« Art et hasard » conférence du CEREAP

Mardi 21 février 2017 , à 18 h

ESPE (Route du phare, Fort-de-France)

Intervenants : Anne-Catherine Berry, Dominique Berthet, Olivia Berthon

A cette occasion vous pourrez découvrir le nouveau numéro de la revue Recherches en Esthétique (n° 22) portant sur le même thème.

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Le hasard a toujours fasciné les artistes.
Conscient du formidable potentiel qu’il recèle, les artistes ont tenté à plusieurs reprise de le convoquer au coeur même de leur démarche afin de pouvoir jouir de ses bienfaits créatifs.

Le hasard reste avant tout une notion difficilement définissable. Néanmoins deux catégories de hasard peuvent être distinguées comme l’a établi avec justesse le biologiste et biochimiste Jacques Monod, dans la mesure où un hasard peut effectivement être soit subi, soit provoqué. Le premier répondant à « une incertitude essentielle » et le second à une « incertitude opération nelle ».
Dans le premier cas le hasard peut se donner à voir comme un accident et un événement fortuit, inexplicable et inattendu, pouvant s’inviter à tout instant dans l’acte créatif, aussi bien avant que pendant ou aussi après.
Il peut être alors perçu comme un acteur – important ou non – venant bouleverser l’oeuvre en bien ou en mal.
La légende de Protogène contée par Montaigne illustre bien en cela cette incertitude essentielle, étant sans doute une des premières apparitions du hasard en peinture. En effet Protogène, célèbre peintre de l’antiquité, n’arrivait pas à reproduire la bouche d’un chien écumant de bave. Après de nombreuses tentatives, fou de rage, il attrapa son éponge imbibée de couleur qu’il projeta sur la toile.
Le hasard voulut que l’éponge atterrit sur le museau du chien et reproduisit l’effet tant recherché par l’artiste. Le hasard réalisa ici ce que ni l’habilité humaine ni l’imitation n’avaient pu réaliser.
Ce premier accident de la peinture aura ensuite une valeur exemplaire puisque, selon Pline, le peintre Néalcès fit de même pour rendre l’écume d’un cheval.
Le célèbre peintre japonais Hokusai, bien des siècles plus tard, fit courir délibérément un coq dont il avait au préalable trempé les pattes dans la couleur afin que celui ci manifeste au hasard et sans que l’artiste puisse le contrôler, les flots de la rivière Tatsouta, ce que l’artiste pensait ne pas être à même de réaliser.
Cette légende « où la nature a l’air de travailler toute seule à reproduire la nature »3 pourrait illustrer l’idée selon laquelle le hasard serait une sorte de « sorcellerie charmante »4 qui serait potentiellement à même de manifester ce que l’artiste, au-delà de ses intentions et de son talent, aurait bien de la peine à entreprendre ou à imaginer.

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