Covid-19 : où se contamine-t-on le plus ?

Dans une étude publiée vendredi 26 novembre, l’Institut Pasteur souligne que les soirées à domicile, dans des bars ou en discothèque sont le plus à risque.

Quels sont les lieux à éviter en raison d’un risque de contamination au Covid-19 plus important ? Alors que la situation sanitaire se dégrade en France, une nouvelle étude, parue dans The Lancet Regional Health vendredi 26 novembre et menée par l’Institut Pasteur, apporte des réponses. Les travaux portent sur la période du 23 mai au 13 août, qui correspond à la réouverture progressive des lieux publics après le troisième confinement et à l’apparition du variant Delta sur le territoire.

Sans surprise, les endroits les plus risqués pour la contamination étaient les lieux clos mal aérés : soirées pour regarder les matchs de l’Euro de football (à domicile ou dans des bars), discothèques ou, dans une moindre mesure, transports (ce qui n’était pas le cas avec les précédents variants, sans doute parce que Delta est plus transmissible).

+ 350 % de risque lorsque la personne a participé à une fête

Ainsi, une personne âgée de moins de 40 ans qui a fréquenté un bar avait 90 % de chances supplémentaires qu’une autre d’être infectée, rapporte Le Parisien. Un « sur-risque » qui monte à 350 % lorsque la personne a participé à une fête. Les contaminations avaient par ailleurs bondi en juillet chez les jeunes adultes : + 790 % chez les moins de 40 ans et + 270 % chez les adultes plus âgés en discothèque, « malgré le fait que l’entrée est limitée aux personnes ayant un pass sanitaire », indique l’étude.

Les transports en commun présentent, quant à eux, un risque accru de contamination, contrairement à ce que l’étude précédente menée à l’automne 2020 démontrait. + 20 % de risque dans le métro, 30 % dans un train longue distante, 30 % dans une voiture avec des proches ou des amis et 70 % dans un avion, rapportent nos confrères du Parisien.

Aucun sur-risque mis en évidence à cette période pour les restaurants

« La conséquence pratique, c’est de rappeler l’importance de l’aération et du port du masque », indique à l’AFP le responsable de l’étude, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet. C’est d’autant plus vrai que l’Europe vit actuellement un « redécollage épidémique synchrone avec une vague de froid » qui pousse les gens à rester en intérieur, qui sont donc davantage exposés au risque, ajoute-t-il.

Aucun sur-risque n’a été mis en évidence à cette période pour les restaurants, qui ont rouvert le 19 mai en extérieur et le 9 juin en intérieur. C’est « probablement parce qu’on était en plein été et qu’on pouvait largement ouvrir les fenêtres et mettre les gens en terrasse », note le Pr Fontanet. Largement documentée dans de nombreuses études, l’augmentation du risque dans les endroits mal ventilés vient du fait que le Sars-CoV-2 se transmet massivement via les aérosols, ces nuages de particules que nous émettons lorsque nous respirons (et plus encore lorsque nous parlons, crions ou chantons).

Malgré cela, l’importance de l’aération (qui disperse ces nuages, comme de la fumée de cigarette) n’est pas toujours bien comprise par le grand public. « On n’a pas été assez clairs sur l’aération, nous les scientifiques », admet le Pr Fontanet, membre du conseil scientifique qui guide le gouvernement français. « Rien qu’une porte ouverte en intérieur sur un couloir, dans une salle de classe par exemple, c’est déjà quelque chose, même si c’est mieux d’ouvrir une fenêtre », insiste-t-il.

La présence d’enfants dans l’entourage est associée à un sur-risque d’infection

En plus du rappel de vaccin, le gouvernement français a d’ailleurs mis l’accent sur les gestes barrières jeudi en annonçant de nouvelles mesures de lutte contre la cinquième vague. Ainsi, le masque est de nouveau obligatoire en France dans les lieux intérieurs recevant du public, y compris là où le pass sanitaire est réclamé (restaurants, cinémas, discothèques…). Dans les lieux clos et mal aérés, certains professionnels encouragent à porter des masques FFP2, plus protecteurs car plus couvrants et plus filtrants, plutôt que les simples masques chirurgicaux. « Pour moi, quand vous êtes dans des situations à très haut risque, mettre un FFP2, c’est du bon sens », commente le Pr Fontanet.

Par ailleurs, l’étude ComCor montre que la présence d’enfants dans l’entourage est également associée à un sur-risque d’infection chez les plus de 40 ans, allant de + 30 % quand l’enfant est un collégien à + 90 % quand il a moins de 3 ans. « Cela montre qu’il est important de garder toutes les mesures à l’école, aération et masques », selon le Pr Fontanet.

Le volet de l’étude ComCor se base sur les données de 12 634 personnes testées positives entre le 23 mai et le 13 août, et 5 560 personnes-témoins non infectées. Toutes les personnes ont répondu à un questionnaire détaillé pour déterminer le risque de contamination selon les lieux fréquentés.

Source : AFP / Le Point