« Une injustice totale » : Rodrigue Petitot condamné à un an de détention à domicile sous bracelet électronique

Le verdict est tombé ce jeudi 21 août 2025 à la Cour d’appel de Fort-de-France. Rodrigue Petitot, figure centrale du Rpprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), a été condamné à douze mois de prison ferme, aménagés en détention à domicile sous bracelet électronique. Une décision que le militant qualifie d’« injustice totale », dénonçant une volonté politique de l’écarter de la scène publique.

Une peine durcie en appel

En janvier 2025, « Le R » avait été condamné à un an de prison avec sursis pour l’intrusion du 11 novembre 2024 dans l’enceinte de la résidence préfectorale, en pleine vague de contestation sociale. Le parquet avait estimé la sanction trop clémente et avait fait appel. Après deux jours d’audience en juin dernier, la Cour a rendu son délibéré ce jeudi, confirmant partiellement le jugement mais transformant le sursis en prison ferme sous surveillance électronique.

La Cour a reconnu Petitot coupable de violation de domicile, d’actes d’intimidation, d’outrages à l’encontre du préfet et de rébellion en réunion. En revanche, certaines accusations, notamment celles de « violences ayant entraîné une incapacité de travail », n’ont pas été retenues.

« Une détention, même à domicile, reste une détention »

À la sortie de la salle des Pas Perdus, entouré d’une trentaine de soutiens, Rodrigue Petitot n’a pas mâché ses mots :

« Encore une fois, c’est condamner pour condamner. Une détention à domicile, c’est de la détention. On est dans la continuité de l’injustice. Nous avons les vidéos, nous avons les audios, y compris ceux de la préfecture. Ils montrent clairement qu’un policier m’invite à entrer. Comment peut-on parler de violation de domicile ? »

Pour lui, le jugement est tout sauf neutre. Il évoque des pressions venues de Paris :

« On va me dire que c’est un hasard du calendrier. Mais je ne crois pas au hasard. Retailleau avait réclamé ma judiciarisation depuis la France hexagonale. Aujourd’hui, au moment même où il est en visite, je suis condamné à du ferme. »

Une décision perçue comme politique

Les avocats de Petitot, dont Maître Max Bellemare, dénoncent eux aussi une peine lourde et disproportionnée :

« Le bracelet, c’est de la prison. Vous êtes privé de liberté, sous surveillance permanente. Cela reste une mesure extrêmement contraignante. »

Pour le Rpprac, cette condamnation s’inscrit dans une stratégie visant à affaiblir le mouvement alors qu’il mène actuellement son « Matinik Tour », une série de rencontres avec la population pour aborder les enjeux de souveraineté, de justice sociale et de protection des ressources.

Un combat judiciaire loin d’être terminé

La défense n’exclut pas de se pourvoir en cassation, ce qui suspendrait potentiellement l’application de la peine. De plus, Rodrigue Petitot doit de nouveau comparaître lundi 25 août dans une autre affaire liée à ses appels à la mobilisation après l’arrestation du militant Hervé Pinto.

Malgré la sanction, le leader du Rpprac se dit déterminé à poursuivre son combat :

« Qu’ils tentent de m’enfermer ou de me réduire au silence, je continuerai à défendre les peuples et les ressources de la Caraïbe. On ne bâillonne pas une cause juste. »