Coronavirus : les Américains sans couverture santé dans l’impasse

27,5 millions de personnes ne bénéficient d’aucun remboursement de frais de santé aux États-Unis. En pleine crise du coronavirus, les défaillances du système pourraient être exacerbées.

Aux États-Unis, la couverture santé est loin d’être un droit acquis pour tous les Américains. Ils sont 27,5 millions aujourd’hui à ne bénéficier d’aucun remboursement de frais de santé, dans un pays où le coût moyen des soins est de loin le plus élevé au monde. En pleine crise du coronavirus, les défaillances du système pourraient être exacerbées.

Les experts en santé publique s’inquiètent souvent plutôt de la propagation de pandémies dans des pays en développement ou sous-développés, où le système de santé est généralement insuffisant pour faire face. Mais des épidémiologistes considèrent les États-Unis comme un pays à part parmi les nations développées, où le risque de propagation est accru par une série de facteurs spécifiques.
Plusieurs facteurs

Outre les Américains non assurés médicalement, il faut prendre en compte « les gens qui ont peur d’aller à l’hôpital pour des questions d’immigration », craignant d’être interpellés puis expulsés, explique Brandon Brown, épidémiologiste à l’université de Californie à Riverside. « Il est possible que la propagation, si elle se poursuit, souligne les disparités en matière d’accès aux soins, que nous connaissons déjà mais que nous n’avons pas réussi à réduire », souligne Brian Garibaldi, directeur médical de l’unité de confinement biologique de l’université Johns-Hopkins.

Une loi votée en 1986 par le Congrès américain garantit la prise en charge d’un malade aux urgences, même si l’hôpital ne peut avoir la preuve qu’il est solvable. Mais cela n’empêchera pas le patient de se voir réclamer le paiement des soins par la suite. « Donc on doit vraiment être très vigilant sur les coûts dans chaque situation », explique Abigail Hansmeyer, qui vit dans le Minnesota et n’a pas de couverture médicale.
Les arrêts maladie mal vus

À cela s’ajoute la culture américaine du travail à tout prix, où les arrêts maladie sont souvent mal vus et où tous les États n’interdisent pas à l’employeur de licencier un salarié malade. Une philosophie qui pourrait se trouver en contradiction avec l’incitation à l’auto-confinement des autorités américaines, notamment du Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui suggère aux malades de rester chez eux si les symptômes ne nécessitent pas l’hospitalisation.

« Beaucoup de gens, selon leur emploi, leur statut, ne peuvent pas faire ça », prévient Brandon Brown au sujet des mesures d’auto-confinement, car menacés par une perte de revenus ou un licenciement. Même si de nombreux États américains ont adopté des textes en ce sens, les États-Unis sont, en effet, le seul pays développé à ne pas avoir inscrit dans la loi au niveau national le congé maladie avec maintien de salaire…

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