Taubira : « La gauche est traversée par un doute existentiel »

— Source AFP —

christiane_taubiraLa gauche est « traversée par un doute existentiel » et peut « se laisser imprégner par des idées qui ne relèvent pas de son corpus doctrinal, ni de son héritage ». Des propos de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, enregistrés en juin dans le cadre d’un entretien réalisé par France Culture en juin (avant le remaniement) et qui seront diffusés jeudi en kiosque dans la revue France culture Papier et sur l’antenne du 22 au 29 septembre, prennent une résonance toute particulière⋅

« Malheureusement la gauche contemporaine est traversée elle-même par un doute existentiel qui est presque ontologique au sens où elle ne s’interroge plus sur ses origines, sur ce qui a construit toute son histoire, sa trajectoire », constate Christiane Taubira. « Elle est dans un temps plus court, un temps présent, elle peut par capillarité se laisser imprégner par des idées qui ne relèvent ni de son corpus doctrinal, ni de son héritage, ni même de ses périodes d’interrogation sur elle-même », estime la ministre, pour qui la « gauche d’aujourd’hui a entre autres un problème de temporalité ». « Est-ce qu’elle ne vit qu’au quotidien, au rythme des réseaux sociaux, de l’information continue et donc d’une pensée qui n’est plus une pensée mais une répétition la plus sommaire possible, ou est-ce-qu’elle s’inscrit dans le long terme, se réinscrit dans sa trajectoire et renoue avec la pensée ? » s’interroge-t-elle. Pour Christiane Taubira, la gauche « sera perdue elle-même » si « elle ne retrouve pas le courage de s’interroger sur sa propre identité, son essence, son existence ».

« C’est lui le président »

Proche des anciens ministres contestataires Arnaud Montebourg, Benoît Hamon ou Cécile Duflot qui mettent en cause l’orientation sociale-libérale du gouvernement, la ministre, maintenue dans ses fonctions lors du dernier remaniement, a créé la surprise en rendant visite aux « frondeurs » du PS samedi aux universités d’été des socialistes à La Rochelle. Interrogée par France Culture sur ses rapports avec François Hollande, Christiane Taubira évoque « une communauté de pensée », « les mêmes ressorts, les mêmes motivations » et « le même sentiment à l’endroit de l’intérêt général ».

« Pour le reste, dit-elle, nous avons des nuances. » « J’ai un tempérament très vif, mais je ne m’engueule pas avec le président. Il a été élu, il a forcément le dernier mot. Je plaide, je plaide, je plaide beaucoup, je reviens à la charge (…) Quand j’ai bien développé et lorsqu’il a tranché, je réaffirme mes convictions, mais c’est son point de vue qui prévaudra. C’est lui, le président. »

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