Aides publiques, loi du silence et…reproduction sociale !

— Par Max Dorléans ( GRS) —

En déclarant que « il est peut-être temps d’arrêter de distribuer autant d’aides à ceux qui n’ont aucune conscience de ce qu’ils coûtent aux contribuables », l’un des chefs macronistes à l’Assemblée nationale, Guillaume Kasbarian, a montré en s’adressant à la réalisatrice Justine Triet – toute fraiche récipiendaire de la palme d’Or au festival du cinéma de Cannes – le fond arrogant et méprisant de la pensée macroniste, et de la droite en général : sanction, financière ou autre, contre celles et ceux qui ne sont pas des bénis oui-oui !

En effet, pour eux à la tête de l’Etat et de son budget, il est inconcevable que tout réceptionnaire d’aides publiques puisse les critiquer, sauf à accepter en retour de se les voir non attribuées !

Un point de vue similaire à celui récent de Darmanin, dont les menaces à l’endroit de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), sous-tendaient également la suppression des subventions pourtant publiques, parce que simplement la LDH s’était montrée bien plus critique qu’hier, envers ceux qui ont le pouvoir, et qui distribuent les aides !

Une pensée autoritaire et arrogante, qui oublie que l’argent public n’est pas la propriété de la macronie, et que les orientations qu’elle impose à l’ensemble de la société pour les seuls intérêts d’une classe minoritaire en arrosant le patronat et autres riches d’aides et autres cadeaux (sans par ailleurs véritable bataille contre la fraude fiscale, le travail dissimulé…), privent d’argent public, l’ensemble des services devant satisfaire les besoins du plus grand nombre, comme la santé, l’école, les transports, le logement, l’environnement…

Des orientations politiques visant donc la reproduction sociale actuelle, et dont nous avons à tirer l’unique conclusion, à savoir que c’est que c’est ce système et ses institutions faites pour la domination d’une classe sociale privilégiée sur le reste de la société, qu’il faut éliminer, car à l’origine de l’ensemble des crises que nous connaissons. Une destruction qui ne se fera pas d’un coup de baguette magique, et qui va nécessiter que l’ensemble de celles et ceux d’en bas – quotidiennement plus nombreux – qui font les frais de la politique destructrice et mortifère de la minorité d’en haut, s’organisent pour modifier le rapport des forces en leur faveur. Un projet ambitieux qui passe par le balayage des illusions sur le caractère démocratique de cette république, à partir non seulement de l’examen de leur vécu quotidien, mais également d’un examen de la panoplie des outils dont s’est dotée la 5ème république conçue par de Gaulle en 1958 (et dont les articles 49-3, 47-1, 40…utilisés ces jours derniers ne sont qu’un exemple), pour garantir et reproduire jusqu’à aujourd’hui, le pouvoir des riches et des puissants.

Max Dorléans (GRS)