Transport par bus immobiles…

Par Roland Tell —

Quand le Martiniquais médite sur la liberté de voyager, de sa maison à son travail, par les bus qui mènent à Fort-de-France, à quelle longue patience, et à quelle folle obstination dans l’attente, il lui faut désormais consentir ! Une obscure réalité de retrait, voire de gréve, paralyse les chauffeurs, dans leur ingrat travail de fouille, à l’intérieur des bus immobiles. S’agit-il d’une vitre abimée ? Ne serait-ce pas là plutôt le volant, qui sert à orienter les roues, dont les mensurations leur paraissent destructrices ? Il pourrait y avoir une véritable lutte à le manœuvrer, à le contrôler donc, notamment par temps de pluie ! Pour des raisons évidentes, la conduite ne doit pas faire éclater ses limites, et surtout, surtout, il convient de n’exposer aucun passager à la loi de telles fatalités.

Et que dire des appareils de distribution des tickets de transport, venus d’Italie ? Ne seraient-ils pas destructeurs à l’intérieur, du fait même qu’ils viennent de loin, de l’étranger, par conséquent détachés de nous-mêmes, et ainsi mettre en conflit clients et contrôleurs ? Les évènements, auxquels se trouvent mêlés les chauffeurs de bus, les intrigues, les perspectives changeantes d’un patronat multiple, ne sont-ils pas autant de surplus, pénétrant l’activité « transport » ? Et, fin du fin, même un syndicat, venu du Sud, dont la soumission au parti majoritaire est connue, se met lui aussi à frapper fort, avec des intentions plus obscures. Alors, la clientèle se retrouve sans défense, à la merci de ce que Jésus, en ces temps de Noël, qualifie d’esprit du mal.

Alors quel recours, quel remède ? L’aveugle exclusivisme de la CTM va finir par s’affirmer comme toujours, de plus en plus, pour, soit-disant, ouvrir un chemin nouveau, pavé des dépouilles de l’impérialisme, qui a sévi naguère au Parc Naturel Régional, et dans les récents conflits syndicaux, relatifs à certains agents auxiliaires de la CTM. Donc, une politique « séparée », débordant tout ce qui existe à la Martinique, va désormais agir, dans six mois, dans un an, mais libre de toute influence, de toute collaboration, donc une politique dominatrice, solitaire, dictatoriale, selon une « conscience de parti unique », poursuivant des fins propres, répugnant, de plus en plus, à se subordonner, même pour le bien commun du peuple martiniquais.

ROLAND TELL