« Mea culpa » : l’exorcisme des passions tristes

 Les 15 et 16 février 2019 à 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Le  héros tragique est bon mais souvent il agit mal en raison des circonstances. Que la faute soit involontaire «  œdipe épouse sa mère à son insu » ou librement consentie au nom de certaines valeurs « Antigone brave l’interdit pour donner une sépulture à son frère » le désordre est inéluctable, et gare à qui tente d’échapper à sa condition humaine pour se soustraire à la vulnérabilité.

Hervé Deluge présente « Méa Culpa » une pièce partiellement tirée de sa vie d’homme de théâtre et qui expose la, détresse et le trouble qui se sont emparés de lui face aux problèmes et embuches qu’il rencontre pour exprimer son art sur notre ile. Il ne craint pas que le rétrospectif soit à jamais considéré que comme une catégorie de « sa mauvaise foi » quand il produit pour sa défense des présomptions de sens de formes et que c’est l’histoire qui les remplit. Mais que cherche, que rêve donc le metteur en scène quel appendice nouveau apporte-t-il à l’évangile du théâtre il proclame il faut le dire avec un tact merveilleux une parole de vérité qui est sienne. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si le point de départ de cette pièce trouve sa source dans son dérapage à Tropiques Atrium en 2017, en aucun cas il n’en tire prétexte a  pleurnicher, sur scène pas d’immolation héroïque sur l’autel des facultés théâtrales qu’il considère sincèrement comme plus grandioses et plus importantes que cette expérience qui en appelle à ce bilan nécessaire ici intimement lié à la douleur du corps et de l’esprit et plus encore a cette insupportable collision de langage des parties où il est devenu l’homme, l’artiste a qui on refuse la dernière réplique quand on voudrai que ce metteur en scène passionné au bagage conséquent licence des arts lettres, langues et civilisations auprès de formateurs tels que Michel Duchossoy, Guy Tréjean, Jean Marais ne soit plus qu’un astre froid a la langue jugulée. Loin de se marginaliser le dramaturge ne renie en rien sa formation initiale dans l’hexagone aux même titre que les sources et auteurs qui l’ont influencées de Césaire à Glissant. Il se veut être un auteur martinico-martiniquais dans le sens où il revendique avec les martiniquais cette envie de développer sur le territoire des connaissances culturelles et l’objectif d’en transmettre l’imaginaire et la créativité a leurs enfants. Le voici seul en scène un artiste martiniquais fabriqué de mille idées pertinentes reçue de nos meilleurs dramaturges, poètes et penseurs d’ici surtout et d’ailleurs qu’il a ingurgité, assimilé en tant que comédien et metteur en scène de conviction »Hervé Deluge dresse une forme de panégyrique au courage et aux vertus nécessaires à l’accomplissement d’une mission celle de rassembler le peuple volontaire autour de valeurs artistiques et théâtrales dans ce combat qu’il partage avec tous ceux qui artistes comme lui sont en lutte perpétuelle contre les frustrations qu’imposent la vie sociale et divergente de son ile et qui voient leurs efforts de création entravés par un système local adepte du y bon kon sa. Il le fait avec la justesse et la distance nécessaire pour laisser filtrer une certaine lumière favorable à l’exorcisme des passions tristes.

« Un moment ou la vie se mêle au théâtre »
Une exploration théâtrale de l’univers intérieur d’un homme en quête de réalisation de soi qui sonde ses frustrations, ses luttes, ses illusions, ses névroses même, ses erreurs, ses triomphes qui se matérialisent devant nous. Une épaisseur de signes et de sensations qui s’édifient sur la scène à partir de l’argument écrit. Et cette perception œcuménique des artifices élégants, les gestes, tons, distances, substances, lumières qui submergent le texte sous la plénitude de son langage extérieur. En passant du burlesque au pathétique Une lecture s’inscrivant à même le spectateur. Un très beau spectacle qui rappelle en même temps tout ce que peut faire un très bon comédien.

A VOIR
Au Théâtre Aimé Césaire
Les 15 et16 février 19h30
Texte et mise en scène de
Hervé Deluge
Techniques
Dominique Guesdon

Réservation : 05 96 59 43 29.

Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret