Budget de la Sécurité sociale : les députés martiniquais divisés lors du vote final

Un vote sous tension, des enjeux majeurs pour la Martinique

— Par Jean Samblé —

L’Assemblée nationale a définitivement adopté, mardi 16 décembre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Le texte a été approuvé par 247 voix contre 232, un écart de 15 voix seulement, révélateur d’un Parlement profondément divisé. Ce vote permet au gouvernement de faire adopter le premier budget social sans recourir à l’article 49.3 depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron.

Derrière ce scrutin national se cachent des enjeux particulièrement sensibles pour la Martinique, territoire confronté à une population vieillissante, à des difficultés d’accès aux soins et à une forte dépendance aux mécanismes de solidarité nationale. Le PLFSS pour 2026, largement amendé par les députés, acte notamment la suspension de la réforme des retraites, une décision lourde de conséquences pour de nombreux retraités martiniquais, souvent bénéficiaires de pensions modestes.

Retraites : un soulagement pour de nombreux Martiniquais

La suspension de la réforme permet d’éviter un allongement de la durée de travail et un recul de l’âge effectif de départ à la retraite. En Martinique, où les carrières hachées et les périodes de chômage sont fréquentes, cette mesure est perçue comme un répit social. L’abandon du gel des pensions et des minima sociaux constitue également un point clé pour les foyers les plus fragiles, dans un contexte marqué par le coût de la vie et une inflation durablement ressentie sur l’île.

Santé et hôpital : des attentes toujours fortes

Sur le plan sanitaire, le budget renonce au doublement des franchises médicales, une décision importante pour les patients martiniquais, nombreux à renoncer aux soins pour des raisons financières. Le texte prévoit toutefois un encadrement accru des arrêts maladie, une mesure qui suscite des interrogations localement, alors que la pénibilité du travail et les pathologies chroniques sont particulièrement présentes dans certains secteurs.

Le financement de l’hôpital reste l’un des points les plus scrutés. Si le PLFSS prévoit une augmentation des moyens globaux alloués au système de santé, de nombreux acteurs martiniquais estiment ces efforts encore insuffisants face aux difficultés persistantes du CHU de Martinique, confronté à des tensions de personnel, à des besoins d’investissement et à une demande de soins en constante augmentation.

Un équilibre budgétaire fragile

Le déficit de la Sécurité sociale est évalué à 19,4 milliards d’euros pour 2026, contre 23 milliards en 2025. Cette amélioration repose toutefois sur des transferts de 4,5 milliards d’euros depuis le budget de l’État, une mécanique qui interroge sur la soutenabilité à long terme du financement de la protection sociale, notamment dans les territoires ultramarins, fortement dépendants des dotations nationales.

Des députés martiniquais aux positions contrastées

Lors du vote final, les députés martiniquais ont exprimé des choix politiques divergents. Jiovanny William Jean et Béatrice Bellay ont voté pour le texte, mettant en avant les avancées obtenues sur les retraites et la protection des plus modestes. Jean-Philippe Nilor a voté contre, dénonçant un budget qu’il juge insuffisant pour répondre aux besoins spécifiques de la Martinique, notamment en matière de santé publique et de lutte contre les inégalités territoriales. Marcellin Nadeau n’a pas pris part au vote (NPPV), après s’être abstenu lors du précédent scrutin, traduisant une position de réserve persistante.

Si l’adoption du PLFSS constitue une victoire politique pour le gouvernement, elle ne dissipe pas toutes les inquiétudes en Martinique. Les attentes restent fortes concernant l’hôpital, l’accès aux soins, le pouvoir d’achat des retraités et la reconnaissance des spécificités ultramarines. Autant de dossiers qui continueront d’alimenter les débats parlementaires et les mobilisations locales dans les mois à venir.