—Le CNCP —
Une surveillante poignardée par un élève de 14 ans ! Un enfant kidnappé ! Une femme assassinée par son conjoint ! Un jeune abattu par deux individus cagoulés pour lui voler sa moto ! Pas un jour ne se passe sans que les médias ne nous rapportent un fait divers tragique.
Chaque fois, l’émotion est vive dans l’entourage des concernés et chez tous ceux à qui les médias relatent l’événement longuement et dans les moindres détails. La population, sincèrement compatissante, dépose des fleurs sur les lieux de l’événement, organise des «Marches Blanches». Se sentant personnellement menacée, elle appelle le gouvernement à la protéger et à châtier durement les criminels.
Mais qu’est-ce, donc, qui explique la généralisation de ces violences dans tous les pays dits «modernes», «démocratiques» et «civilisés» ? Qu’est-qui pourrait y mettre fin ? Les médias du système ne se risqueront pas de répondre à ces questions, eux qui s’en repaissent pour booster leur audimat ou la vente de leurs périodiques. Pas plus d’ailleurs que l’État, qui y trouve une aubaine pour diviser les peuples en désignant des boucs émissaires (immigrés, noirs, arabes, musulmans, jeunes des banlieues, etc.) pour, au bout du compte, justifier ses politiques fascistes et répressives. Les uns et les autres se complairont à alimenter le sentiment d’insécurité et l’anxiété, tachant d’escamoter tous les éléments nécessaires à la compréhension de la réalité. En tout cas, les faits divers scabreux dont on nous abreuve plus que de raison ne sont que des marqueurs de réalités sociales globales et ne sont certainement pas les plus dévastateurs en matière de violence .
. Au fait, que signifie exactement le mot «violence»?
«La violence est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant «l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès». Cette définition inclut tous les types et toutes les formes de violence et ce, sans égard au milieu (école, travail, communauté, etc.) ou au stade de la vie. De même, elle rend explicites les conséquences de la violence sur la santé physique et mentale de la personne qui la subit.»*1
Cette définition a le mérite d’être claire. Mais, n’est-il pas vrai que dans le narratif des médias et, par conséquent, dans l’opinion publique le mot «violence» n’est associé qu’à des «faits divers» scabreux ponctuels? Nous essayerons d’en expliquer le pourquoi à travers le développement qui va suivre.
Quand un gouvernement décide, en toute connaissance de cause, d’imposer par des procédés manifestement antidémocratiques*2 des mesures qui ont pour conséquence de jeter des millions de gens dans une profonde misère, avec toutes les conséquences que cela implique, son objectif étant de garantir des superprofits aux milliardaires, il s’adonne là à une extrême violence.
Ce qui se passe en France actuellement en est une brûlante illustration. Les électeurs Français ont rejeté la politique scélérate menée par le gouvernement en place. Qu’à cela ne tienne ! On leur impose un nouveau gouvernement qui va encore plus loin dans le sabotage des services publics et de la protection sociale. La constitution bourgeoise a été pensées pour qu’il puisse le faire.
Les dirigeants d’un pays, dit «développé», dit «démocratique», ne font-ils pas preuve d’une violence condamnable quand ils imposent cyniquement une politique dont ils savent que les résultats sont les suivants :
-27 % de la population Martiniquaise vit au dessous du seuil de pauvreté (14,4 % en France)
– 13,5 % de la population active sont au chômage, et le chiffre est notoirement sousévalué (7,3 % en France)
-2607 défaillance de petites entreprises (67 830 en 2024 en France)
-25 à 30 suicides par an et 2 à 3 tentatives par jour dans notre pays (9000 suicides et 685 tentatives chaque année en France)
Quand la majorité de la population ne peut, ni se nourrir, ni se loger correctement, ni se soigner, quand il est impossible à des jeunes de trouver un trouver travail digne et décemment rémunéré, tout cela à cause des décisions politiques prises en haut lieu, ne s’agit-il pas de victimes de violence ? Le pire, c’est que ces victimes là subissent la violence supplémentaire d’être culpabilisées et dénigrées. Par exemple, ces bénéficiaires du RSA qui seraient coupables de ne pas faire l’effort de chercher du travail ou ces petites entreprises qui seraient responsables de leur malheur parce qu’incapables d’être «compétitives»*3.
Quand la «filière banane» est organisée de telle manière qu’un petit planteur Martiniquais expédie 75 cartons de bananes en France et reçoit en retour un chèque de 2 euros 80, ne doit-on pas parler de racket ?
Et si, malgré toute la propagande faite par les auteurs de telles violences, des victimes se dressent contre l’inacceptable, celles-ci sont diabolisées*4 et, de même que les maffieux envoient des gros bras punir ceux qui ne se plient pas à leur loi, les forces de répression sont détachées pour les mater.
Ces dirigeants sont-ils moins violents que les maffieux, les chefs de gang ou les individus qui rackettent les plus faibles et tuent des innocents ?
Eh bien oui, toutes ces pratiques méritent d’être qualifiées de violences barbares. Pourquoi les médias ne les dénoncent-elles pas en tant que telles ? Pourquoi n’en désigne-t-on pas les responsables et n’appelle-t-on pas à les neutraliser comme c’est le cas quand il s’agit d’un individu délinquant qui en agresse un autre ? Il est, pourtant, incontestable que les violences et la délinquance «entrepreneuriale» et institutionnelle sont mille fois plus dévastatrices que les actes d’individus délinquants ou désespérés. Elles sèment massivement dans la population désarroi, rancoeurs et mal-être mental. Plus grave, elles incitent les exclus à sombrer dans le banditisme et à commettre des violences au sein de la société.
La réponse à toutes les questions posées ci-dessus est sans équivoque : les empires médiatiques sont directement contrôlés par les multinationales qui dominent le monde. Les «sachant» -formatés ont pour mission de faire accepter les explications et les décisions venant du Pouvoir comme étant des «vérités» intangibles : On ne doit pas déroger aux règles de la «compétitivité», à l’exigence de «prioriser la lutte contre un déficit budgétaire sur les conditions de vie de la population.», etc. Leur mission est de cacher le fait que les gouvernements dits «libéraux» sont au services des ultra-riches et de cacher les violences systématiques dont ils sont coupables.
. C’est bien dans le système dominant que la violence trouve ses racines
La violence, on le sait, a toujours existé dans l’histoire de l’humanité. Notamment, celle d’une grande brutalité exercée par les classes dominantes contre les Peuples opprimés. Cependant, les structures sociales et les réponses culturelles pensées et mises en place par les couches populaires elles-mêmes permettaient de la contrôler. Les systèmes d’entraide et de partage, les rites de passage entre l’enfance et l’âge adulte, l’initiation au respect de la nature, (etc.) garantissaient une forte harmonie sociale. C’est précisément ce socle là que la bourgeoisie a entrepris de démantibuler pour permettre l’essor du système capitaliste. Partout, elle s’est impliquée pour détruire les structures communautaires solidaires et interdire les activités populaires concurrentes, afin de leur substituer un individualisme forcené et une addiction à la compétition.
Dans ce cadre et par le biais de leurs empires médiatiques, de leurs gouvernements qui contrôlent les forces de répression, l’appareil judiciaire et les institutions éducatives, les classes dominantes ont pu imposer, cachée derrière une «démocratie» soi-disant représentative, une VIOLENTE dictature de classe*5
. Les pseudo-solutions promues par le système dominant ne mettront jamais fin aux violences
Par exemple, quand le Pouvoir Colonial justifie l’envoi massif de forces de répression chez nous au prétexte de mettre fin aux homicides causés par les règlement de compte entre dealers, il n’envisage pas du tout d’empêcher que les armes et la drogue circulent dans notre pays. Son intention est d’être en mesure de réprimer les mouvements populaires et ceux qui remettent en cause la domination française. C’est vrai que les forces dites de l’ordre procèdent à des débarquements ponctuels dans quelques quartiers à des fins de communication. Mais c’est régulièrement à l’occasion de chaque manifestation populaire qu’elles sont mobilisées sur le terrain pour tirer des salves de grenades lacrymogènes, user de matraques et de LBD contre les militants avant que ceux-ci ne soient persécutés par les tribunaux français.
On ne saurait combattre efficacement les violences qui tuent la société, sans en identifier les vraies causes. Sans diagnostiquer la maladie on ne saura quels remèdes administrer au corps souffrant. Comme dit l’adage, on ne fait pas tomber la fièvre en cassant le thermomètre.
Il est incontestable que la généralisation de la violence au sein de la société actuelle est largement imputable au fait que, d’un côté, les médias déversent massivement une culture déshumanisante qui incite à la violence et à la perversion (la déstructuration mentale des enfants dès le plus jeune âge par les jeux vidéos et les dessins animés est l’une des violences les plus odieuses à cet égard) et que, de l’autre, les gouvernements libéraux sabotent les services publics d’éducation et asphyxient les Associations contribuant à la socialisation de tous.
Les sciences sociales, comme la psychologie et la sociologie, ainsi que la psychiatrie ont largement démontré comment le psychisme des individus peut être affecté par les «modèles» qui leur sont proposés, le conditionnement, la manipulation et les aliénations les plus diverses*6.
Quels tableaux et quels messages sont offerts aux personnes déjà fragilisées par les conditions que nous avons décrites plus hauts ? Les dirigeants du monde pataugent dans la corruption et la débauche; les scandales de violences sexuelles éclatent dans les institutions religieuses ; les États impérialiste occidentaux s’arrogent le droit de mener des «guerres préventives» ou «humanitaires». L’armée d’occupation sioniste israélienne pratique ouvertement un cruel génocide avec le soutien de l’occident et des médias ; Trump piétine impunément le droit international et ses alliés s’agenouillent. Tout cela valide l’idée que la loi du plus fort doit prévaloir.
. Quelles planches de salut sont offertes aux victimes des violences du système ?
Personne ne peut nier que l’écrasante majorité de la population subit en permanence le concert de violence dont nous avons parlé. On ne peut pas démentir, non plus, le fait que les victimes ne sont pas protégées par les gouvernements en place et, qu’en règle générale, elles sont dans l’impossibilité d’obtenir réparation par le biais des institutions judiciaires*7
Alors, le plus grand nombre se retourne vers des religions qui leur donnent l’espoir, qu’après leur mort, ils pourront accéder au bonheur suprême dans l’au-delà. Ceux qui souffrent l’enfer terrestre s’accrochent à cet espoir sans lequel ils seraient conduits à la dépression et à l’autodestruction*8.
Et puis, il y a tous ceux qui savent que pour juguler les violences de classes et les violences sociales, il faut attaquer le mal à la racine et donc, s’engager dans le combat révolutionnaire visant à combattre le système et à construire une société alternative.
. Les moyens de remédiations et notre responsabilité
Des éléments que nous avons développés, il émane une certitude : les réponses aux problématiques de violence ne viendront jamais du Pouvoir colonial Français. C’est à notre Peuple lui-même de porter les solutions qui répondent à l’urgence et qui pourront être valables sur le long terme.
Dès aujourd’hui, nous devons, tous et toutes, nous mobiliser pour ressouder notre communauté sur la base de ses valeurs traditionnelles, pour animer un système éducatif parallèle s’appuyant sur notre propre culture de partage et de solidarité, pour impulser une économie endogène, autocentrée, dissidente par rapport à au système que nous imposent la France coloniale et la caste suprémaciste béké. Autant de pratiques qui existent déjà mais qu’il nous appartient de développer et d’unir dans un projet commun. Précisément, cette dynamique doit être le tremplin qui nous permettra d’être prêt à assumer nos responsabilité dans la construction d’une société alternative dans un pays débarrassé de la tutelle coloniale.
C’est à ces conditions là que nous pourrons juguler toutes les violences !
*1 source : Institut national de santé publique du Québec
*2 Ce qui se passe en France actuellement en est une brûlante illustration. Les électeurs Français ont rejeté la politique scélérate menée par le gouvernement en place. Qu’à cela ne tienne ! On leur impose un nouveau gouvernement qui va encore plus loin dans le sabotage des services publics et de la protection sociale. La constitution bourgeoise a été pensées pour qu’il puisse le faire.
*3 Bien entendu les injustices fiscales, le non-accompagnement par les banques, la concurrence déloyale des grandes entreprise ne sont pour rien dans l’affaire.
*5 A ce propos, il convient de rappeler que le système n’a aucun scrupule à s’appuyer sur des délinquants afin d’alimenter les violences dans la société, par exemple, en utilisant des provocateurs pour créer des incidents dans des manifestations pacifiques ou plus grave, en s’impliquant dans le trafic de drogue et d’armes à feu (comme cela a été le cas quand la CIA introduisait le crack à Harlem).
*6 L’individu psychiquement atteint va se fondre dans le moule pour imposer qu’on le regarde ou pour défier la société qui le rejette. L’utilisation du couteau et les fusillades dans les écoles illustrent parfaitement cela.
*7 La majorité de la population sait par expérience que le système judiciaire protège les privilégiés et décourage ceux d’en bas par le coût et la longueur des procédures.
*8 Soit dit en passant, poussés dans cette direction par leurs conditions de vie et leur parcours personnel, ils se retrouvent confrontés à une violence de plus : Celle des « sachant -révolutionnaires» qui, estimant être détenteurs de la vérité, vilipendent la bêtise et l’«aliénation» de ceux qui pratiquent «la religion du colon»