Danser : Au bout du souffle, de Hubert Petit-Phar et Delphine Cammal

Spectacle à Tropiques-Atrium, le samedi 6 février 2021, à 19h30

Au bout du souffle… : Explorer, par la danse, l’engagement total et son effet sur les corps.

Compagnie La Mangrove : Évoluant entre la Seine-Saint-Denis et la Guadeloupe, la compagnie propose en parallèle de ses créations des actions participatives à travers des projets territoriaux.

Site Parisart : La danse n’est-elle pas une façon de prendre position ? De s’engager par le corps dans le monde ? Avec Au bout du souffle… (2019), Hubert Petit-Phar et Delphine Cammal (Cie Mangrove) livrent une pièce autour de l’engagement. Création pour quatre danseurs — Ludovic Bibeyron, Jean-Sébastien Jacques, Octavia Miranda, Mickael Top —, Au bout du souffle… remonte le fil de l’héroïsme. En posant la question du sacrifice. Jean Moulin, Louis Delgrès, Spartacus, Benazir Bhutto, Ahmed Ben Bella, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Rosa Luxemburg… tous ont en commun d’être morts pour la société. D’avoir vécu en accord avec leurs principes ; d’avoir été tués pour cette raison. Pièce sobre, Au bout du Souffle… plonge dans cette énergie capable de dépasser la tétanie et partant d’une réflexion sur l’universalité des destins croisés de Louis Delgrès et Jean Moulin, interroge la position des corps en résistance.

De la contrainte à la libération, de la respiration au silence… Où le corps en résistance puise-t-il ses ressources ? Colonel guadeloupéen né libre de couleur, Louis Delgrès (1766-1802) s’est battu contre le rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte, en 1802. Il est acculé avec ses troupes, 300 soldats. Tous préfèrent se suicider plutôt que de se rendre. Préfet occitan, Jean Moulin (1899-1943) s’est quant à lui battu contre le régime nazi de Vichy, instauré en France par Adolf Hitler et le Maréchal Pétain en 1940. Nommé secrètement ministre par le Général De Gaulle en 1943, il est arrêté et assassiné quelques mois plus tard. Corps en résistance, aux prises avec la mort, comment se passent les derniers instants ? Le corps, la voix, le souffle… Mêlant différents types de danse, Au bout du souffle… explore ainsi cette zone de tension. Contemporain, Hip-hop, Krump : les corps bondissent, roulent, tressautent, convulsent… Et se ressaisissent.

Alternance de tensions et détentes, à plusieurs, à deux, en solo… La pièce  se pose à l’affût de l’urgence. Comme un essai sur les comportements humains face à l’engagement total et à la mort. Lutter contre l’esclavage, contre le fascisme, pour la liberté, pour la démocratie… Jusqu’où aller pour des convictions, pour renverser l’injustice ? Ne sont-ce pas souvent des militaires qui deviennent des héros ? Peut-être parce que leur entraînement physique a quelque chose à voir avec la maîtrise du corps, la résistance à la douleur, à la fatigue, à la peur. Danseurs, sportifs et militaires n’ont-ils pas cela en commun ? Mais comme art, la danse rend aussi visibles les intentions, les symboles qui poussent à l’action. Quand se battre ? À plusieurs ou seul, Au bout du souffle… plonge ainsi dans cette angoissante question pour lui donner des contours chorégraphiques. Danser, interroger l’énergie des corps en résistance…

 

Annulation de Répercussions, d’Ana Pérez : Hélas, la situation sanitaire nous prive de la deuxième partie du spectacle, la danseuse ne pouvant voyager. Nous ne verrons donc pas Répercussions (un titre aujourd’hui hélas prémonitoire…)

Surnommée « Perle noire du flamenco », Ana Pérez signe avec Répercussions l’histoire d’un corps en quête de vérité. Ce titre fait référence à l’impact de son passé et des choses vécues qui font écho aujourd’hui sur son présent. Du Cap Vert à l’Espagne en passant par les Antilles, la trajectoire d’Ana Pérez est riche en résonances et en répercussions. Un puzzle culturel qu’elle entreprend d’explorer avec, comme principal instrument, son pied frappant la scène, rythmant les souvenirs et jouant la musique de son intimité – des palmas latines lorgnant sur le trip-hop. Avec une grande technicité et un feu intérieur qui l’emmène dans un état proche de la transe, la danseuse, de formation flamenca, nourrit son approche toute contemporaine de réflexions sur la gestuelle, les rythmes et les sons : écho, choc, conséquence, effet, réverbération, suite, son, réflexion, rebondissement…

Ana Pérez : « Mes pas viennent du Flamenco, mon métissage me rappelle d’où je viens et mes goûts sont tout simplement le reflet de ma génération… Aujourd’hui ma danse n’appartient plus à un mouvement précis, et je ressens le besoin de me défaire des étiquettes réductrices. Me libérer pour me trouver enfin…  En créant mes spectacles, je m’autorise à explorer ces différentes cultures qui s’imposent à moi, pour faire jaillir un langage, le mien ».

 Patrick Servius (Rôle : Regards extérieurs pour le spectacle) : « Dans le face à face qui oppose lʼartiste et son public, se jouent et se rejouent nos histoires les plus intimes… Le travail artistique d’Ana Pérez est bâti sur cette conviction.

Assister à la danse d’Ana, cʼest être emporté dans un combat fondamental pour la vie… Une lutte, à corps perdu, à la conquête de sa propre existence ! »