Catégorie : Théâtre

Appel à écritures théâtrales

Textes en Paroles lance un nouvel appel à écritures théâtrales pour des textes spécifiquement destinés à la jeunesse1, dans le cadre du projet

Jeunes scintillements de la résistance ».

Les textes, en français et/ou en créole, doivent s’adresser à un jeune public ; les auteurs et autrices doivent être majeurs et disposer d’un lien avéré, par leur origine, leur résidence ou leur écriture, avec la Caraïbe ou les Amériques, dans leur dimension historique, culturelle, politique ou poétique.

Pour cet appel à textes, deux axes d’inspiration sont proposés (sans caractère obligatoire) :

1. Le thème du 1er juin des écritures théâtrales jeunesse 2025 :

« Rallumons les étoiles » pour inviter la jeunesse à rêver, à penser et à raviver les braises de l’imaginaire et de l’engagement.

Le thème : « Femmes et résistances dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes » – inspiré de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, pour faire surgir des figures méconnues, des récits oubliés, des actes de courage, de transmission et de subversion portés par des femmes.

Les textes ne répondant pas à ces deux axes sont également les bienvenus, la qualité littéraire et dramaturgique demeurant le critère fondamental d’évaluation de cet appel à écriture.

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« La Distance », de Tiago Rodrigues

— Par Michèle Bigot —

2077! Nous voici plongés en pleine anticipation. Que se passera-t-il à cette date, redoutée ou espérée? Ce n’est hélas! pas si difficile de l’imaginer. Aujourd’hui déjà on entend les clameurs de ceux qui désespèrent de tout avenir de l’humanité sur terre et préfèrent réitérer l’histoire des hommes sur Mars. En imaginant, non sans quelque naïveté, qu’une société initiée par E. Musk pourrait apporter richesse et félicité à la société des hommes, quand il est manifeste que ces nouveaux prêcheurs ont une foi absurde dans le progrès technologique. Et tous les autres de trembler à l’idée de ce nouvel Eldorado imaginé par les oligarches du numérique! Comme le dit si justement le père ( interprété par Adam Diop) il existe deux définitions de l’espoir. La première, celle qui a cours, hélas, dans les esprits de beaucoup d’entre nous, comme dans l’esprit de la fille (interprétée par Alison Dechamps) est une projection heureuse dans un avenir forgé par l’I.A. On l’appelle encore « le progrès ». La seconde définition, celle que défend le père, et avec lui bon nombre de terriens qui refusent de sombrer dans le désespoir, repose sur un juste combat pour la défense de la justice et de la nature.

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« Roda Favela » de Laurent Poncelet

Les Artistes et les spectateurs pris au piège du metteur en scène. Plus pauvre que la misère, c’est la pauvreté de la mise en scène

— Par Jandira Bauer —

Dans cette création inspirée de la vie dans une favela de la ville de Recife au Nord-Est du Brésil, où la réalité est puissante, le piège de la caricature ou de la « folklorisation » de la mise en scène reste un parti-pris fort dangereux. En général, le Théâtre immersif ou engagé convie le public à une implication émotionnelle. Nous, spectateurs, devenons alors complices ou otages de la mise en scène durant la représentation, peu importe la manière dont l’œuvre est construite.

Lire aussi « West Side Favela » par Michèle Bigot

Dans Roda Favela les artistes jouent des rôles inspirés de témoignages, construits de toutes pièces durant la représentation, les « gens » de la favela et la favela elle-même sont à nos pieds. Le metteur en scène sature l’espace scénique d’images en insistant lourdement sur la pauvreté, la misère, la violence. Cette surenchère visuelle devient un dispositif spectaculaire, non pour éveiller une conscience lucide, mais pour frapper les regards étrangers, les spectateurs extérieurs à cette réalité qui demeure un objet esthétique : une misère bien réchauffée sans véritable nouveauté ni authenticité, et surtout dénuée de clés de compréhension, comme si le spectateur, surtout s’il est étranger à cette réalité, avait besoin d’être assommé pour comprendre.

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La Légende de Zadou – L’affaire René-Louis-Gaétan Beauregard

Lundi 21 juillet 19h30, au T.A.C. ‘ Théâtre Aimé-Césaire) FdF
Une tragédie sociale, une histoire d’amour contrariée, un cri de douleur et d’espoir…

Un œuvre de José Alpha, auteur, dramaturge et metteur en scène, qui explore l’histoire d’un homme brisé par l’amour et la trahison, et qui devient, malgré lui, un symbole de résistance.

Inspirée de faits réels qui ont marqué la mémoire de la Martinique entre 1942 et 1949, La Légende de Zadou retrace l’épopée tragique de René Beauregard, un homme dévoré par la jalousie, qui, après avoir tué sa femme, se réfugie dans les mornes pour une cavale de sept ans. À travers cette pièce, nous plongeons dans les failles de l’âme humaine, confrontée à l’injustice, la douleur et la survie. Un héros tragique, oubliée par l’Histoire, mais vivant dans la mémoire des résistants.

José Alpha mêle mythe, mémoire et poésie pour créer un théâtre de vérité, à la fois populaire et militant. C’est une histoire d’amour, de colère, de résistance et de quête de dignité.

Interprétation :

  • Ahmed Diakité dans le rôle de Zadou, un homme dévoré par la douleur et la passion.

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« Le Sommet » & « L’évènement »

— Par Michèle Bigot —
Le Sommet, Christophe Marthaler, Avignon In, La FabricA
L’évènement, SCH, Christophe Marthaler,  Avignon Off, La Manufacture

Le Sommet

Dada chez les Helvètes

C’est devenu la signature de Christophe Marthaler, de mêler les langues européennes et de jouer du décalage systématique entre réalité sociopolitique et univers de la fiction dramatique. Héritier de Dada, Il oeuvre sans relâche à la remise en cause des conventions, fussent-elles théâtrales. Le mouvement esthétique dadaïste est né à Zurich, et ses enfants sont aujourd’hui légion en terre helvète. Rien n’est moins convenable et moins convenu que ce sommet bidon que nous propose Marthaler, dans lequel les supposés grands de ce monde se réunissent sur les hauteurs ( La Suisse s’est fait une spécialité des rencontres au sommet à vocation diplomatique ou économique, Genève, Davos etc.). Allusion en passant au Berghof, à Berchtesgaden! Les sommets, supposés favoriser l’élévation de l’esprit n’ont souvent enfanté que des fadaises, du cynisme ou de la monstruosité.

D’où l’entreprise de démolition programmée par Mathaler et sa troupe. Une poignée de Pieds Nickelés se retrouvent dans un chalet de haute montagne.

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« Wasted » & « Nexus de l’adoration »

— Par Dominique Daeschler —

Derrière ce titre (gaspillé, raté, défoncé), quatre vies qui vont le justifier à travers dialogues, monologues, chants. L’auteure, rompue au « spoken word » et à l’usage du vers shakespearien slamé, a trouvé une authenticité dans la parole donnée à ses personnages qui fait d’emblée du public un témoin de leur détresse. Martin Jobert metteur en scène a choisi des acteurs qui ont l ‘âge de leurs personnages Ted, Charlotte, Dan ( 25 ans environ) ce qui renforce ce côté de «  plein pied », d’invitation à partager avec des potes.

Ces potes, rassemblés pour l’anniversaire de la mort de Tony qui les a secoués dans les rêves de leurs 15 ans rattrapés par le trio fête-drogue- alcool. Qu’ont-ils fait depuis ? Qu’auraient-ils fait avec lui ? Dans la vacuité du quotidien , passés à côté de leurs rêves, le temps ne leur fait pas de cadeau. Chacun réagit différemment . Ted s’il admet faire un boulot qu’il déteste voit dans sa vie tranquille, le salaire régulier et les petits bonheurs du quotidien des choses qui l’aident à vivre : fumer parce qu’il fait froid, entendre la clé de sa compagne tourner dans la serrure.

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À Almada, le Marius de Joël Pommerat

Donner corps à ses rêves

— Par Janine Bailly —

« En 2014, je suis sollicité par le directeur de la Scène nationale de Cavaillon, Jean-Michel Gremillet, pour aller rencontrer Jean Ruimi, une personne incarcérée à la Maison Centrale d’Arles, qui veut monter une pièce qu’il a écrite et qui a exprimé le désir de la mettre en scène. » Par ces mots, Joël Pommerat rappelle les circonstances qui l’ont conduit à mettre en scène Marius, une version contemporaine de la pièce écrite en 1929 par Marcel Pagnol, et portée de nombreuses fois à l’écran. Le courant passe aussitôt entre Joël et Jean ; après un long échange, le metteur en scène accepte d’intervenir en milieu carcéral, où il crée des ateliers, qu’il anime quelques jours par mois. Il aide Jean à écrire et faire jouer sa première pièce, forme les détenus qui pour certains découvrent le théâtre en prison. Et parce que nous sommes en Provence, que ces hommes sont de Marseille ou de la région, vient l’idée de se référer à Pagnol, figure incontournable et symbolique du Sud de la France.

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« Le Canard sauvage », « Made in France » & « Faire commune »

—Par Dominique Daeschler —

« Le Canard sauvage », texte d’Ibsen, Adaptation et m.e.s. T Ostermeier

Thomas Ostermeier est à son aise dans l’univers confiné d’Ibsen, celui du 3théâtre de Chambre, où tout se rétrécit pour piéger les protagonistes dans leurs non-dits. Petit à petit des secrets bien gardés sont révélés par Gregers le fils de famille pour qui la vérité est une éthique qui ne peut apporter que le meilleur : la famille des Ekdal en sera détruite. La bourgeoisie est analysée comme une décadence, soumise au pouvoir de l’argent qui doit tout résoudre, sans affect, sans culpabilité.

De façon assez didactique, Thomas Ostermeier crée un décor tournant, salon des riches d’un côté où Werle célèbre par une fête le retour de Gregers, de l’autre le studio de photo- cuisine- salon d’un ancien camarade de classe dont le père a été un proche collaborateur de Werle avant d’ être ruiné par une affaire qui l’a conduit en prison. Les pauvres sont à la merci des riches : commandes, pension…Bientôt l’action se resserre sur le seul lieu de vie des pauvres car Gregers vient habiter chez les Ekdal, afin de distiller son amour de la vérité.

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« Opéra Poussière » au Festival de Fort-de-France

—Par Selim Lander —

Création du 54e Festival de Fort-de-France, cette pièce haïtienne pour l’écriture (Jean d’Amérique (1)) et la mise en scène (Jean-Erns Marie-Louise) mais avec une distribution africaine et en partie martiniquaise est une vraie réussite formelle. Certes, l’argument est mince : Sanite Bélair, une héroïne de la guerre d’indépendance haïtienne demande à un hougan (« prêtre » vaudou) de la ressusciter car elle a des choses à dire à ses compatriotes d’aujourd’hui, et pour commencer qu’ils ont tort d’oublier la part des femmes dans la guerre contre les Français, à commencer par sa part à elle qui fut sergente dans l’armée de Toussaint Louverture. On ne sait pas si elle ressuscitera vraiment, même s’il semble que ce soit le cas à la fin de la pièce mais elle fera parler d’elle, et d’une manière ou d’une autre parviendra à se manifester auprès des Haïtiens d’aujourd’hui, la télévision s’étant saisie de ce fait divers peu ordinaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, plutôt une suite de tableaux qui font progresser l’action vers la réapparition réelle ou rêvée de l’héroïne.

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« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »

— Par Dominique Daeschler —

« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri

Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art.

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Du côté du TOMA

— Par Dominique Daeschler —

Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.

Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin 

Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.

Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer

Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté.

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Comment gâcher sa vie (avec style)

« WASTED », texte de Kae Tempest, m.e.s. de Martin Jobert, | Avignon off, le 11.Avignon

— Par Michèle Bigot —

Trois personnages en quête d’avenir, en recherche de sens, habités par la nostalgie de leur passé récent, mais hélas bien (ou mal) passé! Trois amis trentenaires en perdition se réunissent pour célébrer les dix ans de la mort de leur ami Tony. Le premier est un musicien en quête de reconnaissance, le second est prisonnier d’un « bullshit job » dans une entreprise minable et la troisième dispense des cours à des élèves défavorisés, encore plus blasés qu’elle. Les trois font un concours de ratage programmé et de nullité existentielle. Dis comme ça, on pourrait croire que le spectacle est aussi affligeant que le destin des personnages.

Or c’est le contraire qui advient. Les trois acteurs rivalisent d’auto-dénigrement, mais avec tant d’humour, tant de lucidité et tant de tendresse réciproque que ça devient attachant. Les dialogues sont ciselés, percutants et drôles. Le jeu des comédiens est parfaitement juste: chacun habite son personnage au point de le rendre follement présent. On rit, mais on rit jaune.

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M., entre sainteté et folie

« M. Un amour suprême », conception, texte, m.e.s. Gustavo Giacoso, musique: Fausto Ferraiuolo | Festival d’Avignon, Theâtre des Halles

— Par Michèle Bigot —

Le tandem Gustavo Giacoso-Fausto Giacoso était déjà venu nous enchanter l’an dernier, dans la même chapelle du Théâtre des Halles. Cette fois-ci encore, ce spectacle, quoique humble dans sa dimension scénique, nous transporte instantanément par son lyrisme et la magie de son évocation.

Fidèle à son intérêt pour l’art brut, Gustavo Giacoso nous raconte en sept tableaux l’histoire d’une femme, nommée M.(de son vrai nom Melina Riccio) qui quitte son sud natal pour s’installer à Milan, petite couturière appelée à devenir une célèbre styliste. La voici adulée du public et des media, mariée, installée et mère de famille, quand soudain, écoeurée par la célébrité et la fortune, elle décide de tout quitter, son métier, sa famille (elle a trois enfants) pour partir le long des routes comme une errante, pour prêcher l’amour et dénoncer la société de consommation. Adepte de Saint François, elle devient tour à tour une sainte, une folle, une artiste. Ses installations, réalisées à l’aide d’objets hétéroclites trouvés parmi les déchets dérangent bousculent ou séduisent.

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Résistances russes au plateau

« Last of the Soviets », conception et m.e.s. Petr Bohac

— Par Michèle Bigot —

La Russie est très présente sur la scène théâtrale française. Non la Russie impérialiste et la barbarie d’un Poutine, mais la Russie des résistants, la Russie des démocrates et du peuple qui souffre. C’est ainsi qu’après La Guerre n’a pas un visage de femme, texte de Svetalana Alexievitch, mis en scène par Julie Deliquet, lors du Festival des Comédiens de Montpellier et après le spectacle Alexeï et Yulia, proposé au théâtre des Halles lors de la présente édition du Festival D’Avignon, on a pu assister à une nouvelle interprétation des textes de S. Alexievitch, dans un spectacle intitulé The Last of the soviets.

Cette proposition théâtrale réalise un montage de différents extraits, concernant aussi bien la catastrophe de Tchernobyl que la « grande guerre patriotique » ou l’effondrement de l’URSS.

Au plateau Inga Zotova-Mikshina et Roman Zotov-Miksin, deux acteurs russes en exil nous dévoilent avec humour la cruauté de la vie quotidienne en Russie soviétique. Dans un récit mené tantôt en russe tantôt en anglais, avec quelques parenthèses en français, ils nous content l’horreur, les massacres, la peur et la misère, sans jamais se départir de l’humour noir qui les sauve.

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Festival d’Almada : De Thomas Ostermeier et Édouard Louis, Histoire de la violence

— Par Janine Bailly —

Comment représenter sur scène la violence, dans l’intime et l’universel

En juin 2018, Thomas Ostermeier crée à la Schaubühne de Berlin la pièce Histoire de la violence ; il met en scène le texte qu’il a co-signé avec l’écrivain Édouard Louis à partir du roman autofictionnel de ce dernier. Depuis, le spectacle s’est donné à maintes reprises, en différents lieux, et c’est au festival d’Almada qu’il fait donc escale en ce mois de juillet 2025. 

Adapter cette oeuvre complexe relevait de la gageure, tant elle est polyphonique, qui donne sur un seul et même événement des perspectives différentes. Le récit, éclaté, se construit peu à peu, et sans ordre chronologique, suivant en cela la pensée erratique du protagoniste principal, Édouard qui, victime d’une violente agression sexuelle, est encore sous l’effet du traumatisme vécu. Mais le point de vue est aussitôt double, puisque l’on entend Clara narrer à son mari l’histoire que son frère Édouard lui a confiée. Si dans le roman ce dernier écoute, en embuscade derrière la porte, la façon parfois fallacieuse dont elle rapporte les faits – Édouard mentalement la corrige – il est à noter qu’ici, prenant une place de choix, Clara peut entrer en interaction avec les autres personnages.

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West Side Favela

Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025

— Par Michèle Bigot —

Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.

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Ma présentation du  Festival international de théâtre d’Almada

— par Janine Bailly —

Au Portugal, le 42° Festival international de théâtre d’Almada, outre qu’il occupe les diverses salles de spectacle de la ville, prend aussi ses quartiers de l’autre côté du Tage, investissant à Lisbonne le Centre Culturel de Belém et la fondation Culturgest. Dans sa déclaration d’intention, « Ouvir o público / Écouter le public », le Directeur artistique Rodrigo Francisco rappelle la coutume selon laquelle, depuis 1987, le public du festival a voix au chapitre puisqu’il vote pour désigner sa pièce préférée, celle qui reviendra l’année suivante, « o Espectáculo de Honra / le spectacle d’honneur ». Une tradition qui, selon Rodrigo Francisco, dirait les liens du théâtre et de la démocratie, dont le « berceau commun remonte à la Grèce antique ». 

Une des expositions organisées pour le festival permet aux spectateurs les plus assidus de se remémorer, par la grâce d’images et de courtes vidéos, toutes les pièces élues ! L’an passé, c’est La Tempesta qui a remporté les suffrages, dans la traduction de la pièce de Shakespeare, en langue napolitaine, qu’en fit Eduardo De Filippo – disparu en 1984 mais dont la voix enregistrée assure la narration et l’essentiel des dialogues.

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« Opéra poussière », texte Jean D’Amérique, m.e.s. Jean-Erns Marie-Louise

Au Théâtre Aimé Césaire – Les 11,12 et 13 Juillet 19h30

• 11-12 Juillet 2025 dès 20h30 – After au Théâtre Aimé Césaire :  bar et restauration dans les jardins du théâtre
• 11 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’une Performance poétique de l’auteur Jean D’Amérique
• 12 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’un Bord de scène : Conversation entre le metteur en scène Jean-Erns Marie-Louise et l’auteur Jean D’Amérique ,modératrice Erika Govindoorazoo, journaliste
• 13 Juillet 2025 à 9h30 – Brunch au Théâtre
• Tarif : 20€ – Billets en vente en ligne sur : clikeye.com & Guichet du Grand Carbet du Parc
Aimé Césaire – Infoline : 0696 21 33 08 /0596 71 66 25
• Durée : 1h20
Opéra Poussière est une pièce de théâtre écrite par l’auteur haitien Jean D’Amérique porté par le metteur en scène haitien Jean-Erns Marie-Louise. En résidence de création au BurkinaFaso puis au Bénin. La Cie La Thymélé achève sa dernière étape de création au Théâtre Aimé Césaire et proposera en avant-première ses premières représentations d’Opéra Poussière dans le cadre du 54ème Festival de Fort-de-France.

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De Césaire à Senghor, 27-28 juin 2025

— par Selim Lander —

Deux soirées consécutives à Tropiques-Atrium placées sous l’égide de Césaire pour l’une, Césaire et Senghor pour l’autre (1).

Un homme debout avec David Valère

David Valère est un comédien installé en Suisse, « martiniquais non par terre natale mais maternelle » comme il le dit lui-même, ajoutant que depuis qu’il renoue avec la Martinique, il se sent « martiniquais à 50 % comme un bon rhum agricole ». Il a quoi qu’il en soit une forte personnalité, un besoin de brûler les planches que les spectateurs, vendredi 27 juin, n’ont pu que constater. À ce propos, il avoue : « Je porte le jeu et le besoin de transformation comme une maladie incurable […] Cette fantaisie débordante m’a longtemps desservi, je ne l’ai pas toujours canalisée. Cela m’a valu de rater plusieurs auditions et castings » (in comedien.ch).

De fait, David Valère en fait des tonnes. On peut s’étonner de le voir, dans « une adaptation du Cahier d’un retour au pays natal », imiter (de manière fort convaincante de surcroît) torse nu un gorille, de le voir lécher ses doigts préalablement passés dans les poils de ses aisselles ou cracher sur la scène (et je passe un geste carrément obscène).

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« Un Homme Debout »,

Vendredi 27 juin à 19h30 — Tropiques-Atrium, Fort-de-France
Compagnie Cyparis Circus
D’après l’œuvre d’Aimé Césaire
Adaptation : David Valère et Stéphane Michaud
Mise en scène : Stéphane Michaud
Interprétation : David Valère

Un voyage poétique et politique, un cri pour la dignité, une ode à la liberté.


Un homme debout nous entraîne dans le sillage du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, ce poème incandescent devenu manifeste universel des peuples opprimés. Ce monologue théâtral, incarné avec force par David Valère, met en scène Cyparis, figure symbolique et héritier spirituel de Césaire, dans une quête de sens, de mémoire et de résilience.

Tour à tour émouvant, drôle et bouleversant, le spectacle alterne entre poésie et récit, drame et espérance. Depuis l’enfer de la colonisation jusqu’à l’espérance d’un monde réinventé, Un homme debout est un appel vibrant à se relever, à danser la liberté et à transcender les frontières. Cyparis, cet homme multiple, fils du feu et du verbe, arpente les ruines de l’Histoire et rêve encore d’un avenir lumineux.

À travers une mise en scène sobre et incandescente, Stéphane Michaud signe une fresque intime et collective, portée par la puissance poétique de Césaire et par une performance habitée.

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« Quand tu te tais… », représentation de la Classe Théâtre Jeunes

Mercredi 25 juin – 19h30 Tropiques-Atrium 
Entrée libre
La Classe Théâtre Jeunes est une formation initiale de théâtre pour les 17-30 ans de Martinique de Tropiques Atrium Scène nationale, qui contribue à l’émergence artistique de jeunes martiniquais dans le cadre de nos missions d’accompagnement, de développement et de professionnalisation. Cette classe permet de découvrir les prérequis à la professionnalisation des comédiens ainsi que les métiers du Théâtre !
Une dizaine de jeunes ont participé à cette classe cette saison et vous invite à découvrir leur talent !
Extraits de :
Tjè nou pa réparé d’Aurélie Marie Jourdain
Mise en scène José Dalmat
Prix spécial du Jury Etc_Caraïbe 2024 – Texte en cours d’écriture avec un accompagnement dramaturgique de Etc_Caraïbe

Le cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht
Mise en scène Arielle Bloesch
S’inspirant du jugement de Salomon, Brecht raconte sous forme de parabole une légende ancienne : l’histoire d’une fille de cuisine, Groucha Vachnadzé, qui abandonne tout pour sauver le fils du gouverneur, lors d’un soulèvement révolutionnaire. Elle s’attache à celui qu’elle considère bientôt comme son propre enfant. Quelques années plus tard, rentrée dans son village, elle se retrouve au centre d’un procès, instruit par un étrange juge.

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« Les mains parallèles », texte de Frantz Fanon, par l’Atelier Théâtre du Sermac

Mardi 24 juin 19h30| Mercredi. 25 juin 19h 30 | Théâtre Aimé Césaire, F-d-F | Gratuit | 
À propos
L’atelier Théâtre du SERMAC et First Caraïbes vous invitent à assister aux premières représentations d’une des tros pièces inédites de Frantz Fanon écrites entre 1949 et 1950.
Cette pièce a été écrite par Frantz Fanon en 1949 alors qu’il menait ses études de médecine à Lyon. Il s’inspire alors des drames poétiques surréalistes d’Aimé Césaire, notamment Et les chiens se taisaient publié pour la première fois en 1946. La pièce est conçue comme une tragédie classique grecque, avec chœur et se déroule sur l’île imaginaire de Lébos.
Le souverain de l’île est le roi Polyxos. Son fils, le prince Épithalos, est revenu pour épouser Audaline, fille du noble Ménasha. Il est cependant plus préoccupé par la contestation du règne de Polyxos, car sous son règne le peuple vit dans les ténèbres, sous un régime inféodé aux exigences des dieux, régime d’obscurité et de paix qui a duré 2000 ans. Déterminé à restaurer pour l’île et ses habitants le régime de la lumière du soleil, de l’événement et de la liberté, Épithalos tue son père et déclenche une révolution.

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« Quisaitout et Grobêta »de Colin Serreau, m.e.s. Arielle Bloesch

Mardi 17 juin – 19h30 | Tropiques-Atrium
Représentation Atelier Théâtre Amateur –
Ils voyagent. Partir du désert, traverser la mer, arriver dans un jardin, le perdre, retrouver le désert, retrouver le jardin… Celui en nous qui est en bas, qui sommeille, toujours se mouvant pesamment comme dans de l’eau, et avec ça goinfre, indécent, bête, bête, bête. Celui en nous qui a peur et cherche à quoi ressemble cette vie, alors qui nomme les choses, brouillard de mots qui n’éclairent rien. Et cette vie qui avance, puissante, inéluctable comme un ventre mûr. Savoir ne pas savoir.
« Quisaitout et Grobêta » est une pièce philosophico-comique tout public. Le maître et le valet entreprennent un voyage initiatique au cours duquel ils vivront de nombreuses aventures : traversée d’océan, du désert, rencontres, bal, course poursuite. Cette pièce cherche à nous déstabiliser et nous invite à réfléchir sur soi, les autres et sur le monde. Ceci avec un humour à la fois clownesque et léger comme sait le faire avec génie Coline Serreau.
« Quisaitout et Grobêta est un feu d’artifice qui laisse fuser plusieurs messages d’humanité, de respect, de tolérance, d’amour, d’espoir et de rêve. 

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« La guerre n’a pas un visage de femme », m.e.s. de Julie Deliquet

— Par Jandira Bauer—

« La guerre n’a pas un visage de femme », titre de l’ouvrage de Svetlana ALEXIEVITCH publié en 1985 en URSS (censuré pendant plusieurs années), constitue d’emblée un acte de subversion littéraire et mémorielle.

L’auteure y dénonce à la fois une invisibilisation historique et un stéréotype profondément enraciné dans les représentations collectives : celui d’une guerre fondamentalement masculine. Ce titre fonctionne donc comme un renversement symbolique destiné à interroger non seulement le statut des femmes dans les conflits armés, mais aussi la manière dont les récits de guerre sont construits, transmis et légitimés dans les discours.

La négation paradoxale : La guerre n’a pas un visage de femme, suggère qu’elle (la guerre – nom féminin) devrait ou quelle pourrait en avoir un, et qu’il existe une dimension féminine occultée du conflit. Dans l’Histoire, le récit de guerre a longtemps été monopolisé par une écriture virile, épique ou tragique, centrée sur l’héroïsme, le commandement, le sacrifice et la victoire… Or, en relevant la parole de femmes ayant participé activement à la Seconde guerre mondiale — infirmières, tireuses d’élite, mécaniciennes, télégraphistes ou soldates –Alexievitch reconfigure la topographie de la mémoire : elle rompt avec une conception monolithique de l’Histoire militaire, pour ouvrir un espace discursif où l’émotion, la subjectivité, la mémoire intime ont droit de citer.

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« Manuela et le boxeur », texte & m.e.s. J.José Alpha

Mardi 10 juin à 14h
Espace Culturel Georges Gabriel Fitt Duval
Infrastructure sports et loisirs
536 Terres Gueydon, 97270 Saint-Esprit
Infoline : 0596 610 007

Par la Cie Téatlari – Théâtre de l’histoire des cultures créoles
Le récit de la tragédie qui marque l’histoire du grand boxeur martiniquais François Pavilla (1937-1968), triple champion de France de boxe des poids welters et super welters de 1964 à 1968, est pour la première fois, porté à la scène théâtrale par son épouse Manuela Pavilla née Graça (1931-2009).
C’est à partir des témoignages des ses proches et partenaires, du Club Spirit of Pavilla des Terres Sainville, des archives de la presse locale et nationale et de la Fédération Française de boxe (palmarès) que J. José Alpha va se nourrir pour créer une biographie romancée de la vie du champion de boxe .lequel tire sa révérence 10 ans après la naissance de la Vème République Française
Distribution : Gladys Arnaud / Eric Bonnegrace / Laurent.Troudard Texte et mise en scène : J. José Alpha (2023)

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