28 septembre : Journée du droit à l’avortement

Avortement, les femmes décident

— Par Muriel Ameller de Culture Égalité —

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »

Simone de Beauvoir

C’est bien dans ce sens que les luttes féministes s’organisent pour que ce droit fondamental soit préservé et que sur toute la planète, toutes les femmes puissent sans peine interrompre une grossesse.

Dans le monde, malgré des victoires arrachées par la mobilisation des femmes principalement, et malgré l’engagement exemplaire d’une jeunesse déterminée comme en Argentine en juin 2018, l’avortement reste illégal ou très restreint dans un très grand nombre de pays européens, aux Etats Unis, en Amérique Latine et dans la Caraïbe (seul Cuba a autorisé l’avortement).

Les pays les plus conservateurs ne dépénalisent pas l’avortement, considérant cet acte médical comme un délit, décidant dans un cadre moralisateur que la santé des femmes et leur liberté individuelle ne comptent pas.

Ce droit est un droit fragile, toujours menacé, rediscuté :

– Les associations contre l’IVG, les lobbys religieux, bien organisés influent sur les politiques en étant violemment hostiles, à la légalisation de ce droit.

– Les profesionnel.les de santé peuvent aussi faire appel à la “clause de conscience”, qui les autorise à ne pas pratiquer d’acte pouvant heurter leurs convictions éthiques, morales et religieuses.

– En France, trop de territoires sont encore dépourvus de structures qui pratiquent l’IVG ou qui conseillent sur les modes de contraceptions ou méthodes d’avortement. Cela augmente les inégalités de genre.

– Les politiques de transport ne permettent pas toujours aux femmes de se déplacer facilement ou en toute autonomie pour accéder aux structures hospitalières ou de soins.

– La remise en cause du droit à l’avortement est souvent un débat porté par les législateurs hommes, qui mesurent à moitié, les besoins et la santé globale des femmes.

Pour toutes les associations féministes, cette privation de cette liberté individuelle, cette atteinte au corps et à l’esprit des femmes sont inacceptables, insupportables ! On sait toutes, les situations de détresse, de désespoir, que vivent les femmes contraintes de mener à terme une grossesse non désirée.

Les pressions familiales, les pressions culpabilisantes renforcées par le système patriarcal laissent les femmes dévastées et en souffrance, se retrouvant souvent seules dans ces situations subissant la honte, la solitude voire le rejet.

La crise sanitaire a freiné considérablement l’accès à l’avortement. Les délais de 12 semaines dépassés, toutes les femmes, particulièrement en Martinique, n’ont pas les mêmes moyens pour se rendre dans un pays où le délai est allongé. Les jeunes filles n’ont pas toutes, un entourage bienveillant qui peut les accompagner et les soutenir !

L’avortement ne doit pas être un droit sous contrainte.

Culture Egalité, aux côtés des autres associations féministes, revendique de nouvelles modalités législatives qui garantissent à toutes les femmes dans le monde, d’avorter en toute liberté, sans danger pour leur vie et sans jugement : développer et renforcer l’éducation à la sexualité pour tous et toutes les élèves des collèges et lycées ; exiger des moyens financiers pour les centres d’IVG afin de mieux soutenir et accompagner les femmes et jeunes filles, suppression de la double clause de conscience des profesionnel.les de santé ; allongement des délais pour avorter .

Culture Égalité appelle toutes les femmes et jeunes filles à préserver ce droit fondamental, à se mobiliser au nom de leur émancipation, leur liberté individuelle, de leur choix à disposer de leur corps et de leur vie.

Muriel AMELLER, 23 septembre 2021