— RS n*409 lundi 25 août 2025 —
Nous pensons nécessaire de revenir sur l’examen d’une réalité autant que sur les débats quant à sa dénomination.
Choses et gens de la colonisation
Les choses que nous voulons nommer, ne sont pas une nouveauté. On a traditionnellement distingué les colonies d’exploitation et les colonies de peuplement. Cette distinction est relative. Il n’y a pas de colonies de peuplement qui ne cherchent à exploiter les terres et les Humains, qui s’y trouvent. Et il n’existe pas de colonies d’exploitation sans un minimum d’installation de colons. Il n’empêche que les appropriations coloniales qui se sont accompagnées de fortes installations de colons ont toujours posé un problème de décolonisation particulier.
Tantôt les colons d’hier sont devenus des nationaux des terres conquises (Amérique du Nord et du sud, Australie…) au point de prendre la tête des luttes pour l’indépendance. Tantôt les colons installés ont été les relais les plus sûrs du pouvoir colonial. Dans ce cas, la décolonisation fut plus difficile et plus douloureuse (Le cas de l’Algérie est, à cet égard, emblématique). Pour se maintenir coûte que coûte, le pouvoir colonial dans certains cas, pousse à l’installation de colons pour modifier l’équilibre démographique du pays, rendre les originaires minoritaires. Faire du blanc, disait Mesmer en Kanaky, de façon éloquente et brutale.
Aimé Césaire parle de « Génocide par substitution»
Ciblant le nombre grandissant de Français·e·s installé·e·s chez nous, Césaire dénonça un «génocide par substition». Nos articles sur ce problème, la réunion publique que nous avons tenue avec un des deux sociologues de l’ouvrage «Les Métropolitains en Martinique» ont largement abordé le problème. Nous ne partageons pas pour autant l’expression du poète, pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que le vocabulaire de la «substitution» a pour origine la plume des Békés les plus ouvertement suprémacistes. À la fin du dix-neuvième siècle, ils accusaient rageusement les «mulâtres» de vouloir pratiquer contre eux la «substitution». La ressemblance avec l’expression des racistes français sur le «grand remplacement» n’a donc rien de surprenant.
La nécessité de nous démarquer de ce langage abject, est d’autant plus grande qu’il nous appartient de bien souligner la différence entre les revendications suivant les pays et les situations. Il est juste de s’opposer à la politique anti-immigré·e·s des pays dominants. La liberté de circulation dans ces pays est à défendre. La liberté d’installation des Français dans les colonies de la France, est une toute autre chose, vu que la politique coloniale vise à favoriser cette installation pour les raisons évoquées plus haut. Toute formulation aboutissant à masquer cette différence fondamentale doit être rejetée. Toute confusion ne peut qu’avoir un effet néfaste aussi bien dans les colonies que dans la métropoles.
Ensuite, il ne suffit pas d’ajouter par «substitution» pour rendre juridiquement crédible la notion de génocide. Un·e Français·e venant s’installer en terre coloniale, peut être considéré·e comme partie prenante, consciente ou pas, d’une politique coloniale. Doit-on pour autant considérer comme une génocidaire, une personne venant s’installer chez nous? Mener une politique concrète contre les installations non souhaitées, n’implique pas selon nous, de lui infliger le titre de génocidaire. Gardons-nous de porter atteinte nous-mêmes, à la crédibilité de nos analyses par des légéretés de vocabulaire.
Quand on considère la bataille qu’il a fallu mener pour que le génocide à Gaza soit reconnu comme tel par une majorité de peuples et d’États, quand on mesure les efforts que font certaines organisations pour que l’ONU accepte l’inscription de nos pays dans la liste des territoires à décoloniser, on ne peut que recommander un usage du vocabulaire en conformité avec le droit international, que nous revendiquons dans le cas d’espèce, et en général comme une aide dans cette période de rapports de forces dégradés. L’expression de colonialisme de peuplement nous paraît la plus juste, car elle met l’accent sur une politique manifeste encouragée par un système bien établi, et sur son résultat néfaste dans la colonie. C’est à partir de cette définition que l’on peut, que l’on doit formuler des revendications concrètes sans céder à des facilités langagières plus suspectes que pratiques.
Non au budget 2026 anti–populaire de Bayrou/Macron !
Il y a quelques bonnes années, nous indiquions que se plaindre auprès de l’État, comme le faisait fermement le président Claude Lise, de l’insuffisance du montant des budgets alloués aux conseils généraux dont les missions avaient été augmentées sans contrepartie financière, était insuffisant et inadéquat.
Pour mieux approcher les besoins croissants des populations des DROM et de France, nous devrions attaquer directement la construction de ces budgets. En effet, les moyens financiers reculent pour la double raison des exemptions fiscales et des subventions faites au capital et aux riches, et ne peuvent évidemment pas remplir leur rôle auprès de la majorité citoyenne. Hier comme aujourd’hui, les gouvernements de droite comme de gauche libérale, diminuent les dépenses croissantes utiles à la population, vu leur budget inconséquent et au manque de recettes, s’interdisant de faire contribuer les riches.
Aujourd’hui, Bayrou entend régler le déficit d’une austérité de 44 milliards d’euros sur notre dos ! Pour lui et son gouvernement, c’est à la population de prendre en charge l’ensemble des cadeaux faits aux pwofitè avec les exonérations et autres réductions fiscales diverses.
Voici, les coupes massives sur le budget de la santé. Voici, l’attaque contre les retraites. Voici, la réduction des droits des chômeur/euses. Voici, la restriction pour l’éducation et les moyens pour le logement, l’écologie…
Toutes choses commencées sous Sarkozy, Hollande et amplifiées par Macron. Alors comme hier, ces 44 milliards nécessaires pour boucler son budget, que Bayrou aille les chercher dans la poche des milliardaires et du CAC 40 qu’il subventionne très largement à coups d’exonérations et autres cadeaux fiscaux ! Un des combats qui nous attend dès la rentrée de septembre !