Étiquette : Julie Duclos

Avignon 2019. Un « Pelléas et Mélisande » d’une grande beauté plastique.

— Par Roland Sabra —

Julie Duclos a eu la bonne idée de revisiter et dépoussiérer Pelleas et Mélisande ce drame symboliste de Maeterlinck écrit à la fin du 19ème siècle monté avec succès qui donna lieu à la création d’œuvres musicales, comme l’opéra de claude Debussy ou le poème symphonique de Schönberg parmi d’autres. L’histoire se construit autour de l’éternel trio amoureux, Mélisande, Golaud et Pelléas en l’occurrence. Golaud s’est perdu au cours d’une chasse sur les terres de son grand-père Arkel, le roi d’Allemonde. Près d’une fontaine il rencontre Mélisande une très jeune fille en pleurs, craintive, timide et envoûtante. Sauvage comme un bête blessée elle vient de jeter sa couronne dans l’eau et menace de se tuer si Golaud tente de la récupérer. On ne sait d’où elle vient. Elle est cette figure inquiétante de l’étrangeté. Elle dit avoir traversé l’épouvante et l’horreur de situations trop grandes pour elle. Guerres, massacres, persécutions. Elle est cette énigme vivante posée sur le chemin d’un Golaud grisonnant. Il l’emmène avec lui au château et l’épouse. C’est un mariage malheureux. Dans la sombre forteresse « règne l’odeur de la mort ».

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« Nos serments »? destinés à être violés…

— Par Michèle Bigot —

nos_sermentsNos serments

m.e.s. Julie Duclos

texte de Guy-Patrick Sainderichin et Julie Duclos

par la Cie L’In-quarto,

La Colline, Paris, 7-22/04/2016

Cette pièce au titre énigmatique est librement adaptée du film de Jean Eustache, La Maman et la Putain. Elle en reprend sans contrainte la thématique principale, celle des utopies amoureuses, telles qu’elles ont pris naissance dès les années 50 avec Sartre et Beauvoir et telles qu’elles ont été expérimentées par la jeunesse dans les années 70. En fait, le titre est inspiré par ce pacte que conclurent Sartre et Beauvoir, un engagement réciproque aux termes duquel chacun se devait non seulement de ne pas mentir à l’autre, mais de ne rien lui cacher ( La Force de l’âge).

Sans forcément en prendre une claire conscience, ils faisaient suite à une tradition bien établie dans la littérature française depuis Marivaux et sa Dispute. Aussi la pièce est-elle traversée par le souvenir de tous ces débats, et véhicule-t-elle toute une série d’échos, qui parcourent la littérature, mais aussi le théâtre et le cinéma. Si les auteurs font explicitement référence à Eustache, Sartre, Beauvoir et Marivaux, il n’en reste pas moins vrai qu’ils sont également redevables à Rohmer et à Bergman.

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