l’oeuvre des femmes elles-mêmes!

— Par Rosa Moussaoui —

Plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi à Tunis pour exiger que soit inscrite dans la loi l’égalité entre hommes et femmes devant l’héritage.

Elles ont défilé de Bab Saadoun, à l’orée de la vieille ville, jusqu’au Bardo, sous les fenêtres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Plusieurs milliers de femmes ont manifesté samedi, à Tunis, pour exiger que l’égalité successorale soit inscrite dans la loi.

Jusqu’ici, en Tunisie, malgré l’adoption en 1956 du Code du statut personnel (CSP), le plus progressiste du monde arabe, la succession est toujours régie par un usage coranique qui prévoit que la part d’héritage dévolue à la femme représente la moitié, seulement, de la part de l’homme. L’égalité successorale est une vieille revendication du mouvement féministe tunisien et, depuis la fin des années 1990, elle fait l’objet d’âpres luttes. En 2005, l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et l’Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement (Afturd) lançaient une vase campagne pour mettre fin au privilège masculin dans la répartition de l’héritage. À cette occasion, une enquête révélait que l’égalité successorale se pratiquait dans de nombreuses familles, via des donations aux filles. Il s’agit donc aujourd’hui d’adapter la loi à des usages sociaux qui existent déjà, mais aussi, et surtout, de la mettre en conformité avec la Constitution tunisienne du 27 janvier 2014. Celle-ci affirme le caractère civil de l’État tunisien, dispose que les citoyens et citoyennes sont égaux en droits (article 21) et consacre l’engagement de l’État à protéger les droits des femmes, à les renforcer et à les développer (article 46).

Les mutations de la société tunisienne rendent ce changement social incontournable

En 2016, déjà, vingt-sept députés avaient déposé une proposition de loi instaurant l’égalité successorale. L’initiative avait déclenché l’ire des islamistes. « Nous n’avons jamais proposé d’initiatives concernant des sujets comme l’égalité de l’héritage ou le mariage homosexuel, car ce sont des sujets qui ne préoccupent pas les Tunisiens autant que la sécurité et le chômage », avait déclaré Noureddine Bhiri, le président du groupe parlementaire Ennahdha. Mais les mutations de la société tunisienne rendent ce changement social incontournable, et les islamistes tunisiens en sont conscients, qui observent aujourd’hui un silence prudent…

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