« Candide » en feuilleton pour réviser ses classiques sur France Culture

Du 3 au 14 mai à 20h 30 -Série- Podcasts-
Réalisée par Cédric Aussir, cette adaptation du chef-d’œuvre de Voltaire est un bijou radiophonique. Enlevée, drôle et servie par une distribution de rêve.
Joie, bonheur et bis repetita. Entendre, (ré)entendre Candide. Comme ça. C’est-à-dire à la fois à la lettre (irréprochable adaptation de Laure Egoroff) et de manière si enlevée que Bridgerton et sa chronique peuvent aller se rhabiller quand, dès le premier épisode, il suffit d’un mot (« parapet ») pour emballer nos imaginaires. Pour aussi, et comme à toute cause il faut bien un effet, que ledit jeune homme, trop épris de la belle Cunégonde, se fasse chasser du château. Le reste – le pire, en réalité – est bien connu des lycéens, qui devraient pouvoir ainsi joyeusement réviser… ( Le Monde)

Synopsis :
Candide est un jeune garçon vivant au château du baron de Thunder-ten-tronckh qui se trouve en Westphalien 6. Il a pour maître Pangloss, philosophe qui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolonigologie », et qui professait, à l’instar de Leibniz, que l’on vit dans le meilleur des mondes possibles — la philosophie leibnizienne est cependant déformée dans ce que professe Pangloss17. Candide est chassé de ce meilleur des mondes possibles à la suite d’un baiser interdit échangé avec Cunégonde, la fille du Baron. Candide découvre alors le monde, et va de déconvenue en déconvenue sur les chemins d’un long voyage initiatique.

Péripéties
Enrôlé de force dans les troupes bulgares, il assiste à la boucherie de la guerre. Il s’enfuit, horrifié, puis est recueilli par Jacques l’anabaptiste. Il retrouve Pangloss réduit à l’état de vieillard, atteint de la vérole qui lui annonce la mort de Cunégonde, violée par des soldats bulgares, ainsi que celles du baron (le crâne fracassé par les Bulgares), de la baronne (découpée en morceaux) et du frère de Cunégonde (égorgé). Ils embarquent avec Jacques pour Lisbonne. Après une tempête dans laquelle meurt noyé Jacques, ils arrivent à Lisbonne le jour du tremblement de terre et sont victimes d’un autodafé durant lequel Pangloss est pendu. Candide retrouve Cunégonde, maitresse d’un grand inquisiteur et d’un riche juif : don Issachar. Il est amené à tuer les deux hommes et s’enfuit avec Cunégonde et sa vieille servante vers Cadix en Espagne.

Il embarque avec son valet Cacambo, Cunégonde et sa vieille servante pour le Paraguay. Contraint d’abandonner Cunégonde à Buenos Aires, il s’enfuit avec Cacambo au Paraguay. Ils y retrouvent le frère de Cunégonde, qui avait en réalité échappé au massacre de Westphalie, que Candide transperce d’un coup d’épée, s’échappent, évitent de peu d’être mangés par les sauvages Oreillons et découvrent le pays d’Eldorado, lieu mythique où l’abondance, la paix et la prospérité règnent. Ils y sont heureux, mais préfèrent le quitter, avec quantité de richesses offertes par le roi de l’Eldorado, pour retrouver Cunégonde.

Envoyant Cacambo racheter Cunégonde, Candide se fait voler par un marchand et un juge, fait la connaissance de Martin, dégoûté de la vie et rejoint l’Europe avec lui. Ils arrivent à Bordeaux avant de passer par Paris où Candide manque de mourir des soins prodigués par la médecine, se fait voler par un abbé et échappe de peu à la prison. Candide et Martin s’engagent ensuite pour l’Angleterre, en bateau, où ils ne posent même pas le pied à terre, car ils assistent à l’injuste exécution d’un officier anglais. Enfin ils rejoignent Venise où ils cherchent en vain Cacambo et Cunégonde. Ils y rencontrent Paquette, une servante du Baron de Thunder-ten-tronckh, et son amant le moine Giroflée, découvrent Pococurante, un riche désabusé, et font la connaissance de six rois détrônés.

Ils partent ensuite pour Constantinople délivrer Cunégonde, devenue laide, esclave du roi déchu Ragotski et racheter le valet Cacambo. Sur la galère, parmi les forçats, ils retrouvent Pangloss, ayant échappé à la pendaison, et le frère de Cunégonde, ayant survécu au coup d’épée, que Candide délivre contre rançon. À Constantinople, il rachète Cunégonde enlaidie et acariâtre, l’épouse contre l’avis de son frère qu’il est contraint de chasser, s’installe dans une métairie, se fait voler par des marchands, recueille Paquette et Giroflée et finit en cultivant son jardin.

C’est le refrain résolument optimiste de Pangloss sur « le meilleur des mondes possibles », ainsi que le mot de la fin de Candide :

« Pangloss disait quelquefois à Candide : Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches.
– Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »

Chapitre conclusif : la métairie
Le dernier chapitre du roman donne un sens à cette quête en condamnant la philosophie optimiste de Leibniz incarnée par Pangloss pour lui préférer un bonheur plus concret et plus modeste : celui de la petite métairie fondée sur les valeurs du travail : « cultiver » et du travail collectif « notre jardin ».

Tout au long de ce roman philosophique, Voltaire défend l’idée que l’Homme est capable d’améliorer sa condition de lui-même. Cette idée est confirmée dans l’explicit du roman, le chapitre 30, où tous les personnages et alliés de Candide se retrouvent dans la métairie. La petite métairie peut être considérée comme la troisième utopie du roman (après le château du baron de Thunder-ten-tronckh et l’El Dorado).

Dans cette petite métairie, le bonheur passe par le travail et l’amitié, le sentiment de l’amour n’est plus présent dans celui-ci. C’est l’aboutissement d’un amalgame d’expériences malheureuses. Les personnages tirent des leçons de leurs expériences, et finissent par vivre heureux ensemble. Tout le monde s’emploie à faire ce qu’il sait faire, en fonction de ses qualités, et en est donc heureux. Le salaire qu’ils touchent est le bonheur qui résulte de leur travail, il n’est pas matériel. Dans la métairie sont rassemblés trois philosophies différentes :

La philosophie de Pangloss, qui consiste à croire que « tout est au mieux dans le meilleur des mondes ». Le parcours de Candide et ses rencontres ont permis de prouver que cette philosophie de vie est fausse.
La philosophie de Martin, qui est totalement pessimiste, est en totale opposition avec celle de Pangloss, mais n’est pas forcément vraie non plus. Pour lui, seul le travail peut rendre la vie supportable. Ce terme qu’il utilise montre bien qu’il ne pense pas pouvoir être heureux, la vie ne peut être, au mieux, que supportable. Ces deux philosophies sont aux extrêmes du bien et du mal.
La philosophie de Candide, qui est considérée comme heureuse, pragmatique. « Il faut cultiver son jardin », c’est une figure pour dire qu’il faut pouvoir évoluer et cultiver son jardin personnel, intérieur. Il est au milieu des philosophies de ses deux précepteurs (Pangloss et Martin) qui l’ont fait grandir à travers leurs enseignements.
Les personnages n’ont plus besoin du monde, il ne leur a apporté que des malheurs, ils n’y ont tous vu que des défauts, et ne veulent plus y retourner. Il n’y a pas de religion dans cette métairie, car même elle ne leur a pas apporté de joie. Ils vivent donc heureux par eux-mêmes, sans penser à une entité supérieure. Voltaire dénonce ainsi l’omniprésence de l’Église au temps des Lumières, qui est une idée caractéristique de cette époque. Voltaire n’est d’ailleurs pas chrétien, mais déiste. C’est la fin du livre, les personnages ont progressé et se sont développés, ils finissent leur évolution dans la métairie :

Pangloss, qui parle trop tout au long du roman, finit par se taire. Il reste cependant fidèle à ses convictions, et continue de croire que tout est au mieux dans le meilleur des mondes.
Candide était une page blanche au début du livre. Petit à petit, grâce à son parcours et ses malheurs, cette page blanche se remplit, pour finalement donner un Candide réfléchi, moins naïf qui a parcouru le monde.
Cunégonde était « fraîche, grasse et appétissante » au début du roman, pour finir « laide, acariâtre et insupportable » mais très bonne cuisinière. Elle est restée dans le domaine de l’appétissant et de la sensualité.

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