Dans la solitude des champs de coton : au coeur du désir

— Par Michaël Bloch —

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Anne Alvaro et Audrey Bonnet au centre commercial de La Part-Dieu, à Lyon. (Christophe Raynaud de Lage.)

Anne Alvaro et Audrey Bonnet jouent les personnages de Koltès. Les premières représentations ont eu lieu dans un centre commercial.

« Un deal est un acte commercial (…) indépendamment des heures d’ouverture des lieux« . Et c’est bien de cela dont il s’est agi dans le centre commercial de la Part-Dieu, à Lyon, en soirée, du 13 au 23 mai dernier. Après la fermeture des magasins, deux personnages de fiction se sont rencontrés, ceux de la pièce de Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des champs de coton. Non seulement le metteur en scène Roland Auzet a eu l’idée de créer ce spectacle hors les murs du Théâtre des Célestins de Lyon, dans un centre commercial, mais il en a confié les rôles à deux femmes, et c’est une première. Deux audaces, et un pari réussi.

Patrice Chéreau a marqué de son empreinte le théâtre de Koltès, qu’il a fait découvrir, notamment Dans la solitude des champs de coton, créée au Théâtre des Amandiers de Nanterre en 1987. Un an plus tard, il avait repris, le rôle du dealer, avec Pascal Greggory. Leur interprétation à tous deux exacerbait la notion de désir au cœur de la pièce. Car il ne s’agit ici que de désir.

« Si vous marchez dehors, à cette heure et en ce lieu, c’est que vous voulez quelque chose que vous n’avez pas, et cette chose, moi, je peux vous la fournir. » Rien n’est précisément spécifié dans le texte de Koltès si ce n’est qu’un vendeur attend un client qu’il ne connaît pas et dont on ne sait pas ce qu’il recherche : de la drogue, de l’amour, une arme? Ils se tournent autour, se jaugent, se fuient et se rapprochent dans un jeu tantôt violent tantôt intime, dans une quête personnelle de l’autre et de soi-même….

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