Climat : la planète s’enfonce sur une trajectoire de réchauffement alarmante

— Par Sabrina Solar —

À quelques jours de l’ouverture de la COP30 à Belém, au Brésil, l’ONU tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : le monde reste loin des objectifs fixés par l’accord de Paris. Selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la planète se dirige vers un réchauffement compris entre 2,3°C et 2,5°C d’ici la fin du siècle, même si les pays respectent intégralement leurs engagements actuels.

Une amélioration minime par rapport aux projections de l’an dernier (2,6°C à 2,8°C) qui s’explique surtout par des ajustements méthodologiques et de nouveaux engagements partiels, plutôt que par une réelle inflexion des politiques climatiques. Car, dans les faits, le monde continue à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon : les émissions mondiales ont encore augmenté de 2,3 % en 2024.

Des engagements insuffisants et des retards préoccupants

Conformément à l’accord de Paris, les pays devaient soumettre cette année de nouvelles « contributions déterminées au niveau national » (CDN) pour 2035. Mais seulement un tiers des États signataires ont rendu leur copie à temps, représentant un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Résultat : les promesses actuelles ne permettraient de réduire les émissions que de 15 % d’ici 2035 par rapport à 2019, alors qu’il faudrait une baisse d’au moins 55 % pour espérer limiter le réchauffement à 1,5°C. Même contenir la hausse à 2°C nécessiterait une réduction de 35 % sur la même période — un écart vertigineux qui illustre le manque criant d’ambition collective.

« L’action n’est pas du tout au niveau nécessaire », déplore Anne Olhoff, responsable scientifique du PNUE.

Un dépassement du seuil de 1,5°C désormais inévitable

Pour l’organisation onusienne, un dépassement temporaire du seuil de 1,5°C est désormais inévitable. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a reconnu que cet objectif était « sur le point de s’effondrer », tout en appelant à « faire en sorte que tout dépassement soit aussi faible et aussi bref que possible ».

Le PNUE évoque un scénario d’« overshoot » temporaire, dans lequel les températures dépasseraient légèrement la limite fixée avant de redescendre vers la fin du siècle — à condition d’une réduction rapide et massive des émissions dès 2025 et du déploiement de technologies de captage du CO₂ encore balbutiantes.

Selon les projections les plus optimistes, un plan d’atténuation immédiat pourrait limiter le dépassement à environ 0,3°C et ramener le réchauffement global à 1,5°C d’ici 2100.

Chaque fraction de degré compte

Les scientifiques rappellent qu’aucun dépassement, même temporaire, n’est anodin. Chaque dixième de degré supplémentaire intensifie les canicules, cyclones, sécheresses et inondations, tout en menaçant la survie des écosystèmes marins et terrestres, notamment les récifs coralliens.

Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, résume la situation d’une phrase :

« Nous avons encore besoin de réductions sans précédent des émissions de gaz à effet de serre, dans un délai de plus en plus court et dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu. »

À Belém, les dirigeants du monde devront donc affronter une réalité crue : le temps des promesses est révolu, celui de l’action immédiate ne peut plus être repoussé.