Contribution du CNCP : questions et réponses sur la crise du Covid

(Editorial et Billet de Jik An Bout N° 187)

Les mesures annoncées par le gouvernement français et son Préfet ont résonné comme une insulte à l’égard du Peuple Martiniquais. Balayant d’un revers de main les revendications portées par des milliers de manifestants, en particulier par les personnels de santé, méprisant superbement la motion votée par l’Assemblée Territoriale de Martinique qui exigeait légitimement d’être associée à la gestion de la crise, les autorités françaises entendent rappeler qu’elles sont les seules à décider dans la colonie. Mais nous le savions déjà, comme nous savons aussi que c’est sur nous-mêmes que nous devons compter pour résoudre nos problèmes. Ainsi, en ce qui concerne l’actuelle crise sanitaire liée au Covid, nous devons poser les bonnes questions et y porter, nous-mêmes, des réponses réfléchies et responsables.

* Faut-il sous-estimer la gravité de la situation ou se laisser aveugler par la panique?

Il serait aussi irresponsable de sous-estimer la situation que de paniquer. La situation est extrêmement grave parce que, comme tous les scientifiques le savent, l’humanité sera de plus en plus confrontée à des milliers de virus mutants et que, s’engager dans une course à la découverte de vaccins ne suffira jamais à résoudre ce problème crucial. Accepterons-nous, alors, d’avoir à perpétuité, pour seuls horizons, l’assignation à résidence, les confinements, les couvre-feu et les amendes? Il faut comprendre qu’il s’agit d’un problème effectivement grave et qu’il y a urgence à se mobiliser pour porter les solutions adéquates. Cependant, il ne sagit pas de céder à la panique, car cela conduirait à se laisser embobiner par la propagande du gouvernement dont l’objectif est d’alimenter la division au sein de la population pour continuer à servir les intérêts des grandes entreprises capitalistes et en particulier ceux des multinationales pharmaceutiques. Dans de telles conditions, il serait impossible de surmonter la crise. Sonjé sé tjè soté mangous ki fè yo pran piti-y!

* La gestion de la crise sanitaire par les autorités françaises est-elle scientifique et efficace? Peut-elle déboucher sur une sortie de crise?

Interdire le masque, pour l’imposer après, autoriser la fréquentation des grandes surfaces et asphixier en même temps de petites entreprises arbitrairement qualifiées de “non-essentielles”, limiter la possibilité de marcher en pleine nature ou de bénéficier du soleil sur les plages au prétexte que cela favoriserait obligatoirement la propagation du virus, etc, toutes ces mesures chaotiques, imposées par le représentant de l’état français dans notre pays, relèvent de la basse politique. Les réponses portées par les autorités françaises à un problème majeur de santé publique ont cyniquement ignoré les alertes lancées par les scientifiques et les spécialistes. Des sociologues et des psychologues avaient déjà indiqué que les mesures de confinement favoriseraient l’explosion des dépressions, des suicides, des violences domestiques. Les professionnels de la santé avaient déjà alerté quant aux conséquences dramatiques des déprogrammations d’interventions concernant les autres maladies et au reflux des consultations que les mesures gouvernementales impliquaient. Les autorités n’ont pas pris en compte ces données là, parce que leur objectif était d’instrumentaliser la crise à des fins politiques. La propagation du virus n’aurait pas été si importante, si les autorités françaises ne s’étaient pas contentées d’assigner à résidence les “cas détectés” et si, immédiatement des directives avaient été données pour que chacun soit soigné sous le contrôle de son médecin traitant. La propagation du virus aurait été sensiblement freinée si “quoi qu’il en coûte” la désinfection massive des lieux publics avait été systématiquement organisée. La propagation du virus a été favorisée par les autorités françaises en Martinique (qui compte

360.000 habitants) quand elles ont permis l’entrée sur notre territoire de centaines de milliers de touristes, au moment même où elles nous intimaient l’ordre de ne pas visiter nos aînés. Quand, le 29 février 2020, au tout début de la crise, des militants.e.s se sont mobilisés contre le passage massif de touristes porteurs du virus, ils ont été violemment réprimés et criminalisés. Cette gestion calamiteuses de la crise s’explique, non pas par l’ignorance des enjeux par le gouvernement français et son administration, mais par leur priorité politique de garantir la survie du système capitaliste et colonial.

* Comment expliquer la “surchauffe” des hôpitaux? Qui en est responsable?

Nous avons là une parfaite illustration du fait que les justes solutions ne viendront jamais des autorités françaises. Une débauche de propagande cherche à culpabiliser notre Peuple en prétendant que c’est son absence de civisme et de responsabilité qui explique la “surchauffe des hôpitaux”. Quel cynisme! Les seuls responsables de cette situation, ce sont les gouvernements français et leurs administrations qui ont imposé une politique libérale scélérate dans le secteur de la santé. Les Hôpitaux devaient être gérés comme des entreprises capitalistes. C’est ce qui a conduit à la suppression des lits, à la réduction du personnel, au remplacement des titulaires par des vacataires. Toutes ces dernières décennies, les personnels de santé, toutes catégories confondues, se sont mobilisés contre le saccage des services de santé publique. Les gouvernements, adeptes du libéralisme, ont refusé de prendre en compte leurs revendications. Aujourd’hui, on exige d’eux qu’ils sacrifient davantage encore leur famille, leur santé physique et mentale, en supprimant leurs congés. Leurs droits humains les plus élémentaires sont bafoués: Les responsables du drame criminalisent ceux qui refusent le diktat d’une vaccination aussi hasardeuse qu’obligatoire. Tôt ou tard, il faudra que les véritables coupables rendent des comptes!

* Le régime Macron, le gouverneur BBR et l’ARS sont-ils sincèrement motivés par la défense de la santé et de la survie du Peuple Martiniquais?

Ce serait faire preuve d’une grande naïveté de le croire! Depuis une cinquantaine d’années, notre Peuple est confronté au scandale de l’empoisonnement par les pesticides. Le crime a été commis en toute conscience pour servir les intérêts des grands planteurs de banane et assurer l’arrivée de desserts dans la métropole coloniale. Maintenant que les victimes exigent réparation, la justice française “égare” des dossiers, des prescriptions sont annoncée, des militants et militantes qui exigent justice sont violemment réprimé.e.s et traînés devant les tribunaux. Les autorités françaises et leur administration affichent toujours leur complaisance avec les grands propriétaires. Pourquoi donc ne font il pas une campagne conséquente pour inciter au dépistage des pesticides dans le sang (du style de ce qui est fait pour l’opération JAFA ou pour pousser la masse à aller consommer leur vaccin)? Et surtout, pas question pour elles d’imposer que les maîtres d’habitation permettent aux salariés d’aller se faire dépister sur le temps de travail! Pire, alors que des centaines d’ouvriers et d’ouvrières sont décimé.e.s par les cancers, que leurs enfants souffrent de malformations cardiaques ou d’endométriose, on évoque des questions budgétaires pour freiner les dépistages et on ne satisfait pas la revendication des victimes qui réclament la mise sur pied d’une unité de soins spécialisée, ce qui devrait être fait dans une extrême urgence.

* Les opposants à la vaccination obligatoire sont-ils des irresponsables ou des obscurantistes opposés à la science?

Sachant leur politique injustifiable du point de vue scientifique, les autorités françaises ont choisi de tout faire pour discréditer ceux qui s’y opposent. Nous avons déjà dit que les médias aux ordres ont organisé un black out sur les publications d’experts tout-à-fait crédibles qui dénoncent l’incohérence des mesures imposées. A cela s’ajoute des campagnes de désinformation contre ceux qui osent mettre en doute leurs affirmations. Ainsi, ceux-ci sont accusés d’être « contre la science»! Ce n’est pas parce qu’un gouvernement la clame, avec l’appui de personnes intervenant dans la santé (souvent concernés par des conflits d’intérêts), qu’une affirmation devient vérité scientifique. Le médicament tueur MEDIATOR n’avait-il pas reçu l’aval des autorités sanitaires, n’avait-il pas été vendu en pharmacie et prescrit indûment par des centaines de médecins. Il n’est pas inutile de rappeler que dans l’histoire de la médecine occidentale, nombreux sont ceux qui ont été persécutés pour avoir pris le contre-pied des «vérités» imposées par les autorités soi-disant savantes de leur époque. Ce sont pourtant eux qui faisaient avancer la science.

Refuser des vaccins, toujours au stade expérimental, prôner le principe de précaution est loin d’être une défiance par rapport à «la science»!

Il est une question que les médias évitent scrupuleusement d’aborder c’est celle de la réponse vaccinale en tant que telle. Oui, la vaccination contre la variole, le choléra ou autres maladies ont été des avancées scientifiques! Mais, il est autant scientifique de tirer les leçons de l’affaiblissement de l’auto-immunité provoqué par l’innoculation abusive de vaccins. Beaucoup de chercheurs ont déjà fait le parallèle avec l’usage massif des engrais qui a eu pour conséquence de tuer toute possibilité de régénération des sols sur lesquels ils avaient été épandus.

* Les vaccins innoculés sont-ils fiables?

En vérité, personne n’est capable de porter des réponses certaines que permettrait un recul suffisant! Combien de temps agissent les anti-corps après chaque injection? Faut-il une troisième dose? Quels effets sur les variants? Quels effets à long terme peut-on attendre des vaccins avec ARN messager? Ceux qui refusent de se faire vacciner sans avoir de réponse à ces questions là sont dans leur bon droit. Nous vous invitons tous et toutes à lire le courrier du Dr Jean-François LESGARDS adressé aux sénateurs et sénatrices de France, dans lequel il expose de façon claire et…scientifique les problématiques relatives à la maladie du COVID et à la vaccination. (https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/lettre-dinformation­lattention-des-senatrices-et-senateurs-lesgards) Respectant le choix de chacun et de chacune de se faire vacciner ou pas, nous devons nous unir pour défendre notre droit commun à la liberté et à la vie face aux criminels qui les sacrifient sur l’autel de leurs intérêts. La pire des choses serait que nous tombions dans le piège de la division tendu par le gouvernement pour qu’il puisse conserver l’initiative et continuer à imposer ses diktats.

* Que penser des chiffres catastrophiques agités pour effrayer la population?

Il est manifeste que le gouvernement français à travers des médias dociles organise une campagne anxiogène pour pousser la population à accepter ses diktats. Les chiffres sont instrumentalisés et le vocabulaire choisi pour semer l’effroi. Pour ramener les choses à leur juste proportion, il faut rappeler que, si depuis son début, la pandémie de COVID a fait 4,2 millions de morts sur l’ensemble de la planète, I,2 millions de personnes meurent chaque année à cause du paludisme et 7 millions à cause du tabagisme actif. l’écrasante majorité des personnes porteuses du virus sont asymptomatiques et le Dr. Lesgards indique, dans sa lettre citée plus haut, que la létalité (la mortalité chez les gens qui contractent le virus) moyenne dans le monde est situé entre 0.5 et 1% contre 0.1% pour la grippe. Quand au nombre de décès liés au coronavirus, il concerne en grande partie des personnes en état de comorbidité et, surtout, des gens qui n’ont pas été soignés comme cela se devait quand ils ont été affectés. On revient là à la question des choix de politique sanitaire et de gestion capitalistique des établissement de santé.

* Qu’est-ce qui se cache derrière le matraquage publicitaire et les mesures dictatoriales visant à imposer la vaccination à tous?

Il s’agit surtout pour les multinationales et les gouvernements qui les représentent:

1-D’abord, sur le court terme, de garantir aux multinationales de juteuses rentrées financières. (aides à la recherche très vite accordées à des entreprises privées dont la puissance financières est pourtant immense; pré-commande avec des clauses de confidentialité sur des prix qui, par ailleurs, augmentent scandaleusement; suppression du remboursement des test pour pousser à la vaccination; obligation vaccinale, etc.) 2-Plus fondamentalement, de profiter du prétexte de la crise sanitaire pour mettre la population totalement sous contrôle afin de sauver et de restructurer leur système qui était sérieusement secoué par la montée en puissance des luttes populaires de par le monde. Les différentes mesures prises, prétendument pour combattre la pandémie, permettent avant tout de consolider la mainmise des multinationales sur tout le tissu économique (élimination des petites et moyennes entreprises, généralisation du télétravail, etc.)

* Quel rapport y-a-t-il entre, d’une part, ceux qui se battent contre les mesures dictatoriales du gouvernement colonialiste français et, d’autre part, ceux qui brûlent les poubelles et pillent les commerces?

Afin de discréditer ceux qui se battent contre leurs mesures dictatoriales, les autorités françaises tentent abusivement d’établir un lien avec les actions violentes menées contre des biens personnels et des pillage de commerce. Il est absolument évident pour toutes les personnes honnêtes que les collectifs et syndicats qui appellent à manifester ne sont à l’origine d’aucune violence. Il est aussi connu que, dans tous les pays du monde, des éléments incontrôlés profitent des mobilisations pour donner libre cours à leur violence ou à leur banditisme. Parfois même, il s’agit de provocateurs utilisés pour justifier la répression. Mais au-delà de ces généralités, il s’agit de comprendre que, dans une société colonisée comme la nôtre, c’est la violence vécue au quotidien par la population qui génère la déchéance d’une frange de la population. Injustices, inégalités, difficulté d’accès au logement, absence d’instruction, impossibilité de disposer des moyens d’une vie digne sont le terreau sur lequel germent les toxicomanies et les délinquances qui s’en suivent. Et puis, il y a cette violence quotidienne qui semble ne pas émouvoir beaucoup et que bien peu appellent à condamner: celle qui s’exprime dans l’arrogance des «forces de l’ordre» et des autorités non-martiniquaises qui dirigent toutes les administrations, dans le suprématisme des maîtres de la caste béké, dans le racisme de bon nombre des dits «expatriés». Aussi laissons-nous les condamnations aux bien-pensants et préférons-nous lancer un appel pressant à nos frères, sœurs, fils et filles qui se fourvoient: Arrêtez de vous auto-détruire! Cessez de vous en prendre à vos compatriotes qui se battent pour faire survivre leurs familles! Rangez-vous au côté de votre Peuple pour combattre ses ennemis et construire, unis, un avenir pacifié dans lequel vous aurez droit à l’épanouissement!

* Comment pourrons-nous vraiment surmonter la crise?

C’est seulement en s’appuyant sur la mobilisation consciente et éclairée de notre peuple que nous serons capables de surmonter la crise sanitaire actuelle et, au-delà, tous les défis majeurs qui s’annoncent à l’horizon. Il s’agit pour nous de porter des réponses alternatives en dissidence avec celles imposées par le système. Cela implique le rejet de toute forme d’aliénation, en particulier la remise en cause la conception occidentale de la médecine. Il nous appartient de relancer des pratiques s’appuyant sur la prévention, sur les enseignements de la médecine populaire. Il s’agit encore de retrouver une alimentation et une hygiène de vie saines. La mobilisation reste indispensable pour imposer à l’état le respect de nos libertés fondamentales et la prise en compte de nos revendications. Mais l’essentiel est que nous rassemblions toutes nos énergies pour prendre le contrôle de notre destinée et systématiser les pratiques alternatives.

Annou pran lanmen*1

«L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse»! Voici un proverbe africain qui illustre bien la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Le tapage médiatique organisé par les médias aux ordres des gouvernements libéraux et leurs multinationales commanditaires, l’éclatement des LBD, des grenades de désencerclement, ne sont autres que le bruit tonitruant d’un système arrivé en bout de course et qui a commencé à se fracturer. L’arbre géant qui empêchait aux autres de croître chancelle. Mais, dans le silence, parce que les médias en étouffent les moindres échos, la forêt des résistances pousse et, dans notre pays comme sur toute la planète, les germes vigoureux des mouvements populaires annoncent une véritable Révolution qui bouleversera le monde davantage que ne l’ont fait la Révolution industrielle ou la Révolution Numérique.

Tant dans notre pays qu’à l’échelle planétaire, nous sommes à l’heure d’un tournant décisif. Tous les projecteurs sont braqués sur la pandémie de COVID, mais il pèse sur le monde des menaces autrement plus graves. La survie même de notre planète et de l’humanité est en jeu. Jour après jour, des sécheresses, des méga-incendies, des inondations d’ampleur inconnue et de gigantesques glissements de terrain viennent rappeler les effets dévastateurs du changement climatique. Cette année encore le «jour du dépassement»*2 a reculé. La politique ultralibérale barbare menée les puissances occidentales pour continuer à garantir, à tout prix, un haut niveau de dividendes aux actionnaires, fracture leurs propres sociétés, créant les conditions d’un profond chaos économique et d’une débâcle financière irréversible. Voyant leur hégémonie sérieusement menacée par les puissances rivales, les occidentaux fascisent partout leurs régimes politiques *3 et se préparent à un conflit militaire majeur.

Quand nous rappelons ce contexte général, ce n’est pas pour faire du catastrophisme et clamer que «lé dènyé tan rivé»*4. C’est, au contraire, pour lancer l’alerte et que nous empruntions urgemment le chemin de l’alternative possible. Nous sommes le dos au mur mais face à l’horizon, car le monde se prépare à accoucher d’une autre société

Nou pa mèt kay nou!

Notre pays, nous le savons, est particulièrement vulnérable. Nous vivons dans une zone soumise aux aléas sismique et volcanique, dans une région appelée à subir de plein fouet les catastrophes dues au changement climatique, sur une île qui devra affronter de plus en plus l’érosion des côtes et l’élévation du niveau des mers. Le plus grave, c’est que, du fait de la domination coloniale que nous subissons, nous sommes prisonniers d’une dangereuse situation de dépendance totale, en particulier sur le plan alimentaire. Nous n’avons pas le pouvoir politique de décider de ce qui est bon pour nous et de mettre nos choix en application. Au bout du compte, la situation se dégrade année après année. S’il en était besoin, la crise sanitaire actuelle nous montre de façon criante les limites du cadre statutaire néo-colonial et la nocivité des politiques qui nous sont imposés par la France et l’Union Européenne.

La réalité, nous l’avons, nous-mêmes, maintes fois décrite à travers nos déclaration orales ou écrites. Mais lors des dernières élections à la CTM, nous avons bien constaté que tous les candidats, sans exception, ont déploré le délabrement de l’économie, le taux astronomique du chômage, le départ des jeunes, etc. Cependant, combien d’élus et de partis politiques ont le courage de reconnaître clairement que nous n’avons aucune chance de résoudre nos problèmes en restant sous le carcan de la domination coloniale et de l’ultralibéralisme économique?

Les autorités françaises se sont toujours moquées royalement des intérêts de notre pays et de notre Peuple. C’est volontairement qu’elles paralysent notre «développement». «Pas un fer, pas un clou qui ne vienne de la métropole!» disent tous les Colbert qui nous colonisent. Le verrouillage est total: maintien des cadres martiniquais au bas de l’échelle, politique discriminatoire des banques, sabotage des coopératives dès qu’elles prennent de l’ampleur et, évidemment, politique de concurrence déloyale, pour ne pas dire mafieuse, de la caste dominante *5 .

Seuls peuvent se satisfaire d’une telle situation le pouvoir colonial, les maîtres de la caste dominante, les collabos et quelques profiteurs.

Pourtant, nous pouvons construire un mieux-vivre

Les contradictions qui minent les pays impérialiste, ainsi que l’instabilité provoquée par les tentatives faites par le système pour se réinventer, ouvrent une fenêtre de tir idéale pour ceux qui veulent renverser celui-ci. La situation est plus qu’opportune. Sur tous les continents les luttes populaires contre l’ultralibéralisme et les inégalités sociales, contre la répression et la corruption déferlent et ne peuvent plus être endiguées par les gouvernements mercenaires des multinationales*6. En dépit de tous leurs travers, les réseaux sociaux permettent de déjouer les censures, de mener efficacement la guerre contre les manipulations médiatiques et d’accompagner les mobilisations; ce qui se traduit par une élévation notable du niveau de conscience des populations. En ce qui nous concerne, nous devons prendre particulièrement en compte les conséquences du déclin que connaît l’impérialisme français dans le monde. Conscient, par exemple, de la fin de son règne dans le pré-carré de la Françafrique, il cherchera à s’accrocher par les pires moyens à ses dernières colonies directes. C’est, entre autre, ce qu’indiquent l’accélération du processus de génocide par substitution, et la répression rageuse des militants et militantes de la cause nationale auxquelles nous assistons. Autant dire qu’il ne s’agit pas de sous-estimer la dangerosité et la perversité de l’ennemi, mais plutôt de nous préparer à l’affronter. De toute façon, l’alternative est claire: lutter ou disparaître! En tout cas, nous devons réaliser, qu’aujourd’hui, nous avons une opportunité exceptionnelle de faire un pas de géant dans la marche de notre Peuple vers l’émancipation et pour contribuer au progrès de l’humanité.

Annou fè kod yanm maré yanm*7

Les mesures prises par le gouvernement et le préfet BBR, soi-disant pour surmonter la crise sanitaire, ont un double objectif: 1) renforcer la fascisation de la société et 2) détruire ce qu’il reste de tissu économique endogène. Nous pouvons et devons les prendre au piège de leur propre stratégie.

-Ils veulent nous imposer l’utilisation d’un «pass» pour contrôler nos allées et venues, pour nous orienter vers les lieux de consommation où sont assurés leurs profits. C’est pour nous, une belle occasion de faire un pas dans le décrochage du système consumériste et de la dépendance coloniale. Boycottons tous les espaces où ils imposent leur «pass» et soutenons celles des structures qui se mobilisent contre son obligation! Impulsons le développement de réseaux alternatifs et de circuits courts*8.

-Ils veulent diriger nos vies en nous assignant à résidence, profitons-en pour mieux prendre le contrôle de celles-ci. Plutôt que de subir leurs confinements avec leur cortège de détresse et de violences, prenons des initiatives pour ressouder les liens sociaux et organiser une vie culturelle alternative dans nos familles et dans nos quartiers. -Les mesures abracadabrantes qu’ils prennent concernant le secteur de l’éducation ont pour conséquence de jeter enfants, étudiants, enseignants parents dans l’angoisse et l’incertitude. Tout comme le saccage qu’ils avaient commis dans le secteur de la santé a conduit à la situation catastrophique d’aujourd’hui, le saccage en cours du secteur de l’éducation risque d’avoir pour conséquence de sacrifier l’avenir de plusieurs générations. Nous sommes capables de mettre en place, partout dans nos zones de résidences, des espaces permettant à nos enfants d’étudier et de s’armer pour leur cursus. Faisons-le!

-Ils veulent nous infantiliser, nous culpabiliser et nous diviser entre pro et anti vaccin. Nous avons suffisamment de compatriotes qualifiées capables de contrer leur propagande anxiogène et démagogique. Menons la bataille de l’information et prenons les choses en main! Militants et militantes, personnel de santé engagés sont suffisamment nombreux et compétents pour organiser des brigades sanitaires et ratisser le terrain afin d’enquêter sur les situations, de porter informations et conseils par exemple, sur les moyens de prévention, d’adoption d’une hygiène de vie et d’une alimentation saines. -Par leurs mesures liberticides, ils cherchent à empêcher notre organisation et nos luttes. Structurons nous dans nos familles, dans nos quartiers et dans nos commune pour les contrer. Nos ancêtres marrons qui refusaient la domination esclavagiste, savaient s’organiser dans les mornes pour vivre et préparer leurs luttes. L’aval que leur a donné le Conseil Constitutionnel pour l’application de leurs mesures dictatoriales, confirme qu’il n’y a rien à attendre de leur système. Pour défendre nos droits fondamentaux face au pouvoir colonial, si les mobilisations populaires restent une exigence, l’essentiel c’est que notre Peuple, y compris nos milliers de compatriotes émigrés, s’engage massivement dans une dynamique pou nou pran lan men.

Compatriotes, que nous soyons indépendantistes ou pas, assumerions-nous nos responsabilités envers les générations futures, si notre dignité ne nous commandait pas, chacun et chacune, au niveau où cela nous est possible, de participer au combat pour sauvegarder les intérêts fondamentaux de notre pays et de notre Peuple? Ici, nous avons présenté des analyses et des propositions du CNCP. Nous avons toujours affiché clairement que nous nous battons pour l’indépendance et la souveraineté. Nous avons aussi toujours affirmé que rien ne sera possible si la majorité des Martiniquais et Martiniquaises n’avançait pas, unie, pour co-penser et co-construire nos lendemains. Au CNCP, nous sommes convaincus que nous avons là l’occasion d’expérimenter des pratiques de démocratie directe et alternative*9 qui contribueront à dédramatiser la question de la souveraineté, à nous défaire du syndrome de Lynch, des comportements de division et d’autodénigrement, qui ont si tragiquement gangrené notre société, de développer l’estime de nous-même et la confiance en nos capacités. Oui, compatriotes, la situation actuelle nous offre l’opportunité de travailler ensemble pour un avenir meilleur.

Sa ki vayan, réponn prézan!

*1 Prenons la main! *2 Le jour du dépassement, c’est le jour où l’humanité est supposée avoir consommé plus de ressources que la planète est capable de produire en une année. Une fois la date dépassée, l’humanité se voit obligée de puiser dans ses ressources de manière irréversible.

*3

Le prétexte de la lutte contre le terrorisme avait servi à donner un premier tour de vis aux libertés, maintenant c’est au nom de la lutte contre la pandémie de covid que sont imposées leurs mesures dictatoriales.

*4 «les derniers temps sont arrivés» *5 On pense, par exemple, à la mise à mort de la SOCOPMA et à l’étranglement de l’entreprise «Jet Aviation Service» *6 Sur le continent américain, on peut relever l’installation de l’Assemblée Constituante au Chili, la victoire du candidat antifasciste au Pérou, la mobilisation ininterrompue du Peuple Colombien, la déconfiture du dictateur Bolsonaro au Brésil et le retour attendu de Lula à la Présidence du Brésil, la résistance inflexible des Révolutions Cubaine et Vénézuélienne contre toutes les agressions impérialistes.

*7

Faisons en sorte (comme le dit un proverbe de notre pays), que «la tige de l’igname emprisonne l’igname» *8

Cette dynamique se développe déjà spontanément, notamment dans le domaine de la production alimentaire et de la vulgarisation des plantes médicinales. les multiples initiatives qui fleurissent doivent être saluées et popularisées. Mais aujourd’hui, l’important c’est d’amplifier le mouvement et de favoriser les synergies.

*9 Dans notre tradition existaient les «Lakou», des espaces ou la famille et les voisins proches se rassemblaient pour parler des choses de la vie et préparer des événements collectifs. Et si nous les faisions revivre ?