— Par Sarha Fauré —
À l’heure où les outils numériques prennent une place croissante dans le quotidien des jeunes, l’école se doit d’accompagner ce mouvement avec discernement. Si le numérique peut représenter un levier efficace pour les apprentissages et le développement de compétences, il comporte également des risques réels en cas d’usage excessif ou inadapté. Santé mentale, concentration, relations sociales ou encore exposition à des contenus inappropriés : les dérives sont nombreuses, notamment chez les plus jeunes.
Consciente de ces enjeux, l’Éducation nationale déploie dès la rentrée 2025 un ensemble de mesures concrètes pour instaurer un numérique raisonné à l’école, au collège et au lycée. Cette stratégie s’articule autour de quatre axes majeurs :
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Former les élèves à un usage responsable et critique du numérique
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Généraliser le dispositif « Portable en pause » dans les collèges
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Accompagner les familles dans l’encadrement des usages numériques à la maison
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Suspendre les notifications et mises à jour numériques en dehors du temps scolaire
Le dispositif « Portable en pause » généralisé dès septembre 2025
Prévu par l’article L. 511-5 du Code de l’éducation, l’interdiction de l’usage des téléphones et autres objets connectés dans les écoles et les collèges devient désormais plus lisible et opérationnelle avec le dispositif « Portable en pause ». Concrètement, dès leur arrivée dans l’établissement, les élèves devront déposer leurs téléphones dans un espace dédié : mallettes, casiers ou pochettes, au choix des établissements.
Cette mesure, déjà expérimentée dans plusieurs centaines de collèges en 2024-2025, a montré des résultats encourageants : baisse des incivilités, amélioration du climat scolaire, et meilleure concentration des élèves. Elle sera généralisée à tous les collèges publics avant la fin de l’année 2025.
Encadrer les usages, sans exclure les besoins spécifiques
Si l’interdiction s’applique à tous les élèves, certaines exceptions sont prévues. Les élèves porteurs de handicaps ou de troubles de santé peuvent conserver un équipement numérique à visée médicale, sous conditions. De plus, le règlement intérieur de chaque établissement peut autoriser ponctuellement l’usage des téléphones à des fins pédagogiques ou en cas de besoin urgent, dans des lieux et selon des modalités strictement définis.
Le droit à la déconnexion étendu à toute la communauté éducative
Autre avancée importante : la suspension automatique des notifications dans les ENT et logiciels de vie scolaire en dehors des horaires scolaires (par défaut, de 20h à 7h en semaine, et du vendredi soir au lundi matin). Ce « droit à la déconnexion » vise à préserver l’équilibre entre vie scolaire et vie personnelle pour les élèves, les familles, et les enseignants.
Un cadre juridique renforcé et un accompagnement localisé
Dans chaque établissement, le règlement intérieur devra être mis à jour pour intégrer les nouvelles règles, ainsi que la Charte de civilité du collégien. Des réponses claires et proportionnées seront apportées en cas de non-respect, allant de la simple punition scolaire à la confiscation temporaire de l’appareil, voire à une sanction disciplinaire en cas de récidive.
Des interrogations à clarifier
Malgré une volonté affichée de mieux protéger les élèves, certaines zones d’ombre subsistent, notamment sur les modalités logistiques de la mise à l’écart des portables (gestion du matériel, sécurisation des casiers, vérification du respect de la règle…). Des voix s’élèvent aussi pour réclamer plus de transparence et un bilan rigoureux des expérimentations déjà menées.
Une ambition éducative plus large
Au-delà de la gestion des téléphones, c’est toute une vision éducative du numérique que l’Éducation nationale souhaite promouvoir : un numérique utile, encadré, au service des apprentissages, et non une source de distraction ou de danger. En limitant l’omniprésence des écrans, l’école retrouve sa mission première : celle de transmettre, d’éduquer, et de former des citoyens libres, responsables et capables de discernement.