— Soutenus par la CGTM et l’UGTM —
Respect pour les travailleurs, Respect pour les populations impactées
Dans l’univers juridique français, on peut dire que l’ancien article 1134 du Code civil a longtemps été considéré comme la pierre angulaire du droit des contrats. Il était ainsi rédigé : Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi ».
Cet article énonçait les principes fondamentaux de l’engagement contractuel. Il a été abrogé et remplacé les deux articles suivants applicables depuis le 1er octobre 2016 :
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Article 1103 :« Les contrats légalement formés tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faits ».
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Article 1104 :« Les contrats doivent être négociés, formés et exécutés de bonne foi. Cette disposition est d’ordre public ».
Sur la page d’accueil du site internet de la SAUR, sous l’onglet « Ethique et conformité chez Saur », on peut lire ce qui suit : « Nous nous engageons à établir et à nouer des relations de con¸ance en interne et en externe. Depuis plus de cent ans, nous agissons en fonction de cet engagement. Guidés par nos six valeurs fondamentales – responsabilité, transparence, solidarité, sens du service, proximité et exemplarité – nous cherchons quotidiennement à dépasser les attentes et à nous responsabiliser à tout moment ».
Pourtant, tout cela ne les a pas empêchés de recourir à une manœuvre dolosive au sens de l’article 1137 du Code civil, c’est-à-dire à un stratagème lors de la signature d’un contrat. Dans ce cas, il s’agissait d’obtenir la signature d’un protocole de ¸n de grève le 15 décembre 2024 en introduisant dans ledit protocole la phrase suivante : « Les mêmes critères conditionneront la seconde partie de la prime de 1500€ brut des collaborateurs transférés de SME en août 2025 ». Or, dans le contrat signé le 24 octobre 2024, soit 52 jours plus tôt entre CAP NORD et SAUR Martinique, aucun critère ne ¸gurait. Les dirigeants de la SAUR le savaient. Un tel acte pourrait certainement faire l’objet de poursuites pénales.
Mais les dirigeants de la SAUR sont allés encore plus loin en cherchant à faire des élus de CAP NORD, et pas seulement eux, les complices de leurs pratiques. Ils ont en effet déclaré :
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« Nous avons, en concertation avec Cap Nord, convenu de la mise en place de cette prime, dont une partie est ¸xe et l’autre variable, cette dernière dépendant de l’avancement effectif de la mise en place des obligations/engagements contractuels » (Courriel du 31 juillet 2025 au personnel).
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« Cap Nord, les élus, la DEETS et les médias savent que nous avons respecté notre engagement quant à la prime » (Courriel du 9 août 2025 au personnel).
Voilà les raisons pour lesquelles nous sommes en grève depuis le 11 août 2025, c’est-àdire depuis plus d’un mois et demi : une multinationale refuse d’honorer sa signature, d’exécuter de bonne foi un contrat, mais également de respecter ses salariés qu’un directeur désigne d’ailleurs par l’expression « ces gens-là ».
Nous nous sommes déplacés aujourd’hui pour vous exprimer notre détermination a¸n d’obtenir que SAUR nous maintiennent nos salaires. En refusant d’honorer sa signature et donc son engagement de NOUS VERSER une « prime de bienvenue » dans les conditions mentionnées dans l’accord du 24 octobre 2024, elle nous a lésés, et ce en dépit des alertes que nous avions lancées. C’est bien ce qui nous a poussés par là même à la cessation collective du travail, c’est-à-dire la grève, pour obtenir son exécution loyale.
En effet, la Cour de cassation, dans deux arrêts, a clairement dé¸ni la responsabilité de l’employeur en raison des manquements à ses obligations, ainsi qu’aux conséquences de son attitude :
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« Mais attendu que le mouvement de grève ayant été notamment motivé par le non-paiement des heures supplémentaires et donc, à l’évidence, par un manquement grave et délibéré de l’employeur à ses obligations » (3 mai 2007, n° 05-44.776
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« Sur le deuxième moyen : Mais attendu que la cour d’appel, par motif propres et adoptés, a […] ainsi caractérisé un manquement grave et délibéré de l’employeur à ses obligations obligeant les salariés à faire grève pour faire respecter leurs droits essentiels ; (pourvois n° E 06-42.463 au n° U 06-42.476, Arrêt du 4 décembre 2007);
A vous, élu-e-s de CAP Nord, nous vous appelons à mesurer votre responsabilité dans
cette situation. C’est d’abord l’annonce plus que choquante passée par les dirigeants de la SAUR concernant le recrutement de personnel hors de Martinique pour occuper des emplois ici.
C’est ensuite les problèmes que ne cessent de dénoncer les milliers d’abonnés.
A la population privée d’eau depuis plusieurs jours, nous disons : oui, nous savons que cette situation est particulièrement pénible pour elle. Et nous, grévistes, avons les mêmes problèmes domestiques aussi.
Il est toujours trop facile de rendre les grévistes responsables. C’est la direction de la SAUR qui est responsable et qui prive d’eau aujourd’hui la population. Plus la population est solidaire de notre lutte, plus elle démontre que le combat des travailleurs est juste et exemplaire. Car demain, bien des membres de la population prendront exemple sur notre lutte pour se défendre face à un grand patronat qui n’a pas de parole.
Nous travailleurs de SAUR Martinique n’accepterons pas que nos droits soient bafoués a¸n de permettre à une minorité d’actionnaires de réaliser de conséquents béné¸ces sur notre dos.
Sainte-Marie, le 25 septembre 2025 Le Comité de grève