Assises populaires contre la vie chère : Grandeurs, problèmes et perpectives

— RS n° 399 lundi 16 juin 2025 —

« HISTORIQUE ! » ; Le mot est revenu souvent pour qualifier à chaud le moment passé. Et pas seulement dans la bouche de Clauy Siar, l’animateur dont c’était sans doute le rôle !

Cette appréciation contraste fort avec les virulentes dénonciations de certain·e·s, ne ménageant ni le RPPRAC, initiateur, ni la puissance invitante, les députés Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor, ni les intervenants.

La joie des participant·e·s a été palpable du début à la fin. Joie de se retrouver en grand nombre, joie d’écouter des exposés bien documentés, joie d’assister à des débats animés, joie du contact direct avec des député·e·s engagé·e·s, lucides, combattifs/ves venant de Guyane, de La Réunion, de la Polynésie, de France.

Ces deux jours d’échanges entre des associations, des syndicats, des djèrié et djèrièz, qui ont battu le pavé pendant près d’une année et les élu·e·s en question, constituent une première qui mérite une franche approbation.

Que cela ait été l’occasion d’un frottement entre des traditions politiques et des expressions idéologiques différentes, est une excellente chose. Imaginer des Assises populaires monocolores est une contradiction dans les termes.

Audelà des maladresses dans la transmission des invitations, les absences de nombreuses forces militantes et de nombreux/ses élu·e·s traduisent, soit un refus obstiné de frayer avec le peuple, soit une conception du combat politique portant des traces héritées des monolitismes sectaires du passé.

Victor Castor, député indépendantiste de Guyane, a résumé d’une phrase la posture dans laquelle nous nous reconnaissons : il faut être là où le peuple se bat pour les causes qui sont les siennes. La vie chère en est une. L’incapacité de bien des camarades de surmonter les ressentiments du passé, même récent; les réticences à mettre l’intérêt collectif au dessus des susceptibilités même légitimes, n’est ni un signe de maturité politique, ni une marque de sensibilité aux souffrances des classes subalternes.

En d’autres temps, les abstentionistes auraientils ou elles pris la poudre d’escampette devant les bizarreries et aberrations idéologiques de la plupart des insurgé·e·s de 1848 ou de 1870, pour ne prendre que deux exemples martiniquais bien connus ?

Il est clair, en ce qui nous concerne, que nous ne partageons pas tout avec tous ceux et toutes celles qui ont contribué au succès de la manifestation des 12, 13 et 14 juin. Mais, nous considérons comme un fait positif, la présence des maires du Robert, du François, du Lamentin, de Ducos, de Rivière-Pilote, du Gros- Morne, de conseillers municipaux de plusieurs autres. De même qu’en plus des syndicats intervenant officiellement (la CDMT et FO), la présence de syndiqués de la CGTM, de la CGTM-FSM, de l’UNSA, de la CSTM, et sans doute d’autres.

La perspective du vote d’une loi annoncée par Manuel Valls (une intervention par vidéo du personnage a été présentée) donna aux Assises la signification de travaux pratiques pour éclairer les élu·e·s des desiderata du peuple. C’est sans doute là, que l’exercice trouve ses limites.

Recueillir des avis d’experts et de militants, par oral ou par écrit, même avec l’aide des nouvelles technologies, n’est pas à la hauteur du débat exigeant qui s’impose pour que les positions défendues par les Parlementaires soient l’expression fidèle des volontés populaires.

Un point de vue très clair a dominé les débats : l’action des masses est la condition principale de l’efficacité des prouesses verbales et argumentatives des Parlementaires. Mathilde Panot qui dirige le groupe parlementaire de La France Insoumise (LFI) affirme à la fois la possibilité de faire passer des lois comptetenu de la configuration particulière des forces dans l’Assemblée, et le caractère indispensable de la mobilisation populaire pour y aboutir.

En attendant, quel que soit le calendrier de la procédure législative, il est nécessaire que le débat s’approfondisse, qu’il gagne les profondeurs militantes, qu’il permette la construction d’un rapport de force dont tout le monde souligne le caractère indispensable.

Comment éviter le piège de la contradiction entre ceux qui ne veulent proposer que des choses acceptables par le système, et ceux qui répètent qu’on ne peut rien conquérir sans le triomphe de l’indépendance nationale, c’est ce sur quoi nous nous expliquerons au prochain numéro.

Sur scène et dans la rue, les 10 et 11 juin à Fort-de-France : Se mobiliser pour Gaza !

Le Comité Martinique Palestine Solidarité a initié deux périodes fortes d’investissement au moment de cet écrasement génocidaire de la Palestine et de Gaza. Ceci se fit aussi en relation avec les initiatives, tant de la flottille pour Gaza avec Rima Hassan et Gréta Humberg, que de la marche pour Gaza prévue à partir de l’Égypte, et enfin des rassemblements mondiaux s’amplifiant dans le monde contre le génocide.

Nicole Cage, la poétesse militante, s’est investie pour nous inscrire dans l’action poétique mondiale pour Gaza. Cela se passa au Téat Otonom Mawon (TOM), avec la mise en scène mirifique de Widad Amra dans un décor tout palestinien, avec aussi la brillante prestation de Malika Mercier, ainsi que le concours talentueux de Daniel Boukman. La projection d’images sur la résistance, la résilience, la détermination d’un peuple en souffrance ont rajouté à l’importance de notre rendez-vous. Une étincelante collation solidaire issue de produits traditionnels palestiniens et une vente d’œuvres poétiques, furent faites pour un envoi humanitaire aux Gazouis. La soirée proposa un micro ouvert à tous ceux et toutes celles qui apportèrent leur part à cette soirée.

Le lendemain, au bord de mer de Fort-de-France, un rassemblement se tint pour dire dans la rue notre participation à la condamnation de la politique de l’État israélien

dirigé par Netanyahou