Archie Shepp à John Coltrane, cri du free et braises du blues

—- Par Fara C. —

jazz_lavillette_2016Pour le festival Jazz à la Villette, l’incandescente création en hommage à Coltrane, par l’astre Shepp, célèbre la mémoire et le chant-souffle visionnaire de Trane. Une colère plus que jamais nécessaire.

Le 10 août 1964 au soir, John Coltrane, saxophoniste et compositeur déjà reconnu comme un phare du jazz en mouvement, apprend que son protégé, Archie Shepp, enregistre enfin pour Impulse ! Il s’habille rapidement et débarque au studio sans avoir pris le temps d’enfiler ses chaussettes. C’est lui qui avait demandé cette session au boss du label Impulse !, Bob Thiele, resté jusque-là sourd aux appels du jeune Archie. Une autre figure de la culture afro-américaine a du flair et surtout de l’oreille. C’est l’écrivain LeRoi Jones, qui deviendra plus tard Amiri Baraka. Dans le texte du livret qu’il rédige alors, en 1964, pour Four For Trane, qui s’imposera comme un 33 tours emblématique d’Archie Shepp, il écrit : « Avant tout, Archie Shepp s’est très rapidement élevé, selon moi, au premier rang des saxophonistes ténors post-Trane. »
Archie Shepp gravera une bonne douzaine d’albums pour Impulse !

La rare photo qui illustre notre article, Bernard Gidel l’a prise le 15 août 1965, au Downbeat Jazz Festival de Chicago. « La programmation du festival, plutôt consensuelle, n’était pas encore ouverte au free-jazz, nous précise le photographe. Ce soir-là, il y a eu de l’émoi, et même de l’affolement devant la radicalité musicale du quintette que formaient Coltrane, Shepp (tous deux au saxe ténor), McCoy Tyner, Jimmy Garrison et Elvin Jones. »

En définitive, Archie Shepp gravera une bonne douzaine d’albums pour Impulse ! Il a participé à des disques de son héros comme A Love Supreme (en décembre 1964) et Ascension (juin 1965), une pierre angulaire du free-jazz auparavant défrichée par Ornette Coleman et Cecil Taylor. Dans le cadre du festival Jazz à la Villette, Archie Shepp revisitera non seulement des pièces de Coltrane, mais aussi des morceaux à lui tels Hambone (de sa brûlante galette Fire Music, 1965), le saisissant Blasé, ou encore Blues For Brother George Jackson, dédié au Black Panther mort en 1971 dans les geôles américaines après douze années d’incarcération…
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