Chronique d’un système en chute

— Éditorial du N° 228 de « Jik An Bout » (*) —

L’actuelle guerre commerciale entre les riches ouvre la porte de la victoire aux peuples exploités

Voyez avec quelle unanimité les journalistes et économistes occidentaux nous déclarent que «Donald TRUMP a déclenché la guerre commerciale» et que «cette guerre risque de désarticuler le commerce mondial avec des conséquences désastreuses pour les populations» ! Tiens donc ! Qu’ils nous disent alors, en quel jour, en quelle année, en quel siècle la guerre commerciale n’a-t-elle pas sévi avec rage sur tous les continents depuis l’apparition du capitalisme, du colonialisme et de l’impérialisme, jetant sans état d’âme les masses populaires dans la misère ?

En réalité, ils savent bien que la guerre commerciale est un phénomène permanent et inhérent au système capitaliste. Mais, ils sont paniqués par la particularité de la crise en cours. S’ils se mobilisent avec tant de ferveur, c’est parce qu’ils savent que le système capitaliste est en bout de course et qu’en face, les bases de la construction d’un système alternatif sont bien réelles. Ni les manipulations, ni la désinformation ne pourront inverser ce cours de l’histoire.

1- Les guerres commerciales sont et ont toujours été le moteur du développement du capitalisme

Aucun économiste, politicien ou éditocrate n’osera nier ouvertement cette double réalité : 1) la guerre commerciale est l’essence même du capitalisme ; 2) les grandes entreprises et les multinationales sont celles qui ont réussi à écraser leurs adversaires.

Remontant à la naissance même de la bourgeoisie occidentale et de ses entreprises de colonisation, on conviendra que l’affrontement a toujours été la règle, entre commerçants vendant les mêmes produits, entre cités et villes voulant imposer leur suprématie, entre pays se disputant le contrôle des ressources naturelles et des marchés. Il n’est plus besoin de démontrer qu’à la source des conflits armés on trouve généralement, tapies derrière des prétextes idéologiques, des contradictions d’intérêts économiques et commerciaux.

Les agressions militaires menées par le Royaume Uni contre la Chine en 1839 et 1856 , dites «Guerres de l’opium» ont bien été motivées par des raisons commerciales : la dynastie Qing, voulait interdire sur son territoire le commerce de l’opium dont les Britanniques tiraient profit. Exemple qui confirme opportunément que les guerres que se livrent les puissances impérialistes rivales pour contrôler les marchés et celles que se livrent les gangs pour contrôler des points de deal sont strictement de même nature.

Ceci dit, nous l’avons déjà établi : derrière les guerres (commerciales ou autres), que les puissances impérialistes se se livrent entre elles, se cache une guerre plus fondamentale : celle que mènent les classes dominantes contre tous les Peuples du monde*1. Actuellement, nous vivons l’ère de la globalisation de l’ultralibéralisme. La superclasse internationale dans laquelle se regroupent dirigeants des multinationales, banquiers et spéculateurs, marchands d’arme et autres maffieux milliardaires, est parvenue à établir son emprise sur les institutions internationales et les États, de surcroît, s’installant directement à la tête des gouvernements. C’est ainsi qu’ont pu se généraliser les politiques de sabotage systématique des services publics, des protections sociales, des conventions garantissant les droits des travailleurs, la souveraineté des Peuples ou le respect de l’environnement.

2- Jusqu’alors, les principaux perdants ont toujours été les couches populaires et les peuples dominés

Qu’on soit en période de «crise» ou pas, l’obsession des «investisseurs» est de rentabiliser leur capital au maximum. Les principaux préceptes de leur religion sont ceux-ci : «Nous devons faire des superprofits à tout prix !», «Il est normal que le gros mange le petit!», «la loi de la jungle doit prévaloir !». Leurs actes de foi sont la déportation et la soumission barbare de millions d’Africains à l’esclavage, l’indigénat, l’exploitation de la main d’œuvre infantile de par le monde, l’immigration massive de travailleurs sans droits*2, les délocalisations et les licenciements massifs de salariés jetés dans la pauvreté, sacrifiés sur l’autel de la «compétitivité» de leurs entreprises, etc.

Le plus scandaleux est que les gouvernements représentant le système imposent aux couches exploitées et défavorisées de «faire des sacrifices» pour surmonter leurs déficits budgétaires, leur «préparation à la guerre» ou les «difficultés des grandes entreprises».

Aussi faut-il dénoncer sans ambiguïté tous ceux qui défendent, idéalisent et applaudissent le système capitaliste avec son ultralibéralisme. Ce système qui, tout au long de son histoire, a démontré sa cruauté :

– en brûlant des stocks de produits alimentaires en période de crise pour maintenir leur coût sur le marché, pendant que la famine frappait des populations,

– en détruisant les semences vernaculaires pour imposer celles vendues à des prix exorbitants par les multinationales et qui ne se reproduisent pas.

– en condamnant à des peines d’amende, aujourd’hui encore en France, des pauvres qui récupèrent des légumes invendus dans les poubelles d’hypermarchés.

Oui ! Il faut dénoncer ceux qui, intoxiqués par l’aliénation idéologique ou obnubilés par leurs intérêts de classe ne cessent de dénigrer les services publics et leurs travailleurs, de brandir les «échecs» de la société socialiste et de la planification*3.

Il n’est plus question de tergiverser. Nous devons nous engager dans la lutte pour éradiquer le système capitaliste qui met en danger la planète, l’humanité et plus largement le vivant !

3 – La porte de la victoire s’ouvre largement à la victoire des Peuples

Ce qu’il y a de nouveau dans la guerre commerciale actuellement en cours, c’est que l’hégémonisme des impérialistes occidentaux est structurellement sapé par l’essor des puissances rivales. Désormais, ils ne peuvent plus imposer des contrats léonins aux pays détenteurs de ressources naturelles et ne peuvent plus jouir d’exclusivité dans leurs marchés. De plus, les multinationales ayant brisé tous les garde-fou, il est de plus en plus difficile pour les États d’élaborer des stratégies cohérentes. Dans le même temps, les contradictions internes qui minent leur système s’aiguisent.*4

Dans le N° 225 de «Jik An Bout», que nous vous invitons à consulter, nous expliquions qu’il était impossible aux impérialistes occidentaux d’enrayer la la consolidation des blocs alternatifs et que le système capitaliste était en bout de course. Voilà pourquoi nous considérons que les portes de la victoire s’ouvrent devant les Peuples.

Mais puisque c’est d’une guerre qu’il s’agit et que la puissance et la perversité du camp ennemi ont été exposées, il convient de rappeler que l’on ne peut prétendre la gagner si l’on ne dispose pas d’une armée organisée, dont les troupes sont motivées et mènent les batailles dans le cadre d’une stratégie intelligente et globale.

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*1 Le phénomène de la «vie chère», dénoncée sur toute la surface du globe, est une éclatante manifestation de la guerre commerciale que la classe dominante mène contre les Peuples .

*2 La venue de ces travailleurs immigrés a été voulue et organisée par les occidentaux eux-même pour reconstruire leur pays après la deuxième guerre mondiale et cette main d’œuvre reste toujours indispensable au fonctionnement de leur économie. Mais à des fins de basse politique, ils ont été désignés comme boucs émissaires par les classes dominantes afin d’aveugler leurs couches dominées et de faciliter la fascisation du système. Paradoxalement, ce double jeu accentuera la déstabilisation de celui-ci.

*3 Les impérialistes occidentaux ont réussi à diaboliser le socialisme dans l’opinion publique, notamment en formatant de larges fractions de l’intelligentzia. Aussi, est-il indispensable que, tous ceux qui luttent pour l’avènement d’un monde meilleur revisitent l’histoire des mouvements révolutionnaires et des expériences de construction du Socialisme pour séparer le bon grain de l’ivraie et en tirer de justes leçons pour l’édification du système alternatif.

*4 A cet égard, l’offensive menée par les USA, sous l’égide de Trump, pour «Make America Great Again» en noyant leurs «alliés» européens, aura des effets destructeurs dont on ne mesure pas encore toute la portée.

(*) Journal en ligne des Comités Populaires (CNCP)