L’université ou la sélection par l’échec

— Par Benoît Floc’h —

selection_echecLe débat sur la sélection à l’université, relancé ces dernières semaines, a été enterré une fois de plus par le gouvernement dans la plus grande confusion. Or le statu quo ne peut, ici, tenir lieu de politique.

Tout bachelier peut s’inscrire librement dans le supérieur, exception faite des Instituts universitaires de technologie (IUT), des sections de techniciens supérieurs (STS), des grandes écoles, des grands établissements (type Sciences Po) et des préparations aux concours qui sélectionnent leurs candidats. Mais à l’université, cette sélection n’intervient qu’en 4e année – entre la 1re et la 2e année de master⋅

Le débat sur la sélection, qu’il s’agisse de l’entrée dans le supérieur ou du master, est revenu en force⋅ En juin, le professeur Olivier Beaud, président de Qualité de la science française, demande une nouvelle fois que, « comme dans la plupart des universités du monde, nos établissements disposent de la liberté de choisir leurs étudiants ». Au même moment, Terra Nova a surpris son monde en plaidant pour « une certaine sélection ». Il faut, dit le cercle de réflexion proche de la gauche, « arrêter le massacre des étudiants confrontés à des formations qui ne répondent pas à leurs intérêts ».

« LA SITUATION N’EST PLUS TENABLE »

Plus récemment, alors que l’UNEF annonce que 33 universités opèrent « une sélection illégale », des figures de la communauté universitaire prennent position : « On est étranglé par un système totalement obsolète qu’il faudrait réformer », alerte Anne Fraïsse, présidente de Montpellier-III.

« La situation n’est plus tenable. A un moment, ça va exploser parce que, financièrement, on n’a plus les moyens d’accueillir tous les étudiants. »

Devant les députés, le 10 juin, le ministre de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur partage ce constat alarmant. Matamore, Benoît Hamon promet même une réforme de la sélection en master. Il se dédit quinze jours plus tard, le jour où Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur et à la recherche, annonce « une concertation » !

Depuis la débâcle du projet de « loi Devaquet », en 1986, tout le monde sait que la sélection est un concept qui se manie comme de la nitroglycérine. Mais il est à craindre qu’à ne point vouloir y toucher, l’explosion se produise.

Lire Plus => sur : Le Monde http://abonnes.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2014/08/03/l-universite-ou-la-selection-par-l-echec_4466376_1473692.html

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