Samba : pas de quoi s’emballer!

—Par Roland Sabra —

sambaA Madiana

Un film de boyscouts, voilà ce que nous offrent Olivier Nakache et Eric Toledano dans un pseudo remake édulcoré et affadi des « Intouchables ». Samba (Omar Sy), sur le point d’être expulsé alors qu’il travaille en France depuis 10 ans, rencontre dans la zone de transit de l’aéroport Alice ( Charlotte GAinsbourg), une bénévole de la CIMADE, qui se remet doucement d’un burn-out professionnel. Elle est pilotée par Manu (Izïa Higelin) qui lui donne des directives de précaution, comme garder ses distances, ne pas se laisser envahir par l’autre etc. Lors de l’entretien dans la zone de transit de l’aéroport dés l’entrée de Samba, le spectateur constate que les mises en gardes ne serviront à rien. Invitée à s’assoir autour de la table, Alice prend la place attribuée à Samba⋅ Elle se met donc à sa place, façon de dire qu’elle s’identifie à l’immigré en attente d’expulsion et, faisant fi des conseils de Manu elle lui donne illico son numéro de téléphone⋅ A partir de ce moment on sait ce qu’il va en être de cette rencontre⋅ Il faudra quand même deux heures de film pour en voir l’aboutissement. Entre temps le film va balancer entre drame social autour des conditions de vie des sans-papiers et romance sentimentale à l’eau de rose. Cet entre-deux est une superposition, à la façon d’un plat de lasagnes de deux thématiques qui ne se croisent jamais. Le seul liant est une épaisse sauce de bons sentiments. Ni drame réaliste, ni comédie romantique le film débobine une hésitation jusque dans l’histoire qu’il veut conter. A ce couple Amba-Alice, plié par avance et cependant bien long à se concrétiser vient se superposer un autre couple Samba-Wilson qui relate la confrontation entre deux modalités d’adaptation à l’immigration. Alors que Samba tente de s’accrocher à une identité unique, Wilson, d’origine maghrébine endosse les défroques de sud-américains qui plaisent dans l’instant même ou elles séduisent, tout comme il s’invente des compétences professionnelles en fonction des demandes éphémères sur le marché du travail clandestin. A la rigidité de l’un s’oppose la souplesse, l’opportunisme de l’autre.
Si Charlotte Gainsbourg apporte avec justesse sa touche de fragilité, Omar Sy a bien du mal a incarner un personnage vivant dans l’insécurité, miné par l’angoisse de se faire prendre par les flics. On n’y croit pas ! Comme si les réalisateurs à la recherche du plus grand dénominateur commun dans un souci de ne pas déplaire, de ne pas déranger, n’avaient pas oser s’engager, prendre position. Même l’affiche du film avec ses quatre « photomaton » est un refus de détermination! Samba est donc un film mi-figue mi-raisin avec des longueurs bien en dessous des ‘Intouchables ». A voir si vraiment il n’y a rien d’autre à voir!

Fort-de-France le 16/10/2014

Roland Sabra


Samba
Réalisateurs
Eric Toledano
Olivier Nakache

Acteurs et actrices
Omar Sy Rôle : Samba
Charlotte Gainsbourg Rôle : Alice
Tahar Rahim Rôle : Wilson
Izïa Higelin Rôle : Manu
Issaka Sawadogo Rôle : Jonas
Hélène Vincent Rôle : Marcelle
Youngar Fall Rôle : Lamouna
Christiane Millet Rôle : Madeleine