Catégorie : Théâtre

L’éphéméride du 1er octobre

Antonin Artaud publie le Manifeste du Théâtre de la Cruauté le 1er octobre 1932

Antonin Artaud, né à Marseille le 4 septembre 1896 et mort à Ivry-sur-Seine le 4 mars 1948, est un théoricien du théâtre, acteur, écrivain, essayiste, dessinateur et poète français.

La poésie, la mise en scène, la drogue, les pèlerinages, le dessin et la radio, chacune de ces activités a été un outil entre ses mains, « un moyen pour atteindre un peu de la réalité qui le fuit ».

Toute sa vie, il a lutté contre des douleurs physiques, diagnostiquées comme issues de syphilis héréditaire, avec des médicaments, des drogues. Cette omniprésence de la douleur influe sur ses relations comme sur sa création. Il subit aussi des séries d’électrochocs lors d’internements successifs, et il passe les dernières années de sa vie dans des hôpitaux psychiatriques, notamment celui de Rodez. Si ses déséquilibres mentaux ont rendu ses relations humaines difficiles, ils ont aussi contribué à alimenter sa création. Il y a d’un côté ses textes « fous de Rodez et de la fin de sa vie », de l’autre, selon Évelyne Grossmann, les textes fulgurants de ses débuts.

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«  Je veux parler à un humain », texte de Pierre Pastel, m.e.s. Aziz Héllal

Sur une scène parisienne !

Parler à un humain – une pièce que fait vibrer l’intelligence et le cœur

En septembre 2025, le Théo Théâtre à Paris a accueilli une création théâtrale aussi inattendue que brillante : Parler à un humain, inspirée de l’essai de Pierre Pastel, « Je veux parler à un humain », et mise en scène par Aziz Héllal, est portée par six comédiens habités.

Un procès fictif, une joute philosophique

Le spectacle prend la forme d’un procès imaginaire intenté à Victor Hugo, accusé pour sa manière d’aimer Juliette Drouet. Dans ce tribunal hors norme, Pierre Pastel s’impose comme l’avocat de l’amour, défendant l’écrivain à travers sa propre thèse de l’Amour Inconditionnel Universel. Ce face-à-face devient une joute verbale passionnante, où les émotions, les idées et les convictions s’entrechoquent.

Une époque sous emprise numérique

En toile de fond, l’intelligence artificielle s’infiltre dans les dialogues, les gestes, les relations. Les comédiens incarnent tantôt des humains, tantôt des entités numériques, illustrant avec finesse la mécanisation des affects et la fragilisation du lien authentique. Le spectateur est invité à réfléchir : sommes-nous encore capables d’aimer librement et vraiment, avec un amour non FAKE, dans un monde de connexions programmées ?

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Masterclass Théâtre Forum : Samedi 4 octobre 2025 | 8h30 – 16h00

Organisée par l’association Konbit, Quartier Desmarinières, 97215 Rivière-Salée
Inscription ouverte –

L’association martiniquaise Konbit organise une journée de formation autour du théâtre forum, une forme de théâtre participatif issue du théâtre de l’opprimé développé par Augusto Boal. Cette méthode vise à questionner les rapports sociaux, à ouvrir des espaces de parole et à expérimenter collectivement des alternatives face à des situations d’oppression ou de blocage.

Depuis 2008, Konbit développe des projets artistiques et pédagogiques en Martinique et dans la Caraïbe, en mobilisant le théâtre comme outil de sensibilisation, de dialogue et de transformation sociale. Cette masterclass s’inscrit dans la continuité de ce travail de terrain.

Objectifs de la journée

  • Découvrir les fondements du théâtre forum : origine, principes, cadre éthique et politique

  • Vivre une expérience de jeu collectif accessible à toutes et tous, sans prérequis en théâtre

  • Explorer des techniques de mise en scène participative

  • Réfléchir ensemble à la place du théâtre dans les démarches d’éducation populaire, d’action sociale et de transformation collective

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La Candidate

Une pièce de Jean-Luc Espinasse | Mise en scène : Caroline Savard | Production : Association El Lobo Bueno
Lieu : Téyat Otonom Mawon (T.O.M), La Croix Mission, Fort-de-France
Dates :

  • Jeudi 2 octobre à 19h (COMPLET)
  • Vendredi 3 octobre à 19h (COMPLET)
  • Jeudi 9 octobre à 19h
  • Vendredi 10 octobre à 19h

Une adaptation coup de poing d’un thriller haletant

Inspirée du roman Le Candidat de Jean-Luc Espinasse, La Candidate transpose sur scène un drame psychologique intense dans l’univers cruel et manipulateur de la téléréalité. Portée par la mise en scène de Caroline Savard, cette adaptation offre une lecture sombre, captivante et profondément humaine du roman original.

Le point de départ : un rêve brisé

Mike, un père désespéré, voit dans un jeu télévisé à succès sa dernière chance de sauver sa fille gravement malade. En finale, il s’apprête à remporter les 500 000 € tant espérés. Mais une manipulation du présentateur change le cours du jeu. Mike échoue… et sa vie bascule. Ruiné, humilié, brisé.

Un an plus tard : la vengeance comme unique moteur

Lorsque l’équipe du jeu remporte un prix pour sa popularité, Mike passe à l’acte.

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« Gabou Léboueur », Dominique Guesdon : texte | Jean-Claude Leportier : texte & m.e.s.

Les 9, 10 et 11 octobre à 19h30 au T.A.C. ( Théâtre Aimé Césaire)

Une création théâtrale de l’Association La Servante

En coproduction avec la Régie Autonome du SERMAC (ville de Fort-de-France) et la Compagnie Car’Avan Théâtre BoiKaré

Avec le soutien de la Collectivité Territoriale de Martinique et la Direction des Affaires Culturelles de Martinique

Un théâtre surréaliste pour marionnettes et comédiennes

« Gabou Léboueur » est une fable théâtrale singulière, mêlant marionnettes, jeu d’actrices, objets animés et poésie visuelle, portée par la plume de Dominique Guesdon et Jean-Claude Leportier, également à la mise en scène. Ce spectacle hybride et métaphorique convie le public à un voyage onirique, où le banal devient magique, et où la ville nocturne devient le théâtre des âmes en quête.

Le propos

Au cœur du récit, Gabou, éboueur solitaire de Fort-de-France, entame une errance nocturne après une rupture soudaine dans sa routine de travail. Fatigué physiquement et intérieurement, il s’arrête, puis quitte le camion-poubelle conduit par Trogne, chauffeur autoritaire et inflexible. Ce geste marque le début d’un voyage initiatique et sensoriel dans la ville endormie, peuplée de souvenirs, de voix oubliées et de rencontres aussi étranges que révélatrices.

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Appel à textes de théâtre Jeunesse 2026-2027 des Écrivaines et Écrivains Associés du Théâtre (E.A.T.)

Date limite : le 03 octobre 2025 à 11h59

Les Écrivaines et Écrivains Associés du Théâtre (E.A.T.) sont heureux de vous annoncer l’ouverture imminente de leur appel à textes de théâtre Jeunesse pour la saison 2026-2027. Cette initiative est ouverte à toutes les autrices et auteurs, sans condition d’adhésion préalable à l’association. Que vous soyez un talent émergent ou un auteur aguerri, nous vous invitons à soumettre vos œuvres les plus abouties et prometteuses.

Critères de sélection

Le comité de lecture jeunesse sera particulièrement attentif à la théâtralité du texte, sa singularité, et à la qualité de son écriture. Nous recherchons des pièces entièrement achevées, prêtes à être mises en scène ou publiées dans leur version actuelle. Si votre texte n’est pas encore finalisé, nous vous encourageons à attendre une prochaine session.

Valorisation des textes lauréats

Les textes lauréats bénéficieront d’une visibilité importante au sein du réseau des E.A.T., avec plusieurs possibilités de valorisation :

  • Mise en maquette et mise en espace : Les textes sélectionnés pourront être mis en espace lors des Jeudis Midis de la saison 2026-2027, avec la participation de metteurs en scène et de comédiens.

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« Juste seul, Cyparis », Texte et m.e.s. de Jean-Camille Sormain

Vendredi 19 septembre à 20h (10h pour les scolaires) | Samedi 20 septembre à 20h| Dimanche 21 septembre à 19h |Dans les ruines du Théâtre de Saint-Pierre – JEP 2025

À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2025, la Ville de Saint-Pierre vous invite à vivre une expérience théâtrale , au cœur de ses vestiges chargés d’histoire. Dans les ruines du Théâtre de Saint-Pierre, à quelques pas du cachot où il a survécu à l’impensable, découvrez « Juste seul, Cyparis », un texte fort et poétique signé Jean-Camille Sormain.

Ce spectacle nous plonge dans les trois jours terribles qui ont suivi l’éruption de la Montagne Pelée, en mai 1902. Enfermé dans une cellule minuscule, Louis-Auguste Cyparis (né Ludger Sylbaris), seul rescapé reconnu de la catastrophe, tente de survivre dans un monde soudain réduit au silence et aux cendres.

Un récit de survie, de mémoire et d’humanité

Cyparis est seul. Seul dans le noir. Seul dans une ville rayée de la carte. Autour de lui, plus rien. Ni rues, ni voisins, ni avenir. Il ignore si le reste de l’île a survécu, et si quelqu’un viendra.

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« Le Joueur d’échecs » : une adaptation vertigineuse au cœur de la folie, de l’Histoire et de l’humanité

Jeudi 11, Vendedi 12, Samedi 13 septembre à 19h30 au T.A.C. à FdF

— Par Hélène Lemoine —

Au théâtre, certaines œuvres ne cherchent pas à faire grand bruit. Elles s’installent doucement, presque en silence, mais laissent derrière elles une empreinte durable. C’est le cas du Joueur d’échecs, magistrale adaptation scénique de la dernière nouvelle écrite par Stefan Zweig, portée à la scène par André Salzet et la compagnie Carpe Diem. Un seul comédien, une chaise, des jeux de lumière, un texte inaltéré — et pourtant, une densité rare, un choc théâtral, une émotion nue.

À première vue, la nouvelle de Zweig semble rétive à la scène. Tout en elle repose sur l’analyse intérieure, la lente montée d’une tension psychologique, les non-dits, les regards, les pensées. Pas de dialogues à proprement parler, peu de situations spectaculaires. Mais c’est précisément cette apparente impossibilité qui a nourri le pari d’André Salzet : incarner l’ensemble du texte sans le trahir, donner vie à toutes ses voix, à tous ses silences, dans une forme dépouillée, presque ascétique. Un pari relevé avec brio.

Une rencontre en apparence banale : deux hommes, une partie, un paquebot

Le récit commence sur un paquebot transatlantique, entre l’Europe et l’Amérique.

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« Le joueur d’échecs », de Stefan Zweig, adaptation et jeu André Salzet, m.e.s. Yves Kerboul

Jeudi 11, Vendedi 12, Samedi 13 septembre à 19h30 au T.A.C. à FdF

Bientôt la 1400ème de Stefan Zweig
Traduction Jacqueline Desgouttes
Adaptation et interprétation André Salzet
Mise en scène Yves Kerboul
Régie lumières Ydir Acef
Résumé 

Sur le paquebot vers le Brésil, un homme découvre la présence de Czentovic, le champion mondial des échecs, réputé inculte et monomaniaque.
L’homme raconte la prodigieuse réussite du champion et comment, au cours d’une partie entre Czentovic et un passager, un inconnu intervient soudain et oblige le champion à déclarer la partie nulle.
L’homme s’intéresse alors à cet inconnu qui confie n’avoir pas joué aux échecs depuis vingt ans…

Proposition Résumé 2

Sur la scène, lumières, une chaise et un homme parle sur le ton badin de l’anecdote.

Au cours d’un voyage en paquebot, il s’est trouvé en présence du champion du monde d’échecs, Mirko Czentovic, un champion réputé inculte dans les autres domaines, un monomaniaque assurément un cas très curieux.

L’homme raconte Czentovic, son origine, sa prodigieuse réussite. Czentovic, bête, ignorant et cupide, mais ! champion du monde des échecs !

L’homme nous dit sa curiosité, et le stratagème pour attirer Czentovic dans une partie et l’observer.

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Appel à écritures théâtrales

Textes en Paroles lance un nouvel appel à écritures théâtrales pour des textes spécifiquement destinés à la jeunesse1, dans le cadre du projet

Jeunes scintillements de la résistance ».

Les textes, en français et/ou en créole, doivent s’adresser à un jeune public ; les auteurs et autrices doivent être majeurs et disposer d’un lien avéré, par leur origine, leur résidence ou leur écriture, avec la Caraïbe ou les Amériques, dans leur dimension historique, culturelle, politique ou poétique.

Pour cet appel à textes, deux axes d’inspiration sont proposés (sans caractère obligatoire) :

1. Le thème du 1er juin des écritures théâtrales jeunesse 2025 :

« Rallumons les étoiles » pour inviter la jeunesse à rêver, à penser et à raviver les braises de l’imaginaire et de l’engagement.

Le thème : « Femmes et résistances dans les sociétés esclavagistes et post-esclavagistes » – inspiré de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, pour faire surgir des figures méconnues, des récits oubliés, des actes de courage, de transmission et de subversion portés par des femmes.

Les textes ne répondant pas à ces deux axes sont également les bienvenus, la qualité littéraire et dramaturgique demeurant le critère fondamental d’évaluation de cet appel à écriture.

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« La Distance », de Tiago Rodrigues

— Par Michèle Bigot —

2077! Nous voici plongés en pleine anticipation. Que se passera-t-il à cette date, redoutée ou espérée? Ce n’est hélas! pas si difficile de l’imaginer. Aujourd’hui déjà on entend les clameurs de ceux qui désespèrent de tout avenir de l’humanité sur terre et préfèrent réitérer l’histoire des hommes sur Mars. En imaginant, non sans quelque naïveté, qu’une société initiée par E. Musk pourrait apporter richesse et félicité à la société des hommes, quand il est manifeste que ces nouveaux prêcheurs ont une foi absurde dans le progrès technologique. Et tous les autres de trembler à l’idée de ce nouvel Eldorado imaginé par les oligarches du numérique! Comme le dit si justement le père ( interprété par Adam Diop) il existe deux définitions de l’espoir. La première, celle qui a cours, hélas, dans les esprits de beaucoup d’entre nous, comme dans l’esprit de la fille (interprétée par Alison Dechamps) est une projection heureuse dans un avenir forgé par l’I.A. On l’appelle encore « le progrès ». La seconde définition, celle que défend le père, et avec lui bon nombre de terriens qui refusent de sombrer dans le désespoir, repose sur un juste combat pour la défense de la justice et de la nature.

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« Roda Favela » de Laurent Poncelet

Les Artistes et les spectateurs pris au piège du metteur en scène. Plus pauvre que la misère, c’est la pauvreté de la mise en scène

— Par Jandira Bauer —

Dans cette création inspirée de la vie dans une favela de la ville de Recife au Nord-Est du Brésil, où la réalité est puissante, le piège de la caricature ou de la « folklorisation » de la mise en scène reste un parti-pris fort dangereux. En général, le Théâtre immersif ou engagé convie le public à une implication émotionnelle. Nous, spectateurs, devenons alors complices ou otages de la mise en scène durant la représentation, peu importe la manière dont l’œuvre est construite.

Lire aussi « West Side Favela » par Michèle Bigot

Dans Roda Favela les artistes jouent des rôles inspirés de témoignages, construits de toutes pièces durant la représentation, les « gens » de la favela et la favela elle-même sont à nos pieds. Le metteur en scène sature l’espace scénique d’images en insistant lourdement sur la pauvreté, la misère, la violence. Cette surenchère visuelle devient un dispositif spectaculaire, non pour éveiller une conscience lucide, mais pour frapper les regards étrangers, les spectateurs extérieurs à cette réalité qui demeure un objet esthétique : une misère bien réchauffée sans véritable nouveauté ni authenticité, et surtout dénuée de clés de compréhension, comme si le spectateur, surtout s’il est étranger à cette réalité, avait besoin d’être assommé pour comprendre.

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La Légende de Zadou – L’affaire René-Louis-Gaétan Beauregard

Lundi 21 juillet 19h30, au T.A.C. ‘ Théâtre Aimé-Césaire) FdF
Une tragédie sociale, une histoire d’amour contrariée, un cri de douleur et d’espoir…

Un œuvre de José Alpha, auteur, dramaturge et metteur en scène, qui explore l’histoire d’un homme brisé par l’amour et la trahison, et qui devient, malgré lui, un symbole de résistance.

Inspirée de faits réels qui ont marqué la mémoire de la Martinique entre 1942 et 1949, La Légende de Zadou retrace l’épopée tragique de René Beauregard, un homme dévoré par la jalousie, qui, après avoir tué sa femme, se réfugie dans les mornes pour une cavale de sept ans. À travers cette pièce, nous plongeons dans les failles de l’âme humaine, confrontée à l’injustice, la douleur et la survie. Un héros tragique, oubliée par l’Histoire, mais vivant dans la mémoire des résistants.

José Alpha mêle mythe, mémoire et poésie pour créer un théâtre de vérité, à la fois populaire et militant. C’est une histoire d’amour, de colère, de résistance et de quête de dignité.

Interprétation :

  • Ahmed Diakité dans le rôle de Zadou, un homme dévoré par la douleur et la passion.

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« Le Sommet » & « L’évènement »

— Par Michèle Bigot —
Le Sommet, Christophe Marthaler, Avignon In, La FabricA
L’évènement, SCH, Christophe Marthaler,  Avignon Off, La Manufacture

Le Sommet

Dada chez les Helvètes

C’est devenu la signature de Christophe Marthaler, de mêler les langues européennes et de jouer du décalage systématique entre réalité sociopolitique et univers de la fiction dramatique. Héritier de Dada, Il oeuvre sans relâche à la remise en cause des conventions, fussent-elles théâtrales. Le mouvement esthétique dadaïste est né à Zurich, et ses enfants sont aujourd’hui légion en terre helvète. Rien n’est moins convenable et moins convenu que ce sommet bidon que nous propose Marthaler, dans lequel les supposés grands de ce monde se réunissent sur les hauteurs ( La Suisse s’est fait une spécialité des rencontres au sommet à vocation diplomatique ou économique, Genève, Davos etc.). Allusion en passant au Berghof, à Berchtesgaden! Les sommets, supposés favoriser l’élévation de l’esprit n’ont souvent enfanté que des fadaises, du cynisme ou de la monstruosité.

D’où l’entreprise de démolition programmée par Mathaler et sa troupe. Une poignée de Pieds Nickelés se retrouvent dans un chalet de haute montagne.

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« Wasted » & « Nexus de l’adoration »

— Par Dominique Daeschler —

Derrière ce titre (gaspillé, raté, défoncé), quatre vies qui vont le justifier à travers dialogues, monologues, chants. L’auteure, rompue au « spoken word » et à l’usage du vers shakespearien slamé, a trouvé une authenticité dans la parole donnée à ses personnages qui fait d’emblée du public un témoin de leur détresse. Martin Jobert metteur en scène a choisi des acteurs qui ont l ‘âge de leurs personnages Ted, Charlotte, Dan ( 25 ans environ) ce qui renforce ce côté de «  plein pied », d’invitation à partager avec des potes.

Ces potes, rassemblés pour l’anniversaire de la mort de Tony qui les a secoués dans les rêves de leurs 15 ans rattrapés par le trio fête-drogue- alcool. Qu’ont-ils fait depuis ? Qu’auraient-ils fait avec lui ? Dans la vacuité du quotidien , passés à côté de leurs rêves, le temps ne leur fait pas de cadeau. Chacun réagit différemment . Ted s’il admet faire un boulot qu’il déteste voit dans sa vie tranquille, le salaire régulier et les petits bonheurs du quotidien des choses qui l’aident à vivre : fumer parce qu’il fait froid, entendre la clé de sa compagne tourner dans la serrure.

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« Le portrait de Dorian Gray » ; texte d’Oscar Wilde, adaptation et m.e.s. Thomas Le Douarec

— Par Dominique Daeschler —

Dorian Gray, seul roman d’ Oscar Wilde constitue, pour Thomas Le Douarec, adaptateur et metteur en scène la base dramatique de toute son œuvre théâtrale couronnée de succès. Le dandy Wilde dit beaucoup de lui à travers les personnages masculins du roman : il se souhaiterait la grandeur d’âme du peintre Basil, aimerait plonger dans la vie dissolue et perverse de Dorian, se sent jugé avec le cynisme d’ Harry. Le bel esprit, condamné à deux ans de travaux forcés après un procès pour »indécence et sodomie » mourra dans la misère. Du roman très dialogué, Thomas Le Douarec a fait une adaptation vive, où le plaisir des tournures et des mots choisis semble nourrir le jeu des personnages autant que le plaisir des spectateurs.

Un jeune homme fortuné (Dorian) commande à Basil le peintre un portrait qui aura la particularité de vieillir et d’imprégner sur la toile la descente aux enfers de Dorian, alors que celui-ci ne vieillira pas, dans l’ombre Harry un grand manipulateur peu ou prou méphistophélique…La roue tourne, Dorian très mondain est chouchouté par la société et ose tout (mariage noble …), une seule restriction : son tableau reste recouvert d’un voile , interdit à la vue…Tout basculera, Basil paiera de la mort la constance de son attention à Dorian, Harry avec la conscience du temps qui passe cherchera un autre homme jeune à manipuler et à détruire.

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À Almada, le Marius de Joël Pommerat

Donner corps à ses rêves

— Par Janine Bailly —

« En 2014, je suis sollicité par le directeur de la Scène nationale de Cavaillon, Jean-Michel Gremillet, pour aller rencontrer Jean Ruimi, une personne incarcérée à la Maison Centrale d’Arles, qui veut monter une pièce qu’il a écrite et qui a exprimé le désir de la mettre en scène. » Par ces mots, Joël Pommerat rappelle les circonstances qui l’ont conduit à mettre en scène Marius, une version contemporaine de la pièce écrite en 1929 par Marcel Pagnol, et portée de nombreuses fois à l’écran. Le courant passe aussitôt entre Joël et Jean ; après un long échange, le metteur en scène accepte d’intervenir en milieu carcéral, où il crée des ateliers, qu’il anime quelques jours par mois. Il aide Jean à écrire et faire jouer sa première pièce, forme les détenus qui pour certains découvrent le théâtre en prison. Et parce que nous sommes en Provence, que ces hommes sont de Marseille ou de la région, vient l’idée de se référer à Pagnol, figure incontournable et symbolique du Sud de la France.

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« Le Canard sauvage », « Made in France » & « Faire commune »

—Par Dominique Daeschler —

« Le Canard sauvage », texte d’Ibsen, Adaptation et m.e.s. T Ostermeier

Thomas Ostermeier est à son aise dans l’univers confiné d’Ibsen, celui du 3théâtre de Chambre, où tout se rétrécit pour piéger les protagonistes dans leurs non-dits. Petit à petit des secrets bien gardés sont révélés par Gregers le fils de famille pour qui la vérité est une éthique qui ne peut apporter que le meilleur : la famille des Ekdal en sera détruite. La bourgeoisie est analysée comme une décadence, soumise au pouvoir de l’argent qui doit tout résoudre, sans affect, sans culpabilité.

De façon assez didactique, Thomas Ostermeier crée un décor tournant, salon des riches d’un côté où Werle célèbre par une fête le retour de Gregers, de l’autre le studio de photo- cuisine- salon d’un ancien camarade de classe dont le père a été un proche collaborateur de Werle avant d’ être ruiné par une affaire qui l’a conduit en prison. Les pauvres sont à la merci des riches : commandes, pension…Bientôt l’action se resserre sur le seul lieu de vie des pauvres car Gregers vient habiter chez les Ekdal, afin de distiller son amour de la vérité.

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« Opéra Poussière » au Festival de Fort-de-France

—Par Selim Lander —

Création du 54e Festival de Fort-de-France, cette pièce haïtienne pour l’écriture (Jean d’Amérique (1)) et la mise en scène (Jean-Erns Marie-Louise) mais avec une distribution africaine et en partie martiniquaise est une vraie réussite formelle. Certes, l’argument est mince : Sanite Bélair, une héroïne de la guerre d’indépendance haïtienne demande à un hougan (« prêtre » vaudou) de la ressusciter car elle a des choses à dire à ses compatriotes d’aujourd’hui, et pour commencer qu’ils ont tort d’oublier la part des femmes dans la guerre contre les Français, à commencer par sa part à elle qui fut sergente dans l’armée de Toussaint Louverture. On ne sait pas si elle ressuscitera vraiment, même s’il semble que ce soit le cas à la fin de la pièce mais elle fera parler d’elle, et d’une manière ou d’une autre parviendra à se manifester auprès des Haïtiens d’aujourd’hui, la télévision s’étant saisie de ce fait divers peu ordinaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, plutôt une suite de tableaux qui font progresser l’action vers la réapparition réelle ou rêvée de l’héroïne.

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« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »

— Par Dominique Daeschler —

« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri

Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art.

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Du côté du TOMA

— Par Dominique Daeschler —

Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.

Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin 

Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.

Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer

Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté.

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Comment gâcher sa vie (avec style)

« WASTED », texte de Kae Tempest, m.e.s. de Martin Jobert, | Avignon off, le 11.Avignon

— Par Michèle Bigot —

Trois personnages en quête d’avenir, en recherche de sens, habités par la nostalgie de leur passé récent, mais hélas bien (ou mal) passé! Trois amis trentenaires en perdition se réunissent pour célébrer les dix ans de la mort de leur ami Tony. Le premier est un musicien en quête de reconnaissance, le second est prisonnier d’un « bullshit job » dans une entreprise minable et la troisième dispense des cours à des élèves défavorisés, encore plus blasés qu’elle. Les trois font un concours de ratage programmé et de nullité existentielle. Dis comme ça, on pourrait croire que le spectacle est aussi affligeant que le destin des personnages.

Or c’est le contraire qui advient. Les trois acteurs rivalisent d’auto-dénigrement, mais avec tant d’humour, tant de lucidité et tant de tendresse réciproque que ça devient attachant. Les dialogues sont ciselés, percutants et drôles. Le jeu des comédiens est parfaitement juste: chacun habite son personnage au point de le rendre follement présent. On rit, mais on rit jaune.

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M., entre sainteté et folie

« M. Un amour suprême », conception, texte, m.e.s. Gustavo Giacoso, musique: Fausto Ferraiuolo | Festival d’Avignon, Theâtre des Halles

— Par Michèle Bigot —

Le tandem Gustavo Giacoso-Fausto Giacoso était déjà venu nous enchanter l’an dernier, dans la même chapelle du Théâtre des Halles. Cette fois-ci encore, ce spectacle, quoique humble dans sa dimension scénique, nous transporte instantanément par son lyrisme et la magie de son évocation.

Fidèle à son intérêt pour l’art brut, Gustavo Giacoso nous raconte en sept tableaux l’histoire d’une femme, nommée M.(de son vrai nom Melina Riccio) qui quitte son sud natal pour s’installer à Milan, petite couturière appelée à devenir une célèbre styliste. La voici adulée du public et des media, mariée, installée et mère de famille, quand soudain, écoeurée par la célébrité et la fortune, elle décide de tout quitter, son métier, sa famille (elle a trois enfants) pour partir le long des routes comme une errante, pour prêcher l’amour et dénoncer la société de consommation. Adepte de Saint François, elle devient tour à tour une sainte, une folle, une artiste. Ses installations, réalisées à l’aide d’objets hétéroclites trouvés parmi les déchets dérangent bousculent ou séduisent.

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Résistances russes au plateau

« Last of the Soviets », conception et m.e.s. Petr Bohac

— Par Michèle Bigot —

La Russie est très présente sur la scène théâtrale française. Non la Russie impérialiste et la barbarie d’un Poutine, mais la Russie des résistants, la Russie des démocrates et du peuple qui souffre. C’est ainsi qu’après La Guerre n’a pas un visage de femme, texte de Svetalana Alexievitch, mis en scène par Julie Deliquet, lors du Festival des Comédiens de Montpellier et après le spectacle Alexeï et Yulia, proposé au théâtre des Halles lors de la présente édition du Festival D’Avignon, on a pu assister à une nouvelle interprétation des textes de S. Alexievitch, dans un spectacle intitulé The Last of the soviets.

Cette proposition théâtrale réalise un montage de différents extraits, concernant aussi bien la catastrophe de Tchernobyl que la « grande guerre patriotique » ou l’effondrement de l’URSS.

Au plateau Inga Zotova-Mikshina et Roman Zotov-Miksin, deux acteurs russes en exil nous dévoilent avec humour la cruauté de la vie quotidienne en Russie soviétique. Dans un récit mené tantôt en russe tantôt en anglais, avec quelques parenthèses en français, ils nous content l’horreur, les massacres, la peur et la misère, sans jamais se départir de l’humour noir qui les sauve.

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Festival d’Almada : De Thomas Ostermeier et Édouard Louis, Histoire de la violence

— Par Janine Bailly —

Comment représenter sur scène la violence, dans l’intime et l’universel

En juin 2018, Thomas Ostermeier crée à la Schaubühne de Berlin la pièce Histoire de la violence ; il met en scène le texte qu’il a co-signé avec l’écrivain Édouard Louis à partir du roman autofictionnel de ce dernier. Depuis, le spectacle s’est donné à maintes reprises, en différents lieux, et c’est au festival d’Almada qu’il fait donc escale en ce mois de juillet 2025. 

Adapter cette oeuvre complexe relevait de la gageure, tant elle est polyphonique, qui donne sur un seul et même événement des perspectives différentes. Le récit, éclaté, se construit peu à peu, et sans ordre chronologique, suivant en cela la pensée erratique du protagoniste principal, Édouard qui, victime d’une violente agression sexuelle, est encore sous l’effet du traumatisme vécu. Mais le point de vue est aussitôt double, puisque l’on entend Clara narrer à son mari l’histoire que son frère Édouard lui a confiée. Si dans le roman ce dernier écoute, en embuscade derrière la porte, la façon parfois fallacieuse dont elle rapporte les faits – Édouard mentalement la corrige – il est à noter qu’ici, prenant une place de choix, Clara peut entrer en interaction avec les autres personnages.

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