American Promise, un film de Michèle Stephenson et et Joe Brewster

A l’Atrium le 03-03-2015 à 19h

american_promiseMichèle Stephenson : American Promise est un documentaire. C’est un genre d’étude longitudinale, qui dure 13 ans. 13 ans de tournage, qui suit l’évolution, l’éveil de deux jeunes garçons noirs américains de l’âge de 5 ans jusqu’à la fin de leur cycle secondaire, à l’âge de 18 ans.
C’est une observation de leur expérience dans une institution éducative, à New York spécifiquement, mais cela parle plus largement de la question de l’éducation pour les minorités visibles en général, et plus spécifiquement chez les garçons noirs américains.

C’est un film très intime, qui relate l’expérience des familles des deux garçons et c’est aussi une approche qu’on appelle en documentaire « auto-réflexif », c’est à dire un film personnel où la camera est tournée vers la famille de ceux qui filment, en l’occurrence Joe, moi et notre fils, ainsi que la famille de Seun, qui fait partie du projet. Il y a plusieurs niveaux de complexité. Le film parle non seulement de la question de la discrimination raciale dans le contexte éducatif mais il y a certains messages universels qui abordent les questions de l’adolescence auxquels tous les enfants font face.
Notamment celles liées à la question de l’identité: Où je me trouve, comment je me place dans la société, vis-à vis de mes collègues, mais aussi, en tant que parent, quel genre de pression j’inflige, trop ou pas assez ? Jusqu’où aller si on veut continuer à transmettre les opportunités que l’éducation représente pour nos enfants, surtout en tant que familles de minorités visibles, pour lesquelles les opportunités sont beaucoup plus fragiles?

Les statistiques démontrent à tout point de vue que ces familles sont désavantagées. C’est compliqué, il y a les questions de parent / enfant qui sont universelles, d’enfants qui grandissent avec les questions d’identité, mais il y a cet autre niveau de question lié à la race, à la couleur, la classes sociale et au genre. L’expérience typique de ces garçons noirs-américains ou issus des minorités visibles, est particulière, en terme de perception qu’ils subissent, que ce soit dans la société et même en classe, avec leurs professeurs.

Qu’est-ce qui a motivé la réalisation de ce film ?
Au début, l’ambition de ce projet était de tenter de dresser un portrait de ce que c’est que la diversité ou l’ expérience multicuturelle dans une école d’élite à NY.
Nos deux enfants ont été acceptés dans une école privée, l’une des meilleures du pays, qui avait pour mission de rendre l’environnement plus multiculturel. C’est pour cela, ainsi que pour la qualité de l’instruction, qu’on a choisi cette école et que nous avons commence à tourner.
Il y avait aussi notre désir en tant qu’artistes, de nous immerger dans l’approche longitudinale du documentaire. Nos références en la matière sont les cinéastes de documentaire observationnel (observational documentary) comme Steve James (Hoop Dreams), Michael Apted (7 Up). Ce dernier est un peu notre inspiration. Il a fait un portrait de 7 enfants issus de différentes classes sociales en Angleterre, qu’il a filmé tous les 7 ans, en observant comment leur origine sociale déterminait leurs opportunités dans la vie, ou leur destin. Les enfants de 7ans ont maintenant 56 ans!
Nous voulions réaliser cette expérience autour de la diversité et voir quels seraient les obstacles mais aussi les opportunités pour Idris, Seun et les enfants de leur classe.

Il y avait déjà eu des enfants noirs dans cette école, mais nos fils ont été parmi les pionniers de cette initiative. Et quand on est pionnier, il y a un niveau de sacrifice qu’on ne peut pas éviter, cela fait partie de l’apprentissage. Il faut passer par là pour savoir ce qui manque, ce qui peut être amélioré et opérer les changements nécessaires.