Carnaval

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Chevalier d’hystérire
où tout, même le pire,
prétexte à dérision
lorsque l’amer des larmes
et les vagues de l’âme
sont noyés dans les lames
d’une mer sans fond de sons,
que déferle la houle
d’une foule qui s’défoule,
toute sous son empire.
Défilent des beautés
sensuellement parées
de leur seule sueur,
arcs-en-ciel de couleurs
des nudités de plumes
soulevant dans les airs
tourbillons de poussière
au rythme des danseurs
recherchant l’âme sœur
dans leur regard hagard
et que la transe allume.
Trémoussements sans fin
des croupes en émoi,
frémissements sans frein
de fesses et de reins,
pieds martelant le sol
en folles farandoles.
Et monte la chaleur
un peu plus d’heure en heure,
faisant fondre les fards
de la foule qui s’affole
dans les vapeurs d’alcool
et de la sueur qui colle
la peau aux vêtements.

À l’approche du soir
le blanc se mêle au noir
et, des diables, au rouge
en de sauvages hordes
qui tout à coup débordent
et déferlent en désordre
dans les rues de la Ville
comme partout dans l’île.
Et tout ce monde bouge
et en dansant, défile
en des vidés d’enfer
où la liesse populaire
se déchaîne sur des airs
aux paroles grossières.
Communion dans le bruit
énorme, assourdissant,
de tous ces hommes qui
oublient tous les ennuis,
qu’un même élan unit
ensemble en même temps
pour une fois dans la vie,
n’est-ce pas étonnant ?
Puis on brûle Vaval,
de la fête le roi,
et les autres bois-bois
en un grand feu de joie.
Ivresse d’un moment
et d’oubli et de joie
mais gare au lendemain
lorsque tout a pris fin,
à la “gueule de bois”!
Alors impatiemment,
Carnaval on t’attend :
Rendez-vous l’an prochain…

Patrick Mathelié-Guinlet