Césaire en Haïti. Retour sur un séjour (mai-décembre 1944)

Mardi 26 avril à 18h45 à la BU du campus de Schoelcher

cesaire_haitiDe mai à décembre 1944, Aimé et Suzanne Césaire ont été les hôtes de la première république noire indépendante, à la demande du président d’Haïti, afin de participer aux travaux du Congrès international de philosophie et de connaissances.

Chercheur en anthropologie au CRPLC-CNRS, spécialisé dans la question de la migration haïtienne dans les Antilles, Dimitri Béchacq consacrera son intervention à cette rencontre entre Haïti et les Césaire, épisode peu ou mal connu de leur parcours d’engagement.

La rencontre à laquelle la BU vous convie, ce mardi 26 avril à 18h45, doit beaucoup à la sérendipité, cette variante scientifique du hasard qui fait qu’ à la suite d’un concours de circonstances fortuit et dans le cadre d’une recherche concernant son centre d’intérêt principal, un chercheur est entraîné sur un nouveau champ d’investigation.

C’est ainsi qu’au détour de recherches croisant l’histoire de l’ethnologie en Haïti et la migration haïtienne dans les Antilles, Dimitri Béchacq, chercheur en anthropologie au CRPLC-CNRS, a décidé de s’attarder sur un épisode peu ou mal connu du parcours engagé d’Aimé Césaire.

De mai à décembre 1944, Aimé et Suzanne Césaire ont été les hôtes de la première république noire indépendante, à la demande du Président haïtien, afin de participer, initialement, à la semaine de conférences du Congrès international de philosophie et de connaissances.

Césaire arrive dans un contexte particulier : l’ancienne colonie française, officiellement libérée en 1934 de dix-neuf ans de présence américaine, est gouvernée par l’aristocratie mulâtre jusqu’en 1946, date marquant la résurgence du « pouvoir noir » dont Duvalier deviendra en 1957 la figure emblématique. Dimitri Béchaq note ainsi que « loin d’être une visite de courtoisie consistant en mondanités et en conférences sur la littérature française, le séjour du couple Césaire était aussi, et surtout, une mission de diplomatie culturelle qui fut la première pierre dans la tentative de reconquête par la France de son influence perdue en Haïti. ». A l’heure de la Libération, des politiques volontariste du GPRF incarné par de Gaulle et de la nouvelle donne internationale, Césaire, ambassadeur officieux d’une ambition française en reconstruction ?

Culturelle, intellectuelle, diplomatique, politique… Diverses sont les dimensions, et multiples les facettes, de ce séjour. Mais Dimitri Béchaq, intéressé « aux relations avec la figure de l’étranger, à la fois proche et lointain, dans l’espace de la Caraïbe », et partant, « aux relations tangibles, concrètes que Césaire a pu avoir avec ses contemporains haïtiens et français à l’occasion de ce séjour », nous livrera avant tout une lecture anthropologique de cette rencontre à haute teneur symbolique, quand on songe à la place de la représentation d’Haïti dans la démarche créatrice et l’œuvre militante de Césaire.

Ce fut une rencontre complexe et contrastée, faite d’engouement et de réticences partagés, et dont témoignent deux points de vue parmi d’autres. L’historien Henock Trouillot admet que « Césaire nous avait conquis, si peu que nous fussions à être sous l’emprise de cette conquête. Une mince minorité qui croyait être le pays tout entier ! (…) Mais nous n’étions pas tous à l’aimer (…) et lorsque Léon Laleau, en 1943, présenta Césaire au public intellectuel haïtien, les applaudissements ne venaient pas de tous les côtés… »

Quant au principal intéressé, admiratif de ce pays « où la négritude se mit debout pour la première fois », il s’interrogea une fois revenu » : « Lequel de ces deux pays est le plus avancé à l’heure actuelle ? Haïti fille émancipée de la France, ou la Martinique, la fille docile ? »
Entrée libre et gratuite, venez nombreux !


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