Construire la Martinique, un défi collectif.

Un plaidoyer pour une île lumineuse

— Par Jean-Pierre Maurice —

L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière peut le faire.”
Martin Luther King


La Martinique, joyau des Antilles, brille par sa beauté mais fait face à des crises persistantes : gouvernance fragile, tensions sociales, héritages douloureux, dégradation environnementale et une jeunesse en détresse. Pourtant, derrière ces défis, subsiste une force : la résilience. La reconstruction et la renaissance sont possibles si notre île ose affronter ses ombres et semer les graines d’un avenir éthique et solidaire.

La crise de gouvernance et la défiance

Depuis des années, la confiance dans les institutions martiniquaises s’effrite. La population, lassée par la corruption et l’impunité, se sent abandonnée. L’affaire d’un maire, accusé d’utilisation inappropriée des fonds publics en 2019, en est un exemple frappant. La transparence, la justice indépendante et la participation citoyenne doivent revenir au cœur du système. La confiance ne se reconquiert pas par des mots, mais par des actes.

Les tensions sociales et l’héritage colonial

Les revendications sociales de la population restent fortes : lutte contre la vie chère, le chômage et les inégalités. Les mobilisations, souvent héritées du passé colonial, peinent à proposer des solutions concrètes. La dépendance financière à la « métropole », avec la menace de diminutions des aides, fragilise l’économie locale. Les actes de prédation (dilapidation des terres agricoles, terres volées…) sont trop souvent peu sanctionnés. La clé pour avancer : le dialogue sincère, la valorisation des savoir-faire, la mise en place de politiques éthiques et innovantes. La transition numérique, le développement local, l’éducation sont des axes essentiels.

La gestion défaillante de certains secteurs

Les dérives dans la gestion publique alimentent la méfiance : scandale du SMTVD (traitement des déchets), épinglé pour recrutements douteux, ou occupation « illégale » du littoral au Carbet. Ces situations illustrent la nécessité d’un contrôle citoyen renforcé, de transparence et de gouvernance rigoureuse pour une meilleure gestion publique et ainsi affermir la crédibilité des institutions tant locales que nationales.

La mémoire et la réparation

L’histoire coloniale, notamment l’esclavage, laisse des traces profondes. La misère, les inégalités, la méfiance, en sont le témoignage vivant. Le scandale du chlordécone, pesticide toxique utilisé jusqu’aux années 1990, en est une illustration. La reconnaissance et la réparation, symboliques ou matérielles, sont essentielles pour bâtir une société plus juste. La Martinique doit transformer cette douleur en moteur d’unité et de progrès.

La justice : un pilier à renforcer

Le système judiciaire est souvent perçu comme biaisé ou dépendant des réseaux de pouvoir. Il doit apparaître comme juste, transparent, accessible à tous. La lutte contre la corruption et l’impunité, ainsi que la défense des faibles sont des conditions souhaitables pour la stabilité et la croissance.

Les douze travaux pour la renaissance

Face à ces défis, la Martinique doit s’engager dans ses “douze travaux” :

Santé : résorber les déserts médicaux, lutter contre les maladies liées au chlordécone.
Transports : moderniser les infrastructures et les pratiques, pour une mobilité efficace.

Séniors : soutenir la population âgée avec des services adaptés.

Environnement : préserver le littoral, lutter contre la déforestation, promouvoir la durabilité.
Vie chère : réduire le coût de la vie, encourager la production locale.
• Vie politique et contre-pouvoirs : restaurer la confiance par la transparence, le contrôle, et la participation citoyenne.

Justice : garantir une justice équitable et effective.

Corruption : renforcer la lutte contre les abus.

Eau et assainissement : assurer un accès régulier à l’eau potable.

Gestion des déchets : améliorer le traitement pour protéger l’environnement.

Jeunesse : offrir formation, emploi, culture et soutien psychologique.

Espoir : cultiver la fierté et une vision positive pour l’avenir.


Ces chantiers, menés avec détermination, peuvent transformer la société martiniquaise.

La jeunesse : le présent et l’avenir

Les jeunes martiniquais souffrent : 44 % de dépression chez les 15-29 ans, un chiffre alarmant. Leur mal-être, si rien n’est fait, compromettra leur avenir. Il faut leur offrir accès à la santé, à la formation, à la culture, au sport, et leur offrir des opportunités concrètes. La jeunesse n’est pas seulement l’avenir — elle est aussi le présent. Briser le silence, investir dans leur développement, c’est assurer la renaissance de l’île.

La démocratie : un espace à reconstruire

Pour bâtir un avenir solidaire, la Martinique doit faire vivre sa démocratie et se détourner de la violence et du chaos. Participative, transparente, responsable, elle doit donner à chacun la voix et le pouvoir d’agir. La société doit dépasser la victimisation et construire ensemble une Martinique républicaine fondée sur la responsabilité et l’éthique.

En conclusion : semer aujourd’hui pour récolter demain

Tant que l’on plante des graines d’engagement, de justice, de résilience et de raison, la Martinique pourra se relever, forte de ses racines. Elle possède en elle toutes les ressources pour aller vers une société apaisée et s’affirmer comme une île fière et lumineuse. Son avenir dépend de la volonté collective, de l’amour de ses habitants, et de leur courage à affronter l’obscurité pour aller vers la lumière.

« Toutes les fleurs de l’avenir sont dans les semences d’aujourd’hui. »


Le 12 septembre 2025