Combien de brigades armées dans la bande de Gaza?

gaza_brigades_armeesDÉCRYPTAGE – Les violences ont repris cette semaine à Gaza, après des tirs de roquettes qui ont entraîné de nouvelles frappes israéliennes. Mais le Hamas a démenti toute responsabilité dans la rupture de la trêve, laissant entendre que ce pourrait être le fait d’autres groupes armés. Quelles sont ces autres brigades engagées au côté du mouvement palestinien? Éléments de réponse.
Brigades Al-Qassam

Le Hamas et les Brigades al-Qassam

C’est le mouvement qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. Issu des Frères musulmans à la fin des années 1980 et aujourd’hui encore considéré comme « terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne, il est dans ce conflit incontestablement le mieux organisé et armé. Selon l’Institut international d’études stratégiques (IISS), le Hamas disposerait en effet de 20.000 hommes, répartis entre les forces de sécurité de l’enclave palestinienne et sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, du nom d’un des pères et victime de la Révolte arabe de 1936-39 contre le mandat britannique en Palestine. Ces combattants des Brigades al-Qassam, apparus mi-1991 durant la première Intifada, sont les plus redoutables. Ils ont creusé les tunnels que voulaient abattre Israël au cours de cette opération et possède un arsenal de guerre considérable : armes légères, mines, mortiers….

Leurs roquettes – certaines de fabrication iranienne – peuvent être de longue portée et atteindre Jérusalem et Tel-Aviv. Pendant la trêve, l’armée israélienne estimait que le Hamas possédait encore 3.000 roquettes, alors qu’environ 3.500 autres ont été tirées depuis le début de l’offensive le 8 juillet (plus d’une centaine depuis la reprise des hostilités cette semaine). En outre, Tsahal vise en particulier les responsables de ces brigades. Trois de leurs commandants, qui figuraient parmi les hommes les plus recherchés par Israël, ont d’ailleurs été tués jeudi. Le sort du chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, Mohammed Deif, reste quant à lui incertain. Selon le Hamas, l’islamiste aurait réchappé à un nouveau bombardement mercredi, mais pas sa femme et ses deux enfants. Israël, qui compare ce dirigeant à Oussama Ben Laden, n’a de son côté ni confirmé ni infirmé son décès.

Membre de la délégation palestinienne présente au Caire pour négocier un cessez-le-feu durable, le Hamas a démenti être à l’origine des tirs de roquettes lundi qui ont rompu la trêve avec Israël, laissant entendre qu’il s’agissait d’autres groupes armés.

Le Djihad islamique et les Brigades al-Qods

Né à la fin des années 1970 en rupture des Frères musulmans, le Djihad islamique est la deuxième force combattante de Gaza. Son bras armé, les Brigades al-Qods (« Jérusalem » en arabe), revendiquent 8.000 hommes. Contrairement au Hamas, il ne se consacre qu’à la lutte insurrectionnelle contre Israël et se désintéresse du jeu politique. Il était néanmoins lui aussi présent en Egypte lors des pourparlers. Sa capacité militaire s’est renforcée ces dernières années et le groupe tire de plus en plus loin sur le sol israélien. Certaines de roquettes sont également de conception iranienne, la République islamique étant considérée comme l’un de ses principaux soutiens. Le chef du mouvement, Hafez Hamad, a été tué au tout début de l’opération « Bordure protectrice ».

Les Comités de résistance populaires et les Brigades Salaheddine

Parfois considérée comme la « troisième organisation armée » présente dans la bande de Gaza, l’organisation a été fondée en 2000 lors de la seconde Intifada par un ancien membre du Fatah, groupe fondé par Yasser Arafat et actuellement dirigé par Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. Contrairement au Hamas ou le Djihad islamique, le mouvement ne se revendique pas comme islamiste, même s’il compte plusieurs éléments se déclarant comme tel. Ses Brigades Salaheddine (Saladin) participent également aux tirs contre Israël mais son arsenal semble surtout artisanal et ses roquettes sont de courte portée. Les CRP n’étaient pas associés aux discussions en Egypte. Selon le Times of Israel, ils « seraient les principaux suspectés pour avoir contourné le Hamas en tirant sur Israël » et rompant la trêve. Mais le groupe n’a officiellement pas fait une telle revendication.

Egalement issues du Fatah et très actives au cours de la seconde Intifada au début des années 2000, les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa sont pour leur part moins en vue depuis 2007 et la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas.

Les groupuscules salafistes

Critiques à l’encontre du Hamas qu’ils jugent trop modéré, ces mouvements restent actifs dans la bande de Gaza. Ils prônent l’application de la loi islamique et l’instauration d’un califat. Mais ces groupes djihadistes, qui compteraient quelques centaines de membres, restent désorganisés. Le plus connu d’entre eux se nomme Armée de l’islam et a participé, avec le Hamas et les CRP, au rapt en 2006 du soldat israélien Gilad Shalit et d’un journaliste de la BBC en 2007. Plus récemment, une coalition appelée Majlis Choura al-Moujahidine tente de rassembler plusieurs de ces groupuscules qui bravent souvent les décisions du Hamas. Cette formation salafiste, se réclamant d’Al-Qaïda et soutien de l’Etat islamique opérant en Syrie et en Irak, a été placée cette semaine sur la liste noire américaine des « organisations terroristes étrangères ».

Arnaud Focraud – leJDD.fr

jeudi 21 août 2014
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