All that jazz!…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

poeme_ziziqueNoires et blanches

se déhanchent

en ondulant des anches,

se métissent

et tissent

vaille que vaille,

maille à maille,

maille à partir,

la trame

de leur âme

triste

d’artiste

qui s’envole

– tapis perçant

mes tympans –

de la gueule

cuivrée des saxophones.

.Prophètes hurlants de fêtes profanes,

ils pleurent,

bercent,

grincent,                             couinent,

caressent,

vaticinent !…

Les anges

de la désolation,

à minuit se mélangent

aux démons

avec qui ils échangent

avec tant de zèle,

l’essentiel

de leurs sens :

l’essence

de l’amour éternel

qui leur donne des ailes,

en quatre temps

se balançant

sur les ailes du vent

des instruments,

stridences,

cadences

aux syncopes rythmées des tambours rituels,

de mon sang, frémissant battement !

Éveil des sens,

naissance d’Ève,

évanescence de serpentins chorus,

lascive danse

pour une sinueuse et sensuelle réminiscence…

Manque de chance,

Dieu lui-même a le blues de l’Éden perdu

comme résonne l’écho

des trompettes de Jéricho

frappant sept fois des accords

sonores à corps et à cris

les murs de cette ville en désaccord

qui s’évanouissent en un murmure

où tout se mêle.

Il se fait du mauvais chant

pour la suite des avènements

mais je me fous de cet avenir de déveine…

Il pleut des arcs-en-ciel

de gouttes de cristal

qui éclatent telles des bulles

libérant leurs phalènes

de toutes les couleurs.

Il pleure

et j’ai des papillons

tout au fond de mon cœur.

Leurs plumes dans les airs

effleurent tous mes nerfs

d’une transe millénaire,

éphémère séquence

aux séquelles immenses

de cette musique de jazz

dans sa définitive réalité…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET