« Un obus dans le coeur » de Wajdi Mouawad

obus_ds_coeurb-400« Un jour, ma mère s’est mise à avoir un visage autre. C’est peut-être ça le début de mon histoire.« 

Wahab est réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone lui apprenant que sa mère, malade d’un cancer, agonise. En s’acheminant vers l’hôpital, Wahab se prépare à dompter la mort, à nouveau, la dernière fois il avait 7 ans. Tout le mène à ce face à face avec la mort, avec sa peur d’enfant, qu’il doit terrasser pour enfin se libérer. Le chemin de Wahab est un chemin douloureux, où se côtoient l’innocence, la colère, l’incompréhension, la tendresse et aussi l’humour.

Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier !

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La salle est petite, nous sommes près, tout près du comédien. Mise en scène discrète et efficace, gros travail des lumières qui créent diverses atmosphères, la rue, la nuit et l’hopital, décor léger, deux chaises, nous sommes vraiment avec lui, Wahab, un jeune homme en colère. Wahab vient d’apprendre au téléphone qu’il doit se rendre au chevet de sa mère, mourante. Et durant le trajet, il exprime tout ce qui lui passe par la tête.

Il y a de la rage en lui. Contre elle, sa mère, la relation n’a pas été simple, contre le chauffeur du bus, contre lui, aussi. Sa vie d’enfant a été marquée par la guerre au Liban. Et tout remonte. Une fois devant sa mère, un parcours aura eu lieu, une traversée. Le gosse enragé sera devenu un homme. Les mots sont beaux, les mots sont justes, les mots sont bouleversants.

L’auteur d’ « Un obus dans le cœur » l’a vécue, cette guerre : Wouajdi Mouawad, aujourd’hui canadien, mais libanais de naissance : Mouawad réunit ici plusieurs des thèmes récurrents : la guerre, la filiation, les liens du sang, l’art, aussi. Le jeune Wahab va devenir peintre.

Ce Wahab, si convaincant est incarné avec brio par Grégori Baquet, plein de la colère du personnage.

Grégori Baquet est passionné par ce rôle, par la si belle écriture de Mouawad. Phrases courtes, limpides, du rythme, des saillies. L’auteur nous place dans un état de tension, il joue de moments violents et d’accalmie. Le fils du violoncelliste Maurice Baquet, que nous avons connu footballeur dans une série télé, ou acteur chanteur dans des comédies musicales, Grégori Baquet s’intéresse de plus en plus au texte. Il a joué K de Buzatti, Mouwad avec cet obus dans le cœur, bientôt, à Avignon, il jouera du Kessel. Un homme en mutation, comme son personnage.

Grégori Baquet, un acteur dont l’enthousiasme, l’énergie et le métier au service d’un texte coup de poing vous font sortir à la fois ko et heureux.

http://www.franceinter.fr/blog-le-blog-de-vincent-josse-un-obus-dans-le-coeur

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 Wajdi Mouawad

Né en 1968, l’auteur, metteur en scène et comédien Wajdi Mouawad a passé son enfance au Liban, son adolescence en France et ses années de jeune adulte au Québec avant de vivre en France aujourd’hui.

C’est là qu’il fait ses études et obtient en 1991 le diplôme en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada à Montréal. Il codirige aussitôt avec la comédienne Isabelle Leblanc sa première compagnie, Théâtre Ô Parleur.
En 2005, il crée les compagnies de création Abé Carré Cé Carré avec Emmanuel Schwartz au Québec et Au Carré de l’Hypoténuse en France.

Parallèlement, il prend en 2000 la direction artistique du Théâtre de Quat’Sous à Montréal pour quatre saisons. Associé avec sa compagnie française à l’Espace Malraux, scène nationale de Chambéry et de la Savoie, de 2008 à 2010, il est en 2009 l’artiste associé de la 63ème édition du Festival d’Avignon, où il propose le quatuor Le Sang des Promesses. Il est directeur artistique du Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa de 2007 à 2012. Depuis septembre 2011, il est artiste associé au Grand T – Nantes.
Spectacles

Sa carrière d’auteur et de metteur en scène s’amorce au sein du Théâtre Ô Parleur en portant au plateau ses propres textes : Partie de cache-cache entre deux Tchécoslovaques au début du siècle 1991, Journée de noces chez les Cromagnons 1994 et Willy Protagoras enfermé dans les toilettes 1998, puis Ce n’est pas la manière qu’on se l’imagine que Claude et Jacqueline se sont rencontrés coécrit avec Estelle Clareton 2000. C’est en 1997 qu’il effectue un virage en montant Littoral 1997 qu’il adapte et réalise au cinéma en 2005 ; expérience qu’il renouvelle avec Rêves 2000, puis Incendies 2003 qu’il recrée en russe au Théâtre Et Cetera de Moscou et Forêts 2006. En 2008, il écrit, met en scène et interprète Seuls. En 2009, il se consacre au quatuor Le Sang des Promesses, qui rassemble, en plus d’une nouvelle version de Littoral, les spectacles Incendies, Forêts et une création Ciels. Wajdi Mouawad propose en 2011 sa dernière création Temps.

Il écrit également un récit pour enfants Pacamambo, des entretiens dont celui avec André Brassard : Je suis le méchant !, ainsi que les romans Visage retrouvé et aujourd’hui Anima (qui a reçu en 2012 le grand prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres, le prix Phénix de la Littérature et le prix littéraire du deuxième roman de Laval)…

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