Catégorie : Littératures

« Illuminer » & « Elucider »

— Par Jean-Bernard Bayard —

« Illuminer »

Le ciel vermeil saluait le coucher du soleil
Les astres de la nuit offraient une merveille
La douceur de la brise caressait le sommeil
Le repos nous donnera-t-il un vrai conseil

La douleur façonne le caractère humain
Cette misère assomme nos lendemains
L’injustice consomme notre beau destin
La corruption sonne le glas de notre fin

Aurons-nous jamais la nouvelle ouverture
Chevaucherons nous une belle monture
Arriverons nous à faire une entente sûre
Pourrons nous bien guérir nos blessures

Jean-Bernard Bayard

 

« Elucider »

Notre société d’aujourd’hui est en crise
Notre sale corruption l’a en son emprise
Toutes magouilles en font une entreprise
Que peut-on faire pour détruire la prise

La planète entière souffre de la violence
Notre humanité est ainsi en décadence
Tous les peuples souffrent de l’errance
Pourquoi toute cette vile malveillance

Les dirigeants semblent incompétents
Et agissent vainement d’un air arrogant
Causent conflits et génocides flagrants
Comment expliquer l’impunité saillant

Jean-Bernard Bayard

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L’éphéméride du 7 octobre

Toni Morrison reçoit le Prix Nobel de littérature le 7 octobre 1993

Chloe Ardelia Wofford Morrison connue sous le nom de Toni Morrison, née le 18 février 1931 à Lorain dans l’Ohio et morte à New York le 5 août 2019, est une romancière, essayiste, critique littéraire, dramaturge, librettiste, professeure de littérature et éditrice américaine. Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de littérature en 1993. Elle est à ce jour la huitième femme et le second auteur afro-américain après Derek Walcott à avoir reçu cette distinction.

Biographie
Jeunesse et formation
Toni Morrison, est la seconde des quatre enfants (Lois sa sœur aînée, George et Raymond ses frères cadets) de Ramah, une femme de ménage, et de George Wofford, un soudeur. Ses grands-parents maternels, Ardelia et John Solomon Willison, avaient fui successivement l’ambiance raciste, ségrégationniste de l’Alabama puis du Kentucky, pour s’installer dans l’Ohio et du côté paternel, les grands-parents avaient quitté la Géorgie où ils travaillaient comme métayers.

Toni Morrison passe son enfance et son adolescence à Lorain, ville de la banlieue de Cleveland, habitée par des personnes aux ascendances diverses : Tchèques, Allemands, Irlandais, Italiens, Grecs, Serbes, Mexicains et Afro-Américains.

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Je klere sou leksikografi kreyòl 1958-2024 :

… istwa li, metòd li, leksik ak diksyonè li chapante, wòl yo lan amenajman lenguistik ann Ayiti

 — Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

KEPKAA

Komite entènasyonal pou pwomosyon kreyòl ak alfabétisasyon

SELEBRASYON MWA LANG AK KILTI KREYÒL, OKTÒB 2025

Onè respè pou Pradel Pompilus,
pyonye leksikografi kreyòl ann Ayiti,
otè premye « Lexique créole-français » (Université de Paris, 1958).
Onè respè pou Pierre Vernet,

fondatè Fakilte Lengwistik Aplike nan Inivèsite Leta d Ayiti,
premye lengwis ki plede pou kreyòl ak fransè mache ansanm.
Onè respè pou André Vilaire Chery,
otè « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti »
(tòm 1 ak tòm 2, Edisyon Édutex, 2000 ak 2002).

Onè respè pou Albert Valdman, depi plis pase 50 lane li bay lang kreyòl la
plizyè diksyonè ki kanpe sou fondas natal metodoloji leksikografi pwofesyonèl la.

OKTÒB 2025, MWA LANG AK KILTI KREYÒL

Tit atik la : « Leksikografi kreyòl 1958-2024 : istwa li, metòd li, leksik ak diksyonè li chapante, wòl yo lan amenajman lenguistik ann Ayiti »

Ak atik sa a mwen pral fè nou voyaje andedan istwa leksikografi kreyòl la, sòti nan premye leksik Pradel Pompilus te pibliye an 1958 —« Lexique français-créole », Éditions de la Sorbonne, Paris, 1958–, jouk nou rive lan « Dictionnaire de droit du travail » avoka Philippe Volmar pibliye ann Ayiti (Éditions Charesso, Port-au-Prince, 2024) ».

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Martinique : Le congrès de la dernière chance

— Par Patrick Chamoiseau —

1 – Le Centre est là où les gens vivent

Ce congrès à venir sera décisif pour le devenir du Pays-Martinique. Il ne s’agira pas de simplement débattre d’un « changement de statut », mais de nous accorder sur un changement de paradigme. Il est vital pour nous d’échapper au cercle vicieux assistanat-dépendance-déresponsabilisation qui demeure le fondement de notre situation actuelle. Tout aussi vital : dépasser les clivages autonomie-indépendance-assimilation qui, depuis 1946, se neutralisent mutuellement, bloquent toute avancée conceptuelle et nous maintiennent dans l’immobilisme.

L’urgence est de nous remettre en mouvement par la relance d’une pensée politique adaptée aux réalités du monde contemporain. Cette exigence s’inaugure par le rassemblement de nos élus autour d’un processus de responsabilisation. Rien de bon ne peut s’envisager sans un esprit de responsabilité largement partagé. Mais il n’y a pas de responsabilité individuelle sans responsabilité politique collective. Seule la synergie de ces deux dimensions — une responsabilité politique optimale et une responsabilité citoyenne assumée — peut restaurer notre puissance d’agir. Ce que j’ai appelé : Faire-pays.

Le processus. 

La responsabilisation, comprise comme un processus, permet à chacun de conserver ses convictions profondes mais – plutôt que d’attendre le grand soir idéel – d’entreprendre de converger sur l’essentiel.

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Dans l’enfer de Gaza

— Par Gary Klang —

Comme tous les enfants du monde
Insouciants et rieurs
Perdus dans l’océan des rêves
Les enfants de Gaza aimeraient bien jouer
Les pieds couverts de sable
Et la tête dans les étoiles

Mais comment jouer me direz-vous
Lorsque l’avenir se confond avec un éternel présent de décombres et de morts

Les enfants de Gaza n’écouteront plus le chant joyeux des tourterelles
Remplacé par le bruit des obus et des chars
Le sifflement des balles

Alors
Au lieu de jouer
Comme tous les enfants du monde
Les enfants de Gaza pleurent amèrement leurs morts et leurs blessés
Le cœur plein de tristesse et d’incompréhension

Ils se demandent
Qu’avons-nous fait pour mériter tant de violence et tant de haine

Pourtant
Ils accueilleraient bien volontiers ces hommes en jaune
Les bras ouverts
Le cœur offert
Et jouiraient avec eux de la splendeur du monde

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Mwa Lang Kréyol La 2025 – Nou ka viv li ansanm ! ✨

La Martinique célèbre le créole sous toutes ses formes, tout au long du mois d’octobre

Chaque année en octobre, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) met à l’honneur la langue et la culture créoles à travers un événement majeur : « Mwa Lang Kréyol La ». L’édition 2025, placée sous le signe de la transmission intergénérationnelle, invite la population martiniquaise à vivre ensemble ce moment d’exploration, de célébration et de partage autour de la richesse du créole.

Une édition tournée vers la jeunesse et l’avenir

Pour cette nouvelle édition, la CTM renforce son engagement en faveur de la transmission du créole aux jeunes générations. À travers un partenariat étroit avec les établissements scolaires et la mise en place d’actions participatives, les jeunes sont au cœur de la dynamique.

Un temps fort de cette programmation est l’opération « Ki Matjoukann Pou Manmay Lékol », qui fédère les initiatives à destination de l’ensemble des élèves de Martinique, qu’ils soient inscrits ou non en option créole. Ateliers, concours, activités pédagogiques et immersions culturelles sont au rendez-vous pour ancrer le créole dans les pratiques quotidiennes des plus jeunes.

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« Black Label », Samedi 11 octobre – 19h30 – Tropiques-Atrium

Un spectacle littéraire, musical et chorégraphique conçu par JoeyStarr et David Bobée

Black Label, c’est la rencontre puissante entre l’énergie brute de JoeyStarr, rappeur et comédien, et l’univers engagé du metteur en scène David Bobée. Ensemble, ils signent un spectacle à la croisée des arts et des luttes, mêlant poésie antiraciste, musique, danse et performance visuelle.

Inspiré du poème Black-Label de Léon-Gontran Damas, figure majeure du mouvement de la négritude, le spectacle propose une traversée littéraire, historique et politique du point de vue des diasporas africaines. À travers les textes d’Aimé Césaire, Langston Hughes, Malcom X, Tracy K. Smith, Lisette Lombé, Éva Doumbia, et jusqu’à la Charte du Manden (1222), cette création donne à entendre les grandes voix de l’antiracisme, d’hier à aujourd’hui, jusqu’au mouvement Black Lives Matter.

JoeyStarr y prête sa voix rocailleuse, son charisme et sa force de conviction à ces mots brûlants de colère, de courage et de lutte. À ses côtés, quatre artistes incarnent cette parole engagée :

  • Sélène Saint-Aimé, contrebassiste et chanteuse jazz,

  • Wilbur Thompson, musicien,

  • Nicolas Moumbounou, chanteur et danseur,

  • Jules Turlet, chansigneur sourd, qui traduit l’intégralité du spectacle en langue des signes.

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Chanté Manman

— Par Daniel M. Berté —

I za chanté Manman…
Chanté ki pasé fioup ek foukan an gran van
Chanté ki anchouké an fondok mémwa-mwen
Chanté a pawol vid ka bouché tou lavi
Chanté a pawol lou ka pézé an lavi
Chanté a mizik dous ka fè an nanm volé
Chanté a mizik cho ka fè tout kò’w vibré

I za chanté Manman…
Chanté ka rakonté malè ek lanmizè
La jwa ek la djèwté, lanmitjé ek lanmou
Asiz anlè ti-ban’y, douvan an basin rad
Eti ki tjim-savon’y té ka fè an rifren
Lè’y ka tjotjo lenj-la, lè’y ka froté lenj-la
Lèy ka fésé lenj-la anlè wòch lariviè

I za chanté Manman…
Anba Maframé-a, adan solèy cho-a
Chanté ki ka pléré Lafrik ki Nèg kité
Chanté ka rakonté Latlantik moun néyé
Chanté ki ka palé Lanmérik ka frété
Chanté ki ka raplé Nèg-mawon ki chapé
Chanté ki ka montré chenn ki zèsklav pété

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« En dents de scie » & « Carpe Diem »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
“En dents de scie… »

Depuis qu’il a croqué la pomme,
tout au long de la vie de l’homme,
la joie, tout comme la lumière,
n’existe pas sans son contraire…

Car l’arbre de la connaissance
fut une seconde naissance
dans la douleur pour l’animal
qui y perdit son innocence

s’il y gagna cette conscience
qu’il n’y a pas de bien sans mal
et que l’issue sera fatale
quoiqu’il puisse essayer d’y faire…

Derrière les moments de liesse
se cache l’ombre des tristesses !
L’âme de l’homme est bipolaire
en butte au destin doux-amer…

Plus il s’élève dans les airs
et plus rude sera sa chute,
telle une barque sur la mer
que les vents et vagues chahutent…

Tantôt apparaît l’horizon
ensoleillé, porteur d’espoir,
puis soudain c’est le grand plongeon
au sein de “l’atroce entonnoir”!

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Fin(s) du monde de Roger Parsemain, Valérie John (Illustration)

Une poésie exigeante, enracinée dans la créolité, qui se confronte à la finitude et s’élève vers le cosmique

— Par Eric Eliès  —
La poésie des Antilles, de Guyane et d’Haïti est extraordinaire riche, et encore trop largement méconnue dans l’hexagone. Avant mon séjour en Martinique, de l’été 2020 à l’été 2022, je ne connaissais de la poésie antillaise que Césaire, Glissant, Saint-John Perse mais ces noms me masquaient, de leur éclat presque aveuglant, un foisonnement poétique aussi luxuriant que les forêts qui couvrent les pentes des mornes au coeur de l’île… J’ai déjà présenté sur CL des recueils d’Henri Corbin et, surtout, des recueils de Monchoachi, dont j’ignorais l’œuvre et que j’ai découvert dans les librairies de Fort de France (je continuerai à présenter Monchoachi qui n’est pas que poète : esprit libre et profond, il est aussi l’auteur d’un livre important : « Retour à la parole sauvage », qui dévoile et martèle nos impasses civilisationnelles). En revanche, et un peu étonnamment, j’ai « raté » l’oeuvre de Roger Parsemain et c’est à Paris que je l’ai découverte, lors d’une visite au marché de la poésie où exposait l’éditeur « Long Cours », installé au Gosier, en Guadeloupe.

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Le « Liv inik an kreyòl », marqueur fondamental de l’échec…

… didactique, pédagogique et de gouvernance du système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

« Le ‘’Rapport mondial sur la corruption : l’éducation’’ fait la lumière sur les diverses formes que peut prendre la corruption dans l’éducation. Il montre que, dans tous les cas, la corruption dans l’éducation agit comme un obstacle dangereux à un enseignement de qualité supérieure et au développement économique et social. Elle compromet les bénéfices académiques qu’offrent les établissements d’enseignement (…) et peut mener à la ruine de la réputation de l’ensemble du système d’enseignement (…) d’un pays. Pour déterminer le meilleur moyen de progresser, le ’Rapport mondial sur la corruption : l’éducation’’ met également en exergue les approches novatrices à la lutte contre la corruption dans le secteur de l’éducation » (Transparency International, « Rapport mondial sur la corruption : l’éducation », 2013).

Dans le courriel adressé à un enseignant en poste à Fort-Liberté, nous avons évoqué les récentes et délictueuses manœuvres d’une puissante organisation internationale du secteur de l’éducation en lien avec le système éducatif haïtien. Cette organisation internationale a pour nom Global partnership for Education (GPE) / Partenariat mondial pour l’éducation.

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« L’inconnu de Mer frappée » : Chapitre VII

— Par Robert Lodimus —

Chapitre VII

L’INJUSTICE

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Les deux militaires nous ont conduits, mon père et moi, dans une pièce sous- éclairée où l’on observait à l’arrière une table de bureau tellement blafarde, que le bois avec lequel elle était fabriquée semblait remonter à l’Âge de pierre. Sur le mur du fond, les regards hébétés, interloqués biglaient un crucifix qui représentait un Christ inoffensif, à moitié dévêtu, avec la tête souffrante légèrement penchée – comme toujours – vers l’Hyperborée. La salle était presque vide, à part une vieille armoire en acajou qui s’ajoutait au décor, et sur laquelle traînaient quelques cartables empilés de manière désordonnée. On avait facilement deviné qu’il s’agissait des dossiers de prisonniers politiques ou de droit commun incarcérés, libérés, décédés, assassinés ou exécutés… Le sergent Odilon, le mari de Mirana, accompagné de quatre « troufions », avait procédé lui-même à l’arrestation de Jésula Destiné. Le bizarroïde – révélation plutôt étonnante – venait du royaume lumineux d’Henri Christophe. Les yeux du sous-officier avaient la teinte rougeâtre du soleil couchant; son nez large et plat restait vissé sur un faciès lunaire; ses lèvres découvraient des gencives violettes qui soutenaient des dents brunies par la fumée des « cigarettes Splendid».

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Le Festival Mois Kréyol — 9e édition : « Au-delà des mers au pluri’L »

— Par Sarha Fauré —

Une célébration vivante des cultures créoles et ultramarines

Depuis 2017, le Festival Mois Kréyol s’est imposé comme un rendez-vous incontournable des langues et des cultures créoles dans l’Hexagone et au-delà. Porté par la compagnie Difé Kako et sa directrice artistique, la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal, ce festival itinérant propose chaque automne un véritable tour d’horizon des expressions artistiques issues de l’Outre-mer et des mondes créolisés.

Né de la volonté de donner une visibilité accrue aux artistes ultramarins, le festival fédère aujourd’hui un large réseau de partenaires, de villes, de lieux culturels et de publics engagés autour d’un projet ambitieux et collectif. Il mêle spectacles, performances, projections, expositions et ateliers, dans une programmation riche, accessible et ouverte à toutes les générations.

Thème 2025 : « Au-delà des mers au pluri’L »

Pour sa neuvième édition, le Festival Mois Kréyol explore la mer comme symbole de lien, de traversée, d’échange et de métissage. Mers et océans relient les territoires, les mémoires et les peuples. Ils sont les vecteurs d’histoires partagées, de créations multiples, de savoirs en mouvement.

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« Impermanence » & « Partir, c’est mourir un peu… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Impermanence

Que devient l’ombre dans la nuit
quand plus aucun soleil ne luit ?
La vie, jour après jour, nous fuit
car le robinet du temps fuit…

Naître est déjà mourir un peu,
l’âge nous cuit à petit feu…
Bientôt ne demeurent que cendres
qu’un vent disperse sans attendre !

Nos paroles ne sont qu’un bruit
que très vite les gens oublient
et, même notées par écrit,
restent soumises à l’entropie…

Tout ce qui vit a une fin
et nul n’échappe à ce destin.
Bien que ce constat soit amer,
nous sommes des êtres éphémères !

Partir, c’est mourir un peu…

Partir un beau jour comme un nomade,
sans un adieu et sans laisser d’adresse…
Partir sans claquer la porte,
sur la pointe des pieds, sans faire de bruit,
sans le moindre mot ni cri,
sans point d’exclamation,
comme une parenthèse qu’on
aurait oublié volontairement de refermer
sur des points de suspension
et un joli point d’interrogation…
Se fondre dans la brume et disparaître
tel un mystère irrésolu…
N’être plus qu’une absence,
un manque que l’on ressent
un peu, du moins pendant quelques temps
avant de sombrer dans le néant de l’oubli…
Laisser quelques traces éphémères
juste pour donner à penser…
Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille
et parfois même un torrent de boue,
tant qu’on le peut il faut rester debout
mais, de toute façon, tout au bout
c’est dans la mer qu’on se perd…
On pourrait aussi bien dire dans la mor(t)
même si l’on n’est pas Breton

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L’éphéméride du 20 septembre

Décès d’Alexis Leger, dit Saint-John Perse, le 20 septembre 1975

 » S’en aller ! S’en aller! Parole de vivant ! »

Alexis Leger, dit Saint-John Perse, né le 31 mai 1887 à Pointe-à-Pitre et mort le 20 septembre 1975 à Hyères, est un poète, écrivain et diplomate français, lauréat du prix Nobel de littérature en 1960.

En marge des mouvements littéraires de son époque, sa poésie, en versets, est réputée pour son hermétisme, mais aussi pour sa force d’évocation. Il reçoit le prix Nobel de littérature « pour l’envolée altière et la richesse imaginative de sa création poétique, qui donne un reflet visionnaire de l’heure présente ».

Biographie
Jeunesse et débuts diplomatiques
Fils d’Édouard Pierre Amédée Leger, avocat-avoué en Guadeloupe à partir de 1873, et de Marie Pauline Françoise Renée Dormoy, fille d’une famille de planteurs guadeloupéens3, Alexis Leger naît au no 54 rue Achille-René-Boisneuf à Pointe-à-Pitre. Il y passe son enfance, ainsi qu’à l’îlet Feuille où il découvre la nature, et surtout dans les deux importantes demeures familiales que sont « La Joséphine » — une caféière sur les hauteurs de Saint-Claude au sud de Basse Terre — et « Le Bois-Debout » — une exploitation de canne à sucre à Capesterre — qui marqueront son imaginaire.

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LIRE : La langue des choses cachées, de Cécile Coulon 

— par Janine Bailly —

Cécile Coulon est une jeune romancière, nouvelliste et poétesse, qui dès l’âge de seize ans fit une entrée prometteuse en littérature en publiant un premier roman, Le voleur de vie, pour lequel il serait parlé de « langue coup de poing ».

Elle nous livre en 2024, avec son neuvième opus, La langue des choses cachées, une histoire singulière, qui par son sujet pourrait décontenancer un lecteur rétif à l’irrationnel des choses. Parce que ses personnages sont de ces guérisseurs, magiciens, rebouteux ou sorciers qui entrent dans le secret des âmes, que l’on appelle quand la médecine ordinaire s’est avérée impuissante à soulager les maux du corps. Parce qu’ils sont ceux qui soignent, qui guérissent ou conduisent vers la mort. Et qu’ils possèdent un don de divination, dans la mesure où ils découvrent ce qui est caché, par des moyens autres que ceux d’une connaissance naturelle ou scientifique : ils pressentent, entendent, voient et déchiffrent les secrets enfouis au cœur le plus profond des maisons et des hommes, débusquent ce que d’ordinaire l’on tait, bien serré dans les liens tissés au sein obscur des familles.

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« Un Haïtien au cœur de la gouvernance éducative mondiale : Nesmy Manigat promu par le GPE »…

ou l’éloge de la corruption, du népotisme et de l’impunité

—Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Lettre ouverte à Laura FRIGENTI

Directrice

Global partnership for Education / Partenariat mondial pour l’éducation

701 18th Street N.W.
2e étage
Washington D.C., 20006
États-Unis d’Amérique

NOTA BENE / Cette lettre ouverte est acheminée à sa destinataire en version originale française et en traduction anglaise.

Madame la Directrice générale,

Les remontées de terrain qui nous parviennent d’Haïti confirment, toutes, la stupeur et la réprobation d’un grand nombre d’enseignants et de directeurs d’écoles à l’annonce de la nomination de Nesmy Manigat, ancien ministre de l’Éducation d’Haïti, au poste d’« envoyé et conseiller de haut niveau promu par le GPE » au cœur de la gouvernance éducative mondiale. Une telle annonce a une résonance particulière dans l’écosystème éducatif haïtien amplement dévoyé et corrompu, ces douze dernières années, par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, écosystème dont le ministre Nesmy Manigat était la « vedette médiatique » et l’ordonnateur. Elle intervient également dans le prolongement du vaste scandale de corruption, de gabegie administrative et financière et de népotisme au Fonds national de l’éducation d’Haïti : Nesmy Manigat a été président du Conseil d’administration de cette institution à deux reprises.

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« L’inconnu de Mer frappée » : Chapitre VI

— Par Robert Lodimus —

Chapitre VI

LE RAPPEL À L’ORDRE

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« Je n’ose plus regarder
Ce spectacle déchirant
Des bras fatigués
Qui tendent
Vers un ciel de plus en plus avare
Des yeux qui n’ont plus de larmes
Pour évacuer
Les souffrances de la misère
Des corps qui n’ont plus de jambes
Pour échapper
Aux flammes des calamités
Des poignets qui n’ont plus de mains
Pour s’agripper
Aux branches de l’espoir »

(Robert Lodimus, extrait de Vers L’aube de la Libération, poésie)

_______________________

Durant un long moment, mes pensées vagabondaient dans un couloir de souvenirs cauchemardesques. Et comment pouvait-il en être autrement au pays de l’hypertrophie de la phobie collective et de la mort violente ? Je me rappelle ce matin pluvieux où Clément, un membre proche de la famille, annonçait à mes parents qu’il avait décidé de s’expatrier à New York. Depuis la disparition de son frère aîné Ricot, enlevé de son foyer en pleine nuit à Port-au-Prince, celui-ci craignait pour la sécurité de son épouse, pour celle de ses enfants et pour la sienne. Émilio lui demandait s’il avait bien pris le temps de réfléchir.

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Tan bad

— Par Danile M. Berté —

Tan bad

Nou za pasé dé tan ki bad
Dot mové tan ki siper bad
Eti sé pa té kouyonnad
Lavi sé pa té kalvakad

Nou za sibi tan ladérad
Ladjoukan épi boul brimad
Eti nou pran bon andjélad
Siplis kout fret an dékalad

Nou za viv lé tan mizérad
Tranmanntè siklòn volkannad
San brè san manjé ek san rad
Ek nou rété pou la plérad

Nou za wouklé tan kovidad
Kriyé an tan klòwdékonad
Sonbré adan tan sawgasad
Toufé an tan lé brim-de-sad

Nou za brilé tan barikad
Lé manmblo pa fè rigolad
Lakrimo an tjou kanmarad
Radaw ka fini an griyad

Nou rivé an tan fiziyad
Kalach révolvè mitrayad
Drog vol moto chenn an kaskad
Sé senmitjè pou la plérad

Daniel M. Berté 100925

 

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Arpentage de la délinquance à cravate 

Enex Jean-Charles, juriste et architecte-en-chef d’une nouvelle arnaque constitutionnelle en Haïti

 —Par Robert Berrouët-Oriol (*) —

Paru dans Le Nouvelliste du 4 septembre 2025, l’article de Jean Junior Célestin, « On est en situation de rupture de l’ordre constitutionnel, déclare Enex Jean-Charles », éclaire adéquatement les acrobaties et les délictueux arguments « juridiques » d’Enex Jean-Charles » dans l’inépuisable saga de la « réforme constitutionnelle » en Haïti. Depuis 1987 l’obscure saga de la « réforme constitutionnelle » mobilise nombre d’« intellectuels serviles », éternels paka pala et funambules patentés de la scène politique locale, parmi lesquels Jerry Tardieu, ancien député et intrépide faussaire dans l’affaire d’un faux diplôme de maîtrise qu’il prétend avoir obtenu, en Belgique, d’une institution universitaire qui n’existe même pas. Aujourd’hui la saga labyrinthique de la « réforme constitutionnelle » –qui vient d’être actualisée par un Conseil présidentiel de transition indocte, erratique, fantasque et mutique–, est alimentée par un juriste et ancien Premier ministre, Enex Jean-Charles. NOTE – Sur la problématique des « intellectuels serviles » au pays des « bandits légaux », voir l’article « Le rôle des « intellectuels serviles » dans l’arsenal idéologique érigé par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste », par Robert Berrouët-Oriol, Médiapart, Paris, 22 novembre 2024.

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L’exil

— Par Robert Lodimus —

L’exil

L’exil
C’est la mort
On vieillit
On maigrit
La famille
Les amis
Les souvenirs
Les rues de notre enfance
Tout se confond dans notre mémoire
Au fil du temps qui passe

L’exil
C’est la feuille verte
Détachée de sa branche
Que le vent de la peur
Ou de la misère
Partout traîne rageusement
Et qui va sécher
Dans la savane
Les soirées de glace
Démaillent les illusions
Et les fantasmes
Sur les joues creusées
À coups de nostalgie
Se déploient
Comme sur un tissu à rayures
Les stigmates indélébiles
De l’exil tourmenté
Liberté
Ils ont assassiné
Notre « Soleil »
Tu n’existes plus

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« Mots pour maux… » & « Presque rien… »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Mots pour maux…

Mes mots brûlent comme des flammes !
S’ils ne sont pas écrits ou dits,
alors c’est mon âme qu’ils crament…
Pour éteindre cet incendie,

il faudra donc que je me mouille,
de publier que j’aie les couilles
même si ça doit vous choquer !
Ils ne sont pas faits pour flatter

mais pour réveiller les esprits
d’une humanité endormie,
stigmatiser l’iniquité,
les injustices et l’oppression

afin de mettre la pression
aux profiteurs, aux dictateurs
et pour réparer leurs erreurs,
changer le sens de la terreur…

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« L’inconnu de  Mer frappée » : Chapitre V

— Par Robert Lodimus —

Chapitre V

L’ARRESTATION

Mon père paraissait étonné de me voir. Il m’a pris dans ses bras et m’a serré très fort contre lui. Le sergent Oscar, qui habitait presqu’en face de nous, contemplait de loin la scène émouvante de retrouvailles. Il nous a salués timidement de la main. Son visage découvrait de l’embarras. Oscar ne portait jamais d’armes à feu. Lorsqu’il n’était pas à la caserne, il discutait des parties de dames avec les adultes de la place ou jouait aux billes en compagnie des gamins qui l’appelaient respectueusement « oncle Oscar ».

Racontez-moi pour les examens, fiston !

Je crois que tout s’est bien passé. Je n’ai éprouvé aucune difficulté.

Votre mère, votre frère et votre sœur, ils vont bien ?

Oui, tout le monde va bien…

Cela fait plaisir de le savoir. L’important pour moi, c’est que vous n’êtes pas menacés…

Quand est-ce que vous allez revenir à la maison ?

Bientôt ! Enfin,… bientôt !

Pourquoi vous gardent-ils ici ?

Je ne sais pas !

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L’inconnu de Mer Frappée : Chapitre V

— Par Robert Lodimus —

Chapitre V

L’ARRESTATION

« Sous un gouvernement qui emprisonne injustement, la place de l’homme juste est aussi en prison. »

(Henry David Thoreau) 

Mon père savait ce qu’il disait, quand il m’a conseillé de faire attention à ce que j’écrivais dans mes cahiers de poèmes. Il avait lui-même fait l’expérience douloureuse et humiliante de l’emprisonnement politique. N’était-ce la présence d’Hestia, la déesse de la sécurité et du bien-être de la famille, il aurait même pu y laisser sa vie, comme d’autres victimes plus malchanceuses. Certains détentionnaires – parmi lesquels des professeurs de sciences sociales, des avocats membres du Barreau des Gonaïves, des médecins de famille, des élèves de lycée, des ouvriers, des porte-faix, des commerçants… – étaient transférés dans les goulags de la capitale, particulièrement vers les prisons de Fort Dimanche et des casernes Dessalines. La ville ne les avait plus revus. Les parents souffraient et pleuraient en silence, par crainte d’être dénoncés. Ces compatriotes avaient été interrogés par des puissants chefs macoutes – comme Luc Désir, Mme Marx Adolphe, Lisius Jacques, Zacharie Delva – et des militaires barbares – tels que Jean Tassy, Abel Jérôme, Max Valmé, Franck Romain… – qui, au mépris de la loi, les avaient jugés, condamnés, emprisonnés et conduits au poteau d’exécution.

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Man tann di

— Par Daniel M. Berté —

Man tann di
Ki fo kouté pou tann
Ki fo tann pou konprann
Ki fo konprann avan di

Man tann di
Ki sé pa tousa ou tann pou di
Ki sa’w tann ou pa oblijé di’y
Ki vomié bien tann sa ki di avan’w di

Man tann di
Ki ou pé di sa’w pa tann
Ki ou pé tann sa ki pa di
Ki sé pa toudi di, sé bien di ki di

Man tann di
Ki menm si’w ni la tet di
Kon tala ki té di « la-tet-di-jé-ni »
Ki ou pé tann sa ki di

Man tann di
Ki lè milé tann kout tonnè mwa dawou
Ki i ka drésé dé zorey-li pou mié tann
Ki sé pa pou otan i ka di

Man tann di
KI sé pa jou ou lévé gro pwa ou ka trapé grodi
Ki sé pa jou ou manjé tè ki bouden’w ka grosi
Ki bef pa janmen di savann gran mèsi

Man tann di
Ki moun a djol pann pa ka pran konmédi
Ki sa mel ka di anlè, pa sa’y ka di atè
Ki bo tjou bouwo ou pann, pa bo’y ou pann

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