Avec « Smiles of Clay », la galerie 31 PROJECT présente la première exposition individuelle de l’artiste zimbabwéen Epheas Maposa

Par Laurent Filippi ––

Les toiles récentes et inédites d’Epheas Maposa présentées à Paris offrent à voir une œuvre picturale radicale et poétique.

Avec Smiles of Clay, visible à la galerie parisienne 31 PROJECT jusqu’au 13 novembre 2021, « Epheas Maposa nous parle de la fluidité des êtres, de ces histoires qui se répètent dans une ritournelle souvent absurde, parfois cauchemardesque, où les corps se débattent, luttent, s’immobilisent, puis se relancent. Smiles of Clay, c’est le même homme ou la même femme que l’on suit d’une toile à l’autre. C’est l’histoire d’un sourire figé, comme esquissé, semblable à une empreinte moulée dans de la terre« , déclare la galerie.

Epheas Maposa est né en 1994 au Zimbabwe. Autodidacte, sa première source d’inspiration est la rue, là où, sur des petits carnets, il commence à dessiner ce qu’il voit autour de lui. A 19 ans, il rejoint le collectif Village Unhu à Harare, où il bénéficie d’espaces et de matériel pour travailler aux côtés d’autres artistes et faire ainsi évoluer sa technique. En 2014, son travail est présenté dans plusieurs galeries au Zimbabwe et les années suivantes dans des foires d’art contemporain en Afrique du Sud. En 2019, il reçoit le deuxième prix Emerging painting Pan-African art Prize mis en place par l’African Art Galleries Association.

« Né trois ans à peine avant que l’économie zimbabwéenne ne s’écroule et le dollar zimbabwéen perde 71,5% de sa valeur par rapport au dollar américain, Epheas Maposa n’a jamais connu qu’un pays fatigué, découragé d’attendre la pluie – comme le titre du livre du même nom, écrit en 1975 par Charles Mungoshi. Ces métaphores de la sécheresse et de la faim imprègnent la littérature zimbabwéenne et africaine, saisissant le malaise et la paralysie des nombreuses zones de conflits des pays en développement du monde entier – ‘attendant’ les secours et l’abondance future, incrédules face aux promesses d’un changement qui ne viendra peut-être jamais », écrit Candice Allison, conservatrice d’art contemporain, écrivaine et directrice du lieu artistique Bag Factory à Johannesburg. 

Dans des décors parfois oniriques, souvent baroques, les corps déformés ou distendus, les corps hybrides mi-homme, mi-animal, sont au centre du travail d’Epheas Maposa. Des corps où les visages parfois maquillés, parfois recouverts d’un masque peuvent être aussi comme effacés. A travers ses personnages inquiétants et étranges, absurdes ou absents, l’artiste créé ainsi « des contes désabusés témoignant de la déliquescence de la structure sociale et politique au Zimbabwe »…

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