« Conceptualiser pour dénoncer l’inacceptable ! », de Fabrice Gérardin

Du 01 au 31 juillet 2021 restaurant 1643 Le Carbet

L’inacceptable pour l’artiste plasticien Fabrice Gérardin est cette vertigineuse accélération de destruction de la planète terre qu’aucune prise de conscience collective ne tente de freiner radicalement.

 » Le saccage de la nature menace l’humanité au moins autant que le changement climatique et mérite des attentions, des actions afin d’éviter ses impacts dévastateurs » déclare l’artiste qui s’est lancé dans une démarche de création valorisant le recyclage.

Quoi de mieux que l’art, un langage universel, pour aborder le sujet, interpeller, faire réfléchir et susciter l’interaction entre production esthétique et contexte citoyen ?

Fabrice Gérardin qui se définit lui même « comme un homme de la nature » ramasse au gré de ses pérégrinations, une multitude d’objets parfois insolites, abandonnés au bord des chemins, au cœur des forêts et sur les plages : morceaux d’ordinateurs composants informatiques, téléviseurs, battants de toilettes, bouteilles en plastiques, canettes….

Son objectif est de démontrer que les déchets de nos « poubelles » peuvent entrer dans un processus de création en tant que matériau et devenir autre chose. La volonté n’est pas de mettre l’objet en valeur mais plutôt de s’en servir comme un composant unique porteur de messages.

Certaines œuvres de l’artiste autodidacte qui ne se réclame d’aucun courant artistique, semblent cependant trouver des échos dans celles des artistes précurseurs de l’art recyclé. Un mouvement popularisé par le mouvement dadaïste au début du XXème siècle dont Marcel Duchamp fut un représentant majeur et poursuivi entre autres par Arman, artiste franco-américain rendu célèbre pour son style unique de sculptures à base d’objets trouvés connues sous le nom d’accumulations.

Les œuvres présentées lors de cette exposition se déclinent en deux thèmes regroupés dans le concept Art ‘Planète.

Dans les déclinaisons de « quadrillages » l’artiste utilise la technique de l’empreinte, la plus vieille manière de fabriquer des images en ayant recours à un procédé quasiment « préhistorique » qui consiste à reproduire des choses par contact. L’artiste utilise des grilles de différentes formes provenant d’ordinateurs ou de téléviseurs désossés. Il va les utiliser tels des pochoirs pour laisser s’échapper les couleurs.

Ces grilles de diversités déconcertantes tant les supports sont variés présentent cependant de façon récurrente la couleur jaune, bleu et rouge.

Si l’artiste laisse à chacun ressentir ses propres émotions et interpréter à sa guise ….il laisse aussi parfois entendre que le rouge cramoisi est celui de la terre en surchauffe ! Traits irréguliers, signes de chaos.

Le bleu celui de la mer qui crache des détritus à longueur de journée. Et aussi celui du ciel, lueur d’espoir et de lumière. Le jaune…le soleil peut-être ?

A gauche de chacune de ces déclinaisons de « quadrillages » une silhouette totémique humanoïde, personnage filiforme à la manière de Giacometti, représente un homme générique qui exalte une véritable portée universelle. Nu, dépouillé, l’enveloppe superflue a disparu, placé sans fard face à lui même.

Témoin parfois impuissant de sa propre destinée mais aussi auteur de cette dégradation progressive de la planète.

Dans le deuxième thème présenté dans cette exposition l’artiste a utilisé des assemblages, détourné des objets ….

Le battant de toilettes ou le couvercle d’une poubelle entourés de bouteilles en plastique témoignent du désastreux impact pour la terre. Ces objets hétéroclites ne laissent pas indifférents, peuvent surprendre voire choquer.

C’est un cri de révolte, d’exaspération face à la dégradation de la terre qui s’accélère avec la non maîtrise des déchets.

Dans chacun de ces œuvres, une main interpelle. L’artiste aime les symboles !

Qui est-elle ? Que fait-elle ?

Reflet de notre histoire, de nos vie, elle contient à la fois notre passé et la projection de notre futur. Tout comme la main du pianiste immortalisée par Rodin, on voit bien la note que le musicien est en train de jouer !

Utilisée comme une arme la main peut pointer du doigt, serrer, briser, dominer, condamner ou tuer !

« Le temps d’incubation fut long …avant de coucher sur un support mes ressentis et mes émotions » déclare Fabrice Gérardin

Exposition visible au restaurant 1643

Du 01 au 31 juillet 2021

97203 Le Carbet

Artiste de l’association l’Art Gond Tout