Roda favela, m.e.s. Laurent Poncelet, Cie Ophélia théâtre et O Grupo Pé No Chao, Festival d’Avignon, Le 11 Avignon 24.07.2025
— Par Michèle Bigot —
Sur scène, 12 artistes venus des favelas de Recife. Dans une explosion de danses, de musique et de lumière, ces jeunes artistes (moyenne d’âge 20 ans) nous offrent le plus délicieux et le plus revigorant des spectacles. Laissez de côté le doute, la peur, et la désespérance liés à la situation politique. Ils viennent de Recife, ils vivent dans une favela, ils peinent à trouver de l’eau, on leur coupe l’électricité, ils se battent pour vivre et ils nous donnent une leçon d’énergie, d’espoir. Ils ont pour eux une jeunesse et une force inextinguible, une énergie qu’aucune force de police ne peut réprimer. Leur histoire est celle de luttes, de drames, de tueries mais aussi de solidarité, de liens familiaux puissants. Ils incarnent le renouveau, ils sont portés par la force de leur art, leur musique, leur danse, leur poésie. A toujours devoir faire face aux discriminations, au racisme, à l’homophobie et aux attaques des milices d’extrême droite, ils ont acquis une puissance indomptable.
Ce West Side Story de la favela nous raconte, dans une chorégraphie musicale haletante, l’histoire d’un des leurs, un ami, un frère, un cousin, qui a été assassiné en pleine rue, dans un échange de tirs entre bandes de narcotrafiquants. On pleure, on crie mais la force du collectif, l’energie de leurs racines afros, leur danse libératrice leur permettent de surmonter l’épreuve.
Pas besoin de pesant discours, le propos est ouvertement politique, et la condamnation de Bolsonaro parfaitement explicite. On sait où on est et on est avec eux. Rarement assisté à pareille ovation. Voilà un spectacle digne des vraies origines du theâtre. Vous en sortirez regonflés, riches d’un nouveau souffle. N’hésitez pas une minute. Il y a urgence: ils ne seront là que jusqu’au 24 juillet!
Michèle Bigot