Bernard Petitjean-Roget. Un « honnête homme » a disparu.

— Par Max Auguiac et Jean-Claude William.—

petitjean-roget_2La mémoire de Bernard Petitjean Roget a été saluée de fort belle manière dans la presse par deux personnalités qui, l’une et l’autre, ont fait ressortir son engagement pour le développement économique  et culturel de notre pays. A quoi bon un témoignage de plus voire  un  témoignage de trop ?
Pour la raison que nous sommes très émus, comme tous ceux qui l’ont connu, par sa disparition prématurée mais, hélas, prévisible. Et aussi parce que nous souhaitons parler de « l’honnête homme ».
Cette formule tombée en désuétude nous parait convenir à la personnalité de notre défunt ami.
Honnête au sens courant-et nous insistons sur ce point- mais aussi curieux de toutes choses, cultivé, étranger aux vaines querelles.
 Evoquer Bernard, c’est d’abord souligner que dans notre société clivée dans laquelle la race et la classe continuent trop souvent à se confondre et constituent des marqueurs sociaux essentiels, Bernard, malgré la couleur de sa peau, son phénotype diraient les spécialistes échappait à toute classification.
Il s’en est expliqué dans une interview de septembre 2008.
Enfants, son frère et lui, élèves dans une école de la  province française, se sont trouvés dans la position de devoir faire une distinction entre leurs camarades de classe, Catholiques ou Protestants. Du point de vue des esprits bien pensants, seuls les premiers étaient fréquentables…
Les deux gamins ont refusé de se soumettre à cette injonction et ont compris que s’il est absurde de distinguer les gens à partir de leur religion, il l’est tout autant de le faire selon qu’ils sont Blancs ou Noirs. Il a appliqué cette règle  – et son frère aussi- toute sa vie.
Evoquer Bernard, c’est aussi parler de ses parents.
De sa mère issue d’une grande famille békée, femme de culture, fière d’avoir été l’élève de Césaire pendant la guerre. Elle a eu pour
condisciple puis comme ami Roland Suvelor. Bernard est  devenu, par la suite, lui aussi l’ami de ce grand intellectuel martiniquais.
De son père, métropolitain – pour parler le  « politiquement correct »-  dont il a été rappelé que polytechnicien, féru d’histoire, il a transmis sa passion de la recherche  à ses enfants. Le père et les fils  –notamment Bernard et Henri- ont été les pionniers des fouilles archéologiques dans notre pays.
Evoquer Bernard c’est parler de l’ami qui débarquait à l’improviste parce qu’il avait envie de parler du dernier livre qu’il avait lu ou du dernier film qu’il avait vu.  Et puis pour recueillir notre avis sur les rapports sociaux, la situation politique, économique, de ce pays, son  pays. A cet égard, il nous fait penser à un autre de nos amis, décédé depuis plusieurs années, Guy Cabort- Masson. Curieux rapprochement, dira-t-on tant les deux hommes étaient apparemment différents. Et s’il fallait aller au-delà des apparences ? Cabort, Saint- Cyrien, n’était pas l’indépendantiste borné que certains se plaisent à décrire.
Habitant la campagne, Bernard était un véritable amoureux de la nature et ne manquait jamais de féliciter l’une de nos épouses  pour la beauté de ses plantes et de ses fleurs, de l’odeur de  son jasmin en particulier.
Evoquer Bernard c’est dire qu’il était un homme de forte conviction, ancien militant du PSU de Michel Rocard. Il ne participait plus au débat politicien  mais ses convictions n’ont point varié
.Evoquer Bernard c’est parler de sa simplicité, de sa  capacité d’enthousiasme, de sa générosité, peut-être d’une certaine naïveté,  de sa fidélité en amitié.
Notre ami n’est plus et nous en sommes bien tristes.

Max Auguiac.  Jean-Claude William.