Contre le crime chlordécone : les élu·e·s saisi·e·s par Simenn Matinik Doubout !

—— Le n° 316 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Le collectif mobilisé pour l’action des 22 au 28 octobre, n’a pas laissé passer l’occasion des centaines d’élus de proximité rassemblés pour les élections sénatoriales. Devant les grilles de la Préfecture, une bonne vingtaine de camarades attendaient, avec leur banderole, pour remettre à ce personnel politique une lettre sous forme de tract dont on lira ci dessous des extraits.
À noter un accueil positif dont on espère qu’il se traduira en actes pour une grande mobilisation avant, et pendant la semaine du 22 au 28 octobre.

Lettre distribuée aux grands électeurs sénatoriaux le dimanche 23 septembre 2023

L’importance de la cause que nous défendons, contre le non-lieu, pour la justice, pour les réparation du crime résumés, par le simple nom de chlordécone, nous amène à nous adresser à vous.

Appartenant à un très large éventail de forces sociales, politiques, culturelles, citoyennes dont beaucoup d’entre vous font partie à un titre ou un autre, nous sommes convaincu·e·s que la mobilisation sous le label Simen Matinik Doubout-Gaoulé Kont Chlordécone (22 au 28 octobre), pourra être un moment important dans la construction du rapport de force indispensable pour la satisfaction des exigences légitimes des peuples martiniquais et guadeloupéen dans cette grave affaire.

Nous appelons à votre engagement concret, à votre implication politique et pratique dans l’effort pour aider le peuple martiniquais à se mettre debout, pour obtenir justice et réparation.

Comme nous, vous savez que jé-a pa bout ! Nou pou alé ! Nou ké alé jik an bout !

Nous avons rencontré plusieurs d’entre vous ! Nous souhaitons vous rencontrer toutes et tous, pour que les jours qui nous séparent du 22 au 28 octobre, soient mis à profit pour la popularisation, la finalisation des préparatifs, la prise en compte de vos suggestions pour le grand moment de lutte et de dignité que nous voulons porter ensemble.

La justice, la santé, les droits humains, l’environnement, l’agriculture, la pêche, l’alimentation, notre culture, les générations actuelles et futures : tout cela est en question !

Nous attendons les rendez-vous demandés en insistant sur l’urgence et sur l’importance vitale d’impliquer la population dont la mobilisation est la condition du succès de la semaine MATINIK DOUBOUT.

Simen Matinik Doubout-Gaoulé Kont Chlordécone est en marche.

Nous vous proposons solennellement, pour laver l’affront insupportable, et surtout avancer : Justice et Réparations !

Extractivisme : les «peuples premiers» montrent la voie !

Par « extractivisme », on entend la politique consistant à extraire à tout prix les « ressources » du sous-sol (minerais, pétrole, gaz...) comme « matières premières » indispensables au « développement ».

Par « peuples premiers », nous voulons désigner ici, les peuples existant sur un territoire avant la frénésie des occupations coloniales.

Un débat actuel et crucial

Le débat sur l’extractivisme est contemporain d’une prise de conscience récente. Ce qui allait de soi au début de l’ère industrielle (il fallait puiser dans la nature tout ce qui était utile au « développement » de l’humanité), se révèle aujourd’hui problématique. La menace concerne d’abord les peuples premiers, en proie à la destruction de leur milieu de vie, mais aussi l’humanité entière : pollution dont les climats risquent de faire les frais, destruction dangereuse de la biodiversité, destruction exponentielle de milieux indispensables pour des productions utiles à l’espèce humaine (et respectueuse aussi bien des conditions du travail humain que des équilibres naturels).

Une contradiction préoccupante

L’ironie amère de la situation saute aux yeux : ces questions se posent au moment même où, en Amérique du Sud, et surtout en Afrique, une volonté légitime de récupérer les richesses pillées sans vergogne par les puissances coloniales s’exprime avec force. Il est indispensable que les richesses du soussol africain passent effectivement aux mains des Africain·e·s. Mais s’agira-t-il de mener la même politique extractiviste ?

La solution ne peut-être que mondiale

On peut et on doit chercher des compromis, négocier des transitions, trouver des réponses concrètes, partielles, provisoires. On doit poser que le droit à l’autodétermination des peuples n’est pas négociable. On doit ajouter que l’humanité ne peut jouer avec les conditions de sa survie.

Cela signifie qu’il appartient aux pays qui ont construit leurs fortunes sur le pillage des peuples coloniaux, en s’accaparant pendant des siècles de leurs ressources naturelles (y compris purement et simplement humaines, si on considère l’esclavage et le travail forcé), de réparer ce gigantesque crime historique en donnant aux peuples qui s’émancipent les moyens d’un développement qui ne soit pas mortifere à terme pour eux-mêmes, et pour l’humanité entière.

Seule l’alliance indispensable des peuples du sud et du prolétariat du nord peut atteindre cet objectif, à la fois salutaire et révolutionnaire.

En attendant, les peuples premiers

Les peuples premiers ne peuvent en attendant rester tranquillement à espérer que l’humanité devienne raisonnable, c’estàdire révolutionnaire. Ces peuples sont les premières cibles de l’extractivisme. Il n’est pas étonnant qu’ils montrent la voie. Au Chili, en Bolivie, au Brésil, ils mènent une résistance héroïque. Deux faits d’actualité méritent d’être massivement connus et soutenus dans le monde entier.

En Équateur, deux référendum imposés par un long combat, mené avec un immense courage et des sacrifices importants en termes de repression, viennent d’être gagnés contre l’extractivisme. Le plus important concerne l’extraction du pétrole d’un immense territoire occupé par des peuples indigènes. Au grand dam des multinationales et de la bourgeoisie locale, le peuple a voté contre le saccage de la zone au profit de l’extraction. Un deuxième référendum a été gagné dans le même sens contre une autre extraction dans la région proche de la capitale.

Cette double victoire équatorienne est un encouragement pour les peuples premiers d’Argentine qui ont entamé un gigantesque combat contre l’extraction du lithium dans la zone de Jujuy. Ce lithium rapporterait gros, compte tenu de son rôle dans la fabrication des batteries électriques, mais son exploitation serait catastrophique pour les peuples de la région qui se trouveraient privés d’une ressource plus essentielle puisqu’il s’agit tout simplement de l’eau.

Notre solidarité va totalement à ces combats là.