« Je n’ai pas lu Foucault » & « Tout le monde il est Jean Yanne »

— Par Dominique Daeschler —

« Je n’ai pas lu Foucault », texte Céline Caussimon ,mes Sophie Gubri

Comme bon nombre de spectacles cette année, le texte est construit à partir d’ateliers d’écriture. Leur particularité est d’avoir été faits en prison sur un thème peu banal l’observation de toiles et de peintres connus ( Picasso, Basquiat, Van Gogh…) .Céline Caussimon, animatrice de ces ateliers, se prépare, relit les biographies, prête à livrer pour chaque peintre, son parcours, ses influences, ses techniques, ses thèmes. Une petite angoisse cependant, elle n’a pas lu le livre de Foucault. Peu importe, c’est elle qui doit s’adapter aux regards qui lui sont renvoyés. Bien sûr il y a ceux qui viennent là pour passer le temps, parce qu’il n’y a pas foot. C’est leur parole vive sur les couleurs qu’il préfèrent ( le noir de Basquiat), le ressenti sur l’organisation d’un tableau ( la chambre de Van Gogh), l’ intuition des origines ( Basquiat). Le cheminement des détenus introduit sans cesse l’idée d’une liberté de pensée qu’ils savent asséner, apportant à leur animatrice une autre appréhension de l’Art. Céline Caussimon sait transcrire ces rencontres (les passages des textes écrits sont de beaux moments d’affirmation de soi) qui ,à notre tour, nous entraînent dans un apprentissage de l’autre et de sa différence quand elle seconjugue avec exclusion. Généreux et sans jugement.

Du 5 au 26 juillet à 10h, espace Roseau Teinturiers

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« Tout le monde il est Jean Yanne », textes Jean Yanne, m.e.s. De Monterno

Une incursion dans le théâtre musical, consacré à Jean Yanne, texte et chansons C’est un voyage dans le temps, les années 70, avec mini jupes, cols de chemise pelle à tarte, vestes cintrées, goût pour les dessins optiques. Sur scène , un piano, une balancelle, , un homme et une femme, en joutes oratoires construisent le monde de Jean Yanne . On se souvient de cet ours mal léché qui avait toujours l’air maussade et décalé dans la société qu’il dénonçait avec ce virage vers la surconsommation, le formatage des idées (déjà) et l’ignorance de l’autre . Cet iconoclaste qui écrivait, composait, passant des cabarets à Pialat et Chabrol aimait jouer les beaufs. Sur scène, Anne Cadilhac (chant, jeu, piano) et Eric Perez( chant, jeu) ont trouvé une écriture cohérente pour assembler sentences, adages et chansons, valorisant, derrière le côté provocateur, une analyse féroce de l’humain toujours mâtinée d’humour. Les deux personnages ont le même abattage, c’est vif, corrosif, rythmé. L’humour au vitriol laisse aussi place à la poésie ,ce qui est bien mis en valeur dans la construction du texte, nous livrant un Jean Yanne attachant et subtil.

Nouvelle Etincelle. Du 5 au 26 juillet. 11h30. Relâche les 16 et 23.