« Wardi », un film de Mats Gorud

Par Mats Grorud, Trygve Allister Diesen
Avec Pauline Ziade, Aïssa Maïga, Saïd Amadis
À partir de 10 ans
27 février 2019 en salle / 1h 20min / Animation, Drame
De Mats Grorud
Synopsis :
Beyrouth, Liban, aujourd’hui.
Wardi, une jeune Palestinienne de onze ans, vit avec toute sa famille dans le camp de réfugiés où elle est née. Sidi, son arrière-grand-père adoré, fut l’un des premiers à s’y installer après avoir été chassé de son village en 1948. Le jour où Sidi lui confie la clé de son ancienne maison en Galilée, Wardi craint qu’il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour. Mais comment chaque membre de la famille peut-il aider à sa façon la petite fille à renouer avec cet espoir ?

La presse en parle :
Paris Match par Karelle Fitoussi
Un voyage indispensable pour voir le monde autrement.

20 Minutes par Caroline Vié
« Wardi » mélange les techniques d’animation pour donne un résultat bouleversant.

Cahiers du Cinéma par Thierry Méranger
Un film étonnant, aussi précieux dans sa forme que par son sujet.

L’Express par Christophe Carrière
En refusant de faire l’impasse sur les conséquences d’une tragédie tout en évitant un ton belliqueux, [Mats Grorud] s’acquitte d’un film propice au débat et à la réflexion.

L’Humanité par Dominique Widemann
Un film poétique mêle les techniques d’animation et travaille l’histoire dans un camp de réfugiés palestiniens.

L’Obs par Xavier Leherpeur
Relevant le défi d’un film en stop-motion, bourré d’humour, sur le sort des expatriés, cette fable politique et poétique, relevée d’un soupçon de cocasserie surréaliste, fait mouche. Une saga familiale sur le déracinement qui éclairera parents et enfants sur la blessure à vif d’un peuple oublié.

Le Dauphiné Libéré par Jean Serroy
Les souvenirs, les drames, les désespoirs, mais aussi la chaleur humaine, l’humour, la cocasserie, tissent le fil d’un récit que l’animation de figurines originales charge d’une poésie simple.

Les Fiches du Cinéma par Simon Hoarau
À la croisée des techniques de l’animation, ce film d’animation séduit par son récit mémoriel et sa prégnance lyrique.

Libération par Marius Chapuis
Si le film de Mats Grorud n’a pas la puissance formelle de « Valse avec Bachir » ou de « Persepolis », il écrit joliment et à hauteur d’homme l’histoire des vaincus, de ceux qui n’intéressent plus.

Positif par Eithne O’Neill
Qu’il s’agisse du temps perdu ou du présent, le réalisme et l’art poétique coïncident dans le portrait brossé de la joie et de la peine.

Télérama par Samuel Douhaire
Avec des dessins pour les flash-back et des marionnettes pour le présent, la vie des réfugiés palestiniens au Liban suscite une profonde empathie.

aVoir-aLire.com par Arthur Champilou
Habile dans son utilisation des techniques d’animation traditionnelles, Wardi narre un récit fort et tendre, au prisme du regard d’une jeune héroïne en quête de son passé.

Les vies humaines ne se valent pas

— La chronique de Maryam Madjidi —

Dans la série des déprogrammations d’œuvres dont le sujet est en relation avec la Palestine, c’est au tour du rectorat de Paris de retirer le 12 octobre le très beau film d’animation intitulé « Wardi » du dispositif Collège au cinéma.

Collège au cinéma touche près de 2 millions de collégiens parisiens et s’inscrit dans une perspective d’éducation à l’image. Le dispositif est porté par les ministères de l’Éducation nationale, de la Culture, l’association l’Archipel des lucioles et le CNC. Il s’agit de faire découvrir des films, de les étudier et de permettre aux élèves de se constituer une culture cinématographique.

« Wardi » raconte l’histoire d’une jeune palestinienne de 11 ans qui vit avec toute sa famille dans un camp de réfugiés à Beyrouth. Wardi est née dans ce camp. Son grand-père, Sidi, lui confie un jour la clef de son ancienne maison en Galilée. Ce dernier a perdu l’espoir d’y retourner un jour.

Le réalisateur Mats Grorud s’est rendu à plusieurs reprises dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban. Réalisé en 2018 et basé sur une double animation : marionnettes et dessins, « Wardi » porte un message optimiste, bienveillant et plein d’humour.

C’est un film sur l’histoire des origines, la transmission d’une mémoire, les traumatismes et l’espoir d’un peuple. Le grand-père pose cette question : « Si on n’a aucune idée de son passé ni de l’endroit d’où l’on vient, alors qu’est-ce qu’on est ? » Une question universelle qui touche tous les êtres humains, mais d’une façon encore plus vitale les réfugiés.

Pour quelle raison ce film a-t-il été déprogrammé ? Le rectorat se dédouane et pointe l’inquiétude des enseignants : « Plusieurs enseignants ont fait remonter au rectorat des interrogations quant à l’opportunité de diffuser cette année ce film d’animation qui a pour cadre le conflit israélo-palestinien. » Au regard « des circonstances dramatiques que connaît actuellement le Proche-Orient, la diffusion et l’exploitation pédagogique de « Wardi » pourraient se révéler très délicates ». Je peux totalement comprendre leur inquiétude, mais c’est au rectorat de les rassurer et de les accompagner correctement dans ce projet ou de le proposer à des professeurs volontaires pour qui la mission ne se révélerait pas « très délicate ». Non, on déprogramme et on censure.

Je me suis demandé ce que l’on cherchait à faire taire dans les milieux culturels, éducatifs et médiatiques en France depuis plusieurs semaines. J’en suis arrivée à la déduction bien crade que les vies humaines ne se valent pas. Macron peut prétendre le contraire et jouer au Bon Samaritain au Caire en affirmant que « toutes les vies se valent, toutes les victimes méritent notre compassion », je n’en crois pas un mot.

Il suffit de voir le spectacle offert par certaines personnalités médiatiques : comparer les « méthodes » d’élimination des civils et en déduire que le mode opératoire d’Israël aurait plus de légitimité est odieux, Madame Fourest. L’enclave de Gaza est devenue « un cimetière pour des milliers d’enfants », selon les mots de l’Unicef : 3 760 enfants gazaouis sont morts depuis le début du conflit et 7 200 blessés, selon l’ONU. Les attaques disproportionnées d’Israël constituent des crimes de guerre.

Combien de civils palestiniens doivent encore périr pour que le gouvernement abject de Netanyahou s’estime satisfait et mette fin à sa folie destructrice ?

En attendant, dans le pays des Lumières, on refuse à des millions de collégiens d’accéder à une pensée critique et nuancée par le support d’une œuvre sensible et intelligente.

Source : L’Humanité