Combattre le racisme anti-haîtien en République Dominicaine

Pour une manifestation le Samedi 17 mai !

—- Le n° 304 de « Révolution Socialiste », journal du GRS —

Il fallait transformer en un Geste politique, les affects d’indignation et de dégoût suscités par images télévisuelles montrant la violence en actes, de la politique xénophobe, raciste, du gouvernement de la république dominicaine, en tout lieu, à toute heure, à l’encontre de personnes de tout âge, d’origine ou/et d’ascendance haïtienne, à la couleur de peau noire !

Cette politique dite de contrôle et de lutte contre l’immigration clandestine, s’est traduite en 2022 par la construction d’un mur en béton sur 160 Kms, à la frontière dHaïti et de la République dominicaine. Depuis novembre 2024, cette politique cynique s’adosse à un objectif de 10 000 expulsions d’Haïtien·ne·s par semaine, véritable permis de chasse et de rafles accordé à l’armée et à la police contre la communauté des Haïtien·ne·s y compris dans les hôpitaux et maternités !

En une semaine, un collectif de pas moins de 30 organisations et de plusieurs personnalités ont rédigé une déclaration commune intitulée : Halte à la xénophobie et au racisme contre les Haïtien·nes. Il s’agissait d’exprimer le plus ouvertement et collectivement possible, notre protestation et dénonciation.

Le texte commun appelait samedi 10 mai dernier, à une première réaction publique à la maison des syndicats autour du slogan : « Pas d’Humanité sans Solidarité ». Cette première manifestation publique fut un succès, tant par le nombre des participants que par l’allongement de la liste de signataires de cette déclaration. On se réjouit que les valeurs marchandes, capitalistes, n’ont pas encore triomphé des valeurs humanistes, de solidarité, et d’espérance d’un futur meilleur pour nous, peuples de la Caraïbe et du Monde.

Cette démarche a eu un écho caribéen très favorable et immédiat, auprès notamment des organisations haïtiennes comme le GARR (Groupe d’Appui des Réfugiés et Rapatriés), la Plateforme Genre du Nord Est, et la CATH (Centrale Autonome des Travailleurs Haïtiens), lesquels, dans une contexte d’effondrement du Droit international et de chaos (multiforme en Haïti) se battent aussi, pour la sauvegarde et la protection des droits humains des victimes de la maltraitance raciale et sociale à la frontière des deux pays.

Une tâche importante et urgente est donc devant nous : tout faire pour entretenir cette flamme d’humanité, de solidarité, de soutien aux victimes, et aux organisations activement mobilisées, dont celles opérant chez nous.

Saluons d’ores et déjà, la lettre d’interpellation cosignée par huit organisations féministes de Martinique et de Guadeloupe (Culture Égalité, En Avant Toutes, Femmes Solidaires de Sainte-Luce, Koumbit Fanm Karayib, Mouvement du Nid, Nou Toutes Guadeloupe, Union des Femmes de Martinique, Solidarité Femmes de Guadeloupe), adressée à la présidence de la CARICOM, assurée actuellement par la première ministre de Barbade ; ainsi que les courriers adressés aux présidents de la CTM.

S’est imposée surtout, l’urgence d’une mobilisation martiniquaise, incluant la participation effective des ressortissants des deux communautés haïtiennes et dominicaines vivant chez nous.

Le 17 mai prochain

17 heures au départ de la maison des syndicats.

Annou fey ! Nou tout ap kapab, ansanm ansanm !

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Appel unitaire de solidarité : Halte à la xénophobie et au racisme contre les Haitien·ne·s en République Dominicaine !

Alerté·e·s par la presse et des témoignages directs sur les mauvais traitements infligés aux Dominicain-e-s d’ascendance haïtienne et aux Haitien·ne·s vivant dans ce pays, les mouvements/ ou/et personnes soussignées expriment leur indignation et leur grande préoccupation face au pogrome qui menace nos sœurs et frères concerné·e·s.

Cette situation tragique s’inscrit dans une histoire douloureuse dont l’un des faits marquants a été le massacre de milliers d’Haïtien·ne·s en 1937 sous les ordres du dictateur sanguinaire Trujillo.

Plus récemment, une entreprise funeste de dénaturalisation a été entamée contre des familles installées dans le pays depuis des décennies, les transformant ainsi en apatrides. Toute chose en contradiction flagrante avec le droit international.

Aujourd’hui, le drame se produit dans un monde marqué par la montée du fascisme, de la haine entretenue contre l’autre par des chefs d’État et des gouvernements de la honte dont Donald Trump est le sinistre chef de file.

Les déportations depuis la République Dominicaine, font écho à celles promises par Trump.

Le peuple martiniquais, les peuples de la Caraïbe, les peuples du monde, doivent élever la voix et se porter au secours de nos sœurs et frères aujourd’hui en grand danger.

Nous appelons les Dominicain·e·s vivant en Martinique à s’associer à notre protestation.

Nous exhortons les autorités élues de notre pays à relayer notre prise de position auprès du gouvernement de la République Dominicaine dont la responsabilité est directe et écrasante, non seulement dans les persécutions que nous observons, mais encore dans le climat abject de xénophobie raciste qui se développe.

Nous appelons le peuple martiniquais, les Caribéens et les autres communautés vivant chez nous, à manifester leur indignation contre l’horreur et leur solidarité avec les victimes du racisme xénophobe qui s’exprime en République Dominicaine.

Rendez-vous :

Rassemblement Samedi 17 mai à 17h à la maison des syndicats

AN LOT LAREL POU LAVI/RÉZISTANS – ASSOKA – CDMT – CE – CFTC – CELLULE EN ACTION – CERCLE FRANZ FANON – CGTM – CGTM-FSM – CNR – CO – COMITÉ DEVOIR DE MEMOIRE – DJÈRIEZ SÉSÉ — E.S.A. CARAÏBE – FSM – FSU – GRS – INSOUMI.E.S – K13J20 – MARIN DEWÔ – MIM – MIR – MODÉMAS – OMDAC – PALIMA – PÉYIA – PCM – PKLS – PPM – RDM – RESPÉ – UFM – UNSA.

LESPINASSE Colette (Militante haïtienne, ancienne coordinatrice du GARR) – URSULET Christian (Militant du Bien Public) TOUSSAINT Carl ( SG UNSA Éducation)

Trois « 8 Mai »

d’une brûlante actualité

Il arrive souvent que l’actualité commande un regard particulier sur les commémorations rituelles des grands évènements du passé. Les rapports de forces et les enjeux du présent font parfois que l’occultation ou la banalisation l’emporte.

Le premier 8 mai dont nous parlerons d’abord, nous a concernés au premier chef, même si son écho fut mondial.

HUIT MAI 1902 : SAINT-PIERRE RAYÉE DE LA CARTE.

Pourquoi parler de « brûlante actualité », sans jeu de mots, sur l’éruption de la Montagne Pelée et ses 32.000 morts ? Ce n’est pas pour jouer les mauvais augures et réveiller les peurs. On sait que la vieille dame ne dort que d’un œil et qu’on ne peut prévoir longtemps à l’avance la date de son réveil. Mais il y a une différence fondamentale entre aujourd’hui et 1902. Cette différence avait été soulignée par le grand volcanologue Haroun Tazieff, lors des polémiques concernant les risques d’explosion de la Soufrière en 1976.

Aujourd’hui, on sait que les explosions des volcans dits de type péléen, en honneur du Mont Pelée, se produisent après avoir donné des signes que l’on connaît bien, et qui ont entraîné la mise en place d’une surveillance scientifique rigoureuse.

C’est précisément là que se situe une leçon d’une brûlante actualité. Aujourd’hui encore, on entend des propos qui minimisent l’importance de la connaissance scientifique des phénomènes naturels, au profit de légendes plus excitantes, non dénuées de relents un brin populiste. Léo Ursulet, dans ses remarquables études sur 1902, montre pourtant bien que le malheur des Pierrotin·e·s et des autres des alentours, n’est pas dû à la volonté du pouvoir de l’époque d’obliger la population à rester sur place pour participer à des élections, mais bien à l’ignorance des gens de science présents et même ailleurs, au refus du principe de précaution, malgré la sévère alerte de l’anéantissement de l’usine Guérin trois jours avant.

Le plus utile aujourd’hui, ce n’est pas de surfer sur des légendes discutables, mais bien de combattre les obscurantistes qui nient les apports de la science sur les catastrophes naturelles qui nous menacent de façon terriblement actuelle. Les négationnistes du réchauffement climatique freinent la mise en place de politiques urgentes remettant en cause le capitalisme productiviste, extractiviste, destructeur de l’humanité et de la nature.

La commémoration de notre 8 mai péléen, est l’occasion de penser à nos morts, d’étudier, encore et encore, les conséquences de cette catastrophe sur la suite de notre histoire, mais aussi de prôner des attitudes justes concernant toutes les catastrophes naturelles : la lutte pour la connaissance scientifique, la lutte contre les facteurs humains aggravant les phénomènes naturels préjudiciables, l’anticipation pour s’adapter à ce que l‘on ne peut changer, la mise en application du principe de précaution, la défense du principe de la solidarité internationale dont même les grandes puissances ne sauraient se passer, l’affirmation têtue que la vie vaut plus que le profit des prédateurs.

Le souvenir de ce 8 mai là aussi, doit nous conduire à l’anticapitalisme.

Prochains numéros : les deux 8 MAI 1945.