Violences policières : lettre ouverte d’Anouk Grinberg au gouvernement

« La nuit, pendant qu’on dort, le gouvernement fait passer des lois qui nous retirent l’oxygène de nos pensées, de nos libertés. » Comme le rappelle la comédienne et écrivaine : « Nous avons besoin de vérité », pas d’impunité.

Messieurs du gouvernement, qui voudriez empêcher la vérité de circuler,

On est des millions à avoir voté Macron, pas parce qu’on l’aimait, mais parce qu’il promettait de fabriquer, avec nous, une société un peu humaine. En tout cas plus humaine que le fascisme qui nous menaçait.

Et voilà qu’en quelques petites années au pouvoir, il se croit « Dieu le papa » et nous infantilise, nous divise, frappe les faibles, frappe les forts. Jour après jour, il creuse le lit d’un fascisme débutant au prétexte de nous protéger les uns les autres et les uns des autres. La nuit, pendant qu’on dort, le gouvernement fait passer des lois qui nous retirent l’oxygène de nos pensées, de nos libertés.

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Voilà maintenant qu’il est interdit de filmer les policiers qui agissent en bêtes, en meute.

La violence a maintenant une solide coéquipière : l’impunité, le droit d’enfreindre le droit.

Messieurs du gouvernement, qui voudriez empêcher la vérité de circuler, ce ne sont pas les messagers des mauvaises nouvelles qui font les mauvaises nouvelles, c’est vous, dans l’exercice du pouvoir.

Débrouillez-vous pour qu’il n’y ait plus d’horreurs à filmer. Les journalistes seraient heureux de filmer l’humanité. Nos yeux sont faits pour voir. On n’est pas vos enfants. Le monde n’est pas à vous, vous le servez. On veut savoir ce que vous lui faites. Nous avons besoin de vérité autant que de manger.

La vérité du monde, c’est dur, mais le mensonge ou le déni sont toujours pires.

On veut être conscient pour être humain, pour rester reliés les uns aux autres. Alexandre Benalla, s’il n’y avait pas eu de caméras pour filmer sa sauvagerie sous un casque de policier, il serait peut-être toujours là à déchaîner périodiquement sa violence sur les gens.

L’homme qui meurt étouffé sous le genou du policier, s’il n’y avait pas eu d’image, ce serait juste un méchant homme qui meurt dans le caniveau.

Avec les images, on a vu des policiers torturer tranquillement un innocent et torturer l’humanité entière à travers cet homme seul. Car oui, nous sommes reliés.

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Les policiers qui tabassent les exilés, les gens désespérés, les journalistes, agissent sous les ordres d’un ministre de l’Intérieur qui n’a plus aucune maîtrise de son intérieur, entièrement consumé par la folie du pouvoir. Et au-dessus de lui, dans le noir, Macron, le si jeune Macron, si séducteur il y a deux ans, lui confie ses instincts les plus bas et se dit « ce n’est pas moi, c’est lui ».

Mais quelle merde le pouvoir, quel gâchis ! Ça pourrait être si beau de faire un monde.

Source : L’Humanité

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Anouk Grinberg, née le 20 mars 1963 à Uccle (Belgique), est une actrice française, également peintre et écrivaine.
Biographie
Famille
Son arrière-grand-père paternel, Maxim Vinaver (1863-1926), a joué un rôle éminent en tant que juif et dirigeant du parti libéral des cadets en Russie. En 1919, il fuit la révolution bolchevique et se réfugie à Paris avec sa femme Rosa (1872-1951) et ses trois enfants : la future radiologue Valentine Cremer (1896-1983), le futur professeur d’université Eugène Vinaver (1899-1979) qui émigre en Angleterre à la fin des années 1920, et la future avocate Sophie Vinaver (1904-1964).

Son père, l’écrivain, auteur de théâtre et ancien PDG de Gillette Michel Vinaver, de son vrai nom Michel Grinberg, est le fils de Leon Grinberg (1900-1981) et de Sophie Vinaver. Né à Paris en 1927, il s’exile avec ses parents aux États-Unis en 1940.

Anouk Grinberg, née en 1963, a été pendant plusieurs années la compagne de Bertrand Blier, avec qui elle a eu un fils. Depuis janvier 2003, elle partage la vie du mathématicien Michel Broué, qu’elle a épousé en 2016.

Sa nièce Louise Grinberg est, elle aussi, comédienne.

Carrière au théâtre
Anouk Grinberg commence sa carrière au théâtre à 13 ans, dans Remagen d’Anna Seghers, mis en scène par Jacques Lassalle, metteur en scène qu’elle retrouvera vingt ans plus tard dans Chaos debout de Véronique Olmi. Très vite, on lui confie de grands rôles : sous la direction de Richard Foreman, elle joue le diable dans Faust ou la fête électrique de Gertrude Stein ; Eve dans La Cruche cassée de Heinrich von Kleist, puis Agnès dans L’École des femmes de Molière, mises en scène par Bernard Sobel. Elle travaillera à trois reprises avec Alain Françon, dans L’Ordinaire et Les Voisins de Michel Vinaver, puis dans Noises d’Enzo Cormann.

Elle fait sa première incursion dans le théâtre privé, sous la direction de Michel Fagadau dans Faut pas tuer maman (nomination aux Molières). Jean-Louis Martinelli lui confie le rôle de la putain dans l’adaptation de La Maman et la putain de Jean Eustache (Prix de la critique). Patrice Chéreau la dirige dans Le Temps et la chambre de Botho Strauss (Nomination aux Molières). Didier Bezace la met en scène dans Feydeau Terminus, trois pièces de Feydeau, avant de lui confier récemment le rôle d’Araminte (Prix de la critique et nomination aux Molières) dans Les Fausses Confidences de Marivaux aux côtés de Pierre Arditi. Autre passage dans le privé : La Preuve, mise en scène de Bernard Murat (Nomination aux Molières). Philippe Calvario lui confie le personnage principal dans Grand et petit de Botho Strauss. Elle conçoit un spectacle-lecture pour le Théâtre de l’Atelier à partir des lettres de Rosa Luxemburg Rosa, la vie, spectacle qui sera repris en 2009 au Théâtre de la Commune, puis en tournée. En 2014, elle a joué au Théâtre des Bouffes du Nord6, puis en tournée, le célèbre dernier chapitre de Ulysse de James Joyce, Molly Bloom, mis en scène par Marc Paquien, avec la complicité de Blandine Masson (Nomination aux Molères). En 2016, elle interprète « La Révolte » de Villiers de l’Isle-Adam, dans une mise en scène de Marc Paquien, au Théâtre des Bouffes du Nord6, puis en tournée. En 2018, elle interprète Natalia Petrovna dans Un mois à la campagne, de Tourgueniev, mis en scène par Alain Françon.

On la voit par ailleurs se produire dans des lectures publiques.

Cinéma et télévision
Elle tourne dès l’âge de 13 ans avec Michèle Rosier dans Mon cœur est rouge, puis quelques années plus tard avec Marco Pico, Claude Goretta Le Rapport du gendarme, Alain Tanner La Vallée fantôme ; Olivier Assayas L’Enfant de l’hiver et Philippe Garrel J’entends plus la guitare. Elle obtient le Prix d’interprétation féminine au Festival international du film de Thessalonique 1995 pour son rôle dans Sale gosse de Claude Mourieras.

Elle se fait connaître du grand public grâce à son rôle dans Merci la vie de Bertrand Blier (Prix SACD Suzanne Bianchetti, Prix Arletty 19917, Prix Michel Simon 1990, Nomination aux césars). Elle tourne avec lui deux autres films, Un, deux, trois soleil puis Mon homme qui lui vaut le Prix d’Interprétation Féminine au Festival de Berlin.

Malgré des rôles dans Entre chiens et loups de Alexandre Arcady, Les petites couleurs de Patricia Plattner ou Un héros très discret de Jacques Audiard, sa carrière se fait par la suite plus discrète au cinéma. Entre 2002 et aujourd’hui, elle participe à plusieurs fictions pour la télévision : Une preuve d’amour de Bernard Stora, Ma meilleure amie de Élisabeth Rappeneau, Le procès de Bobigny de François Luciani (elle y interprète Gisèle Halimi), Kaamelott – Livre V et VI de Alexandre Astier, Voici venir l’orage… de Nina Companeez, Camus de Laurent Jaoui, Joseph l’insoumis de Caroline Glorion, Le Sang de la vigne de Marc Rivière.

Prises de position
Elle co-signe en mai 2019, parmi 1 400 personnalités du monde de la culture, la tribune « Nous ne sommes pas dupes ! », publiée dans le journal Libération, pour soutenir le mouvement des Gilets jaunes et affirmant que « Les gilets jaunes, c’est nous ».