La Monnaie de la pièce

 

— Par Laurence Aurry —

 

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Théâtre Aimé Césaire, les 14 et 15 mai 2010

 

 La troupe Courtes Lignes nous est revenue cette année avec un nouveau spectacle, une comédie. Après Devinez qui ? , une adaptation réussie des Dix petits nègres d’Agatha Christie, elle effectue un retour au théâtre de boulevard qui lui avait valu un franc succès avec Le Dindon de Georges Feydeau, il y a deux ans. La comédie de boulevard est souvent décriée par les puristes ou les théâtreux mais ce théâtre obtient toujours l’adhésion du public. Et lorsqu’il est bien joué, comme c’était le cas, samedi 15 mai, il peut rivaliser avec tous les classiques ou le théâtre sérieux. Donc, il faut s’abstenir de tous préjugés.
La troupe guadeloupéenne, ne déroge pas à la réputation qu’elle s’est forgée. Tous les acteurs se démènent pour notre plus grand plaisir pendant presque deux heures. Une belle performance surtout pour Claude-Georges Grimonpez et David Couchet qui jouent avec talent deux vieux amis à la fois complices et dupes de la fausse comédie. Nous assistons à une incroyable course au mensonge, une escalade dans les explications les plus saugrenues. La difficulté de ce théâtre, rappelons-le, c’est le rythme, l’enchaînement et le télescopage des quiproquos, source essentielle du comique. La gestuelle n’est pas en reste, à ce niveau toute la salle a été très réceptive au physique de l’irrésistible Hugues Perrichon ou aux manières et accents du touriste italien…
Seul reproche, le texte. La pièce pêche en crédibilité et en qualité. Cette composition de Didier Caron et Roland Marchisio ne fait pas partie du meilleur boulevard. Nous sommes bien loin des La Biche, Courteline, Feydeau, Guitry ou Romain du début du siècle ou des Réza , Levin ou Bernhard plus contemporains. Les jeux de mots manquent de subtilité, les situations sont trop invraisemblables. La surenchère tue l’effet délirant recherché. Le spectateur en vient même à douter de l’opinion que les auteurs peuvent avoir de lui.
C’est regrettable car cette troupe de théâtre amateur a beaucoup de mérite et de talent. Nous espérons les retrouver l’année prochaine avec un meilleur choix.

Laurence AURRY