Jour : 25 avril 2018

Une ouverture de la IXè Biennale de Danse de Martinique en mode mineur

— Par Roland Sabra —

Tout a commencé par un hommage, un peu convenu et sans beaucoup de contenu, rendu à Marie-Hélène Nattes, fondatrice épaulée par Ronne Aul, du Centre Martiniquais de Danse ( CMD), aujourd’hui disparu, remplacé par une petite multitude d’école privées, que s’est ouverte la Biennale. Il faut espérer que le souhait de Christiane Emmanuel d’un livre sur le parcours de celle qu’elle appelle « Titine », se réalise au plus tôt avant que les mémoires ne s’effacent.

Puis une bande de jeunes du Lycée Acajou, s’est emparée, sans avoir été programmée, de la scène comme les artistes en devenir que certains d’entre eux, au vu de leur prestation sont certainement. Avec une belle occupation du plateau, de belles diagonales, quelques bousculades, des kilos de trac et une tonne d’audace propre à cet âge où on ne doute de rien ils se sont attachés à montrer ce qu’il en était d’être « accros » à l’(insu) portable. Visiblement ils en savent quelque chose de ce vivre ensemble dans l’isolement et la solitude fascinée d’une communication sans échange.

A la suite de cette exubérance encadrée autant que se peut « L’Homococotier » de Paascal Miche Séraline a semblé un plutôt aplati.

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« Symbolique du sens, sens de la symbolique » de Malik Duranty

— Présentation par l’auteur, Malik Duranty —

Rive Droite (Riv Dwat) dit encore Bô Kannal est un quartier populaire de Fort de France en Martinique. C’est un quartier dont la réputation a dépassé les frontières insulaires du pays Martinique. Une réputation qui s’est construite par le fait culturel populaire qui s’est enraciné en ces terres de l’estuaire, là où la Rivière Madame rencontre la Mer Caraïbe se reposant dans la Baie de Fort de France. 

Au sein de ce quartier à la terre rapportée est un groupe : Tanbou Bô Kannal, formalisé en association. Par ce livre intitulé « Symbolique du sens, sens de la symbolique », c’est un voyage aux pays de l’initiative populaire auquel nous invite l’auteur, lorsque la culture au quotidien, le patrimoine, la tradition jouent un rôle décisif dans la construction du vivre-ensemble qui par ses faits, donne à lire « la symbolique du sens » et le « sens de la symbolique ». 

À l’occasion du 45 ième anniversaire du groupe Bô Kannal et son association, c’est par un retour sur une « traversée miraculeuse » entre poésie, récit du vivre et analyse que l’auteur emprunte les voies du « manifeste sentimental » que réclame les temps actuels. 

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« Les Routes de l’esclavage » de Catherine Coquery-Vidrovitch

Arrachés violemment à leur terre et à leurs proches, ils furent des millions à se retrouver enchaînés, entassés comme des bêtes dans des bateaux, contraints à traverser à pied forêts ou déserts dans des conditions tellement inhumaines que presque la moitié d’entre eux en mouraient. Ce crime effroyable, qui a dévasté l’Afrique subsaharienne, a pris de nombreux visages au cours des siècles. Car ses exécuteurs et ses commanditaires sont issus de tous les horizons : de l’Afrique elle-même avec la traite interne, des différentes terres musulmanes avec les traites orientales, de l’Europe avec la traite atlantique.

Pour comprendre l’ampleur et la complexité historique de l’esclavage des Noirs, il faut donc en faire la géographie, qui passe par les routes des différentes traites. C’est cette synthèse que Catherine Coquery-Vidrovitch nous présente ici avec rigueur et pédagogie, loin de toute polémique. Elle s’appuie sur son savoir immense d’historienne de l’Afrique, mais aussi sur le riche matériau réuni dans une série de quatre films intitulée Les Routes de l’esclavage, diffusée par la chaîne ARTE, dont elle a été la conseillère historique, et où interviennent les meilleurs spécialistes issus de nombreux pays.

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« Les routes de l’esclavage » : questions à Catherine Coquery-Vidrovitch

Alors que se profile le 10 mai prochain la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », et le discours du Président de la République le 27 avril à la Sorbonne, l’histoire de l’esclavage va bénéficier d’une forte visibilité avec la sortie simultanée d’un livre et d’une collection de documentaires, tous deux intitulés Les routes de l’esclavage. Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique et professeure émérite de l’université Paris Diderot-Paris VII, a participé en qualité de conseillère scientifique à la série documentaire qui sera diffusée à partir du 2 mai 2018 sur Arte. Dans un entretien avec le Groupe de recherche Achac, elle explique comment cette collaboration féconde avec les auteurs des films, Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant, a nourri le projet de son livre Les routes de l’esclavage, paru aux éditions Albin Michel.

Quelle a été votre approche pour produire cette vaste synthèse sur l’histoire de l’esclavage, qui traverse les siècles et les continents ?

La réalisatrice Fanny Glissant (petite nièce d’Édouard) a eu l’idée de ses quatre  films pour Arte sur ce sujet en lisant l’ouvrage que j’ai écrit en collaboration avec Éric Mesnard sur Être esclave, d’Afrique en Amérique (La Découverte, 2013).

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