— Par Dominique Daeschler —
Comme à son habitude, le TOMA théâtre d’Outremer à Avignon, convoque lectures , projections ,échanges ,spectacles au sein de la Chapelle Incarnée.
Porgy and Bess, musique et livret de Gershwin
Adapté par les voix d’Outremer et Fabrice di Falco, chanteur lyrique martiniquais et cheville ouvrière des Contre-Courants, ce moment D’opéra valorise « à nu » les talents ultramarins dans le domaine lyrique. La musique de Gershwin n’ a pas pris une ride et Fabrice di Falco accompagne , dans un rôle de récitant les artistes. Les quatre chanteurs défendent leur partition avec brio. On retiendra particulièrement l’interprétation de Livia Louis Dogué dont la tessiture large la situe déjà parmi les grandes . Sans doute ,la présence sur scène, les déplacements sont à travailler mais ceci est déjà sur rails.
Entre les lignes, chorégraphie Florence Boyer
Florence Boyer, chorégraphe et danseuse, prend à bras le corps un travail de recherche sur les ouvrières du textile de Roubaix à Cilaos (Réunion) qui, à travers leurs broderies, ont célébré une attention aux femmes, dépassant un quotidien aux gestes répétitifs pou en donner la dignité et la beauté. Il y a dans la danse de Florence, dans ce corps qui plie, se courbe, se jouant de l’équilibre, une énergie qui combat la violence ,célèbre le partage qui unit et élève toutes ces femmes. Car Florence est démultipliée, ce n’est pas un solo ordinaire tant il y a d’humilité. Tout le monde ne sait pas affirmer la parole dans le silence. Elle, elle sait.
Du 5 au 24 juillet. 16h45. Relâche le 18 .
KanaKy 1989, texte et mes Fani Carenco
La compagnie La grande Horloge, nous convie à entrer dans l’histoire de la Nouvelle Calédonie et De Jean Marie Tibaou par un biais singulier : c’est à partir d’une histoire familiale et de liens affectifs qu’est retracée une période mouvementée où Jean Marie Tibaou, affirme comme essentiel la reconnaissance de la culture calédonienne dans un processus d’émancipation politique (cf. Frantz Fanon). Une amitié se noue entre un haut fonctionnaire français et Tibaou. Ses filles observent et le récit se construit à travers les souvenirs et le vécu, jouant de l’immédiateté , du recul et d’une plus grande maturité. Cette approche sensible donne plus de poids aux événements, le récit coule sans être jamais sentencieux. De l’assassinat de Jean marie Tibaou on retiendra le pardon de sa veuve comme un hommage à ses idées, comme la volonté de comprendre l’autre. Fani Carenco, qui a écrit le texte, le respire et ce n’est pas un mince compliment.
Du 5 au 24 juillet à 20h, relâche le 18.