La transition énergétique : Sommes-nous prêts ?

— Par  Florent Grabin, président de l’association PUMA —
La transition énergétique désigne une modification structurelle profonde des modes de production et de consommation de l’énergie. C’est l’un des volets de la transition écologique. Elle résulte des évolutions techniques, des prix et de la disponibilité des ressources énergétiques, mais aussi d’une volonté politique des gouvernements et des populations, entreprises, etc. qui souhaitent réduire les effets négatifs de ce secteur sur l’environnement.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) publiée au Journal Officiel du 18 août 2015, ainsi que les plans d’action qui l’accompagnent visent à permettre à la France de contribuer, plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et à la préservation de l’environnement, ainsi de renforcer son indépendance énergétique, tout en offrant à ses entreprises et ses citoyens, l’accès à l’énergie à un coût compétitif.
En Martinique, nous avons différents plans qui ont été mis en place, donnant lieu à de très nombreuses manifestations, pour tenter d’interdire ces programmes et dans le même temps, ce sont ces mêmes personnes qui réclament en permanence, l’arrêt du fossile et le respect de la transition énergétique.
La transition énergétique : Sommes-nous prêts ?
Actuellement, les sources de production électrique en GWh en Martinique (chiffres année 2016) sont :
EDF production centrales thermiques : 1272,52 GWh soit 80,7%
Éolien : 77,92 GWh soit 0,08%
Turbine à combustion EDF : 77,92 GWh soit 4,92%
Turbine à combustion Albioma Galion 1 : 108,70 GWh soit 6,85%
Photovoltaïque : 81,92 GWh soit 5,16%
Biogaz : 1,37 GWh soit 0,09%
Biomasse : 27,30 GWh soit 1,71%
Cogeneration : 16,27 GWh soit 1,03%

Soit un total de réduction de 391.40 GWh de transition énergétique, il reste une marge de 881.12 GWh pour d’autres types de méthodes alternatives.
Concernant Galion 2, qui n’est pas encore en service, nous aurons avec le raccordement provisoire de la sucrerie du Galion en 2018, une perte de 2,7 GWh, sur les 240 GWh de prévu en marche normale. À ce propos, pour ce raccordement provisoire, il est prévu de fournir 15 tonnes de vapeur, soit 25 bars par heure, pour permettre à l’usine du Galion d’entrainer ses moulins, et 25 tonnes de vapeur soit 2,5 bar par heure, pour lui permettre d’évaporer le jus de canne. À l’origine le plan était de fournir 40 tonnes de vapeur par heure, soit 2,5 bars, les moulins étant entrainés par des moteurs électriques (d’où la nécessité de procéder à l’électrification des moulins). Ainsi, 13,5 tonnes de vapeur seront détendues de 113 bars à 25 bars pour entrainer les moulins.
Si cette vapeur était passée dans la turbine de Albioma Galion 2, au lieu de passer dans la vanne de détente du Galion, on aurait produit 2,7 MWh d’électricité en plus. Si la durée de fonctionnement annuel de la sucrerie est de 1000 h, c’est 2,7 GWh d’électricité qui n’auront pas été produits. Pour les produire, il aurait fallu importer 2000 tonnes de pellets de bois en plus, ou brûler 4 500 tonnes de bagasse.
Peut-on rentabiliser la bagasse ?

Selon le Décret n°2004-90 du 28 janvier 2004, il existe une  »Prime Bagasse » qui s’applique en pratique, uniquement à des contrats de gré à gré avec EDF, pour des centrales mises en service avant 2009 (Bois Rouge, le Gol et le Moule) complétées par une obligation d’achat pour l’électricité produite à partir de la bagasse.

La réglementation ne prévoit pas expressément de  »Prime Bagasse » en tant que complément de rémunération d’un contrat de gré à gré, pour les nouvelles centrales (post 2009), et le tarif d’achat de l’électricité produite à partir de bagasse payée par EDF au titre du contrat de gré à gré, conclu pour Galion 2 en Martinique ne prévoit donc pas de rémunération autre que celle résultant de l’opération de  »troc ».

Cette situation entraine de facto, une rupture d’égalité entre les territoires ultramarins, seule une modification de la réglementation actuelle pourrait permettre de mettre fin à cette situation inéquitable pour la filière sucre de la Martinique et prochainement de Marie-Galante. L’application uniforme de la Prime Bagasse à tous les territoires ultramarins ne représenterait qu’une augmentation de l’ordre de 5 à 10% du budget actuel dévolu à cette prime.

Dans le même temps, la connexion entre les deux unités permet de réduire les pertes en ligne de la vapeur, du fait de la vétusté de la chaudière, de rendre le Galion-sucre plus performant, d’éviter la pollution atmosphérique, même en cas de réparation de celle-ci. À terme la réduction de l’importation de fioul lourd se ressentira dans l’équilibre budgétaire. De la SAEM du Galion.
Finalement, que faire pour finaliser la transition énergétique ?
En restant fixés à la posture de nos  »non à tout », nous n’atteindrons jamais les objectifs fixés par la loi, sauf s’ils acceptent de remplacer leur logiciel. Nous considérons qu’il y a encore de la marge pour permettre à d’autres projets de se monter, telle l’exploitation du biogaz que nous pouvons tirer de nos 375 000 tonnes de déchets, pour produire du gaz méthane, qui pourra être utilisé dans nos véhicules, tout en faisant tourner des turbines pour la production d’électricité .
Nous vous invitons à visionner cette vidéo de support pédagogique, que nous avons récupérée lors de notre visite en Allemagne, d’une usine de valorisation des déchets sur ce lien : https://youtu.be/rsbZPVzDav8 , Pour Une Martinique Autrement.  

Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN