Covid-19 : pourquoi la vigilance est de mise en Guyane, touchée par le variant identifié au Brésil

Ce variant représente désormais plus de 80% des contaminations dans cette région française d’outre-mer, qui partage 730 km de frontière avec le Brésil.

Des regards inquiets se tournent désormais vers la Guyane. Dans cette région française d’Amérique du Sud, plus de 80% des contaminations sont désormais dues au variant P.1 du Covid-19, identifié au Brésil et jugé particulièrement contagieux. Un constat qui a poussé le gouvernement français à annoncer, jeudi 15 avril, des tests antigéniques systématiques pour tous les voyageurs en provenance de Guyane. Faut-il s’alarmer ? Franceinfo fait le point.

>> Suivez les dernières informations sur la pandémie de Covid-19 dans notre direct

La circulation du virus y est en hausse

Le constat est acté depuis début avril. « La circulation du virus responsable de la Covid-19 est en augmentation depuis quatre semaines » en Guyane, écrivait le 8 avril l’agence Santé publique France dans son bulletin épidémiologique. hebdomadaire. « Cette hausse concerne majoritairement l’Ile de Cayenne et le secteur des Savanes. La situation est calme dans les autres secteurs. Cette nouvelle hausse est à relier avec la hausse de la circulation des variants, qui se poursuit également. Le variant (P.1, identifié au Brésil) est majoritaire parmi les souches circulant en Guyane ».

Cette courbe extraite du site Covid Tracker illustre la montée du nombre de cas dépistés positifs au Covid-19 depuis mars.

La courbe des cas positifs en Guyane établie par le site Covid Tracker de Guillaume Rozier, avec les données publiques de l’agence sanitaire Santé Publique France. (COVID TRACKER / GUILLAUME ROZIER

« Aujourd’hui, la très grande majorité des contaminations sont dues au variant brésilien, qui a jusqu’alors peu circulé en Guyane », constatait également mardi l’Agence régionale de Santé. D’où la mise en garde de sa directrice, Clara de Bort, sur Twitter : « La troisième vague qui démarre risque d’être bien plus forte que la deuxième, vigilance ! » Mercredi, 77 cas positifs avaient été dépistés sur 952 tests, et 28 hospitalisations étaient en cours, selon l’ARS de Guyane, pour une population de 300 000 habitants.

Toujours selon le site Covid Tracker, le taux de reproduction (nombre de personnes infectées en moyenne par une autre personne, sur une période de sept jours) est relativement élevé, à 1,56. Enfin, le taux d’incidence est de 141 cas pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours. Un chiffre qui reste très en deçà du taux d’incidence en métropole (actuellement de 344), mais qui est en très forte hausse (il a doublé en une semaine).

Plan blanc, couvre-feu et hôpitaux en tension

Interrogé le mercredi 14 avril par franceinfo, le préfet de Guyane, Thierry Queffelec, a récapitulé les mesures prises pour freiner l’épidémie dans le territoire ultramarin. « Depuis une dizaine de jours, explique-t-il, nous avons mis en place un couvre-feu à 19 heures. Aujourd’hui même on déclenche un plan blanc à Cayenne. Les autres hôpitaux à Kourou et Saint-Laurent-du-Maroni passent dans le niveau hôpital en tension ».

« On se prépare pour une vague qui devrait arriver dans une dizaine à une quinzaine de jours. Cela fait près de trois semaines que l’on parle d’une troisième vague à l’opinion publique qui se prépare et accepte l’ensemble des couvre-feux. »

Thierry Queffelec, préfet de Guyaneà franceinfo

Il a également annoncé que la Guyane travaillait à « la planification d’un deuxième vaccinodrome ». « On n’a que du vaccin Pfizer, a-t-il précisé. Nous avons 6% de la population qui a été piquée au moins une fois, 3% est totalement vaccinée ». Il souligne aussi que 17 000 cas ont été recensés depuis le début de l’épidémie, « ce qui veut dire que 12% de la population a une séroprévalence ».

Même si on ne peut pas dire qu’elle est « totalement étanche », la frontière est fermée avec le Brésil, rappelle également le préfet, « avec des effectifs qui patrouillent le long de l’Oyapoc », le fleuve qui marque la frontière entre le Brésil et la France en Guyane. Enfin, « par précaution », les tests antigéniques ont été systématisés pour les voyageurs en provenance de Guyane à l’arrivée à l’aéroport à Paris, selon le ministère de l’Intérieur.

Source : Francetvinfo