Croquis. La grande lessive des primaires

— Par Hubert Huertas —
Sarkozy humilié ; Juppé stoppé ; Duflot écartée ; Hollande barré ; Valls dégagé. Fillon mal engagé. Les primaires ont tourné à l’insurrection. La séquence qui s’achève avec la victoire de Benoît Hamon est un séisme dans l’histoire de la Cinquième République.

On a beau être habitué aux aléas de la vie politique, ce qui vient de se passer en France est totalement inouï. En moins de cent jours, soixante-dix exactement depuis le 20 novembre 2016, sept à huit millions d’électeurs ont chassé toutes les têtes gouvernantes de leur pays, ou les ont contraintes au départ.

Souvenez-vous… Sarkozy, ancien président de la République, au sommet de l’édifice politique depuis vingt-cinq ou trente-cinq ans : sorti comme un pékin. Juppé, donné gagnant et futur président depuis au moins deux ans : renvoyé à Bordeaux. Hollande, de plus en plus impopulaire depuis son élection : contraint de s’en aller. Et maintenant Manuel Valls, le dauphin naturel, candidat évident en cas de retrait du président : licencié sans ménagement. Même Arnaud Montebourg ne dépareille pas dans cet anti-palmarès. L’homme emblématique de la fronde socialiste, au moins au plan médiatique, c’était lui et pas Hamon.

Il y a bien sûr des raisons « internes » à la victoire du député des Yvelines, mais s’en tenir au seul rapport de force des candidats socialistes entre eux ne rendrait pas compte de l’importance de ce qui s’est passé hier soir.

Bien sûr, la défaite de Manuel Valls prend sa source dans une faute stratégique qui remonte aux trois années qu’il vient de passer à Matignon, donc sous les projecteurs. Manuel Valls a passé le plus clair de son temps à vouloir rompre avec une aile active et historique de son parti, l’aile gauche, pour mener au dernier moment une campagne de trois semaines sur le thème du rassemblement. Son projet était donc de s’asseoir sur la branche qu’il avait préalablement sciée.

Ce dimanche soir encore, juste après sa défaite, il a mis en avant sa « profonde loyauté », mais ce quinquennat aux antipodes de la campagne de 2012 a-t-il été profondément loyal ?
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